samedi 27 juin 2009

This cannot exist !

La vidéo de l'opéra de chambre Hypermusic Prologue d'Hèctor Barra est déjà en ligne. J'aime bien la musique: elle use et abus des gratouillis bruitistes, sons électroniques et autre col legno mais le résultat est tout à fait convaincant et même réjouissant à entendre, surtout dans l'impeccable réalisation de l'Inter-contemporain.


Hypermusic Prologue - Hèctor Parra - EIC
envoyé par francemusique. - Regardez plus de clips, en HD !

Comme on pouvait s'y attendre, le livret hyper-intello signé Lisa Randall (brillante chercheuse en physique quantique par ailleurs) manque un peu de force dramatique, de ce qui fait le miel de tout bonne pièce théâtrale: du sexe, du sang, des traîtres bien vils et des héros bien gentils. Deux chanteurs, Charlotte Ellett et James Bobby devisent gravement de problèmes métaphysiques. Ils chantent avec partition ce qui peut se comprendre car ce genre de musique ne se mémorise pas comme un air de Puccini, mais du coup on a l'impression de voir l'oeuvre en version de concert, bien qu'il y ait une mise en scène. Par moments, la conversation s'anime un peu, lorsque le baryton s'écrie

  • This cannot exist !

Il ne parle pas de l'hyper-musique contemporaine, bien sûr, mais de l'existence du fameux boson W, sujet qui a depuis toujours suscité des conversations passionnées autour de la machine à café (la machine à café fréquentée par les thésards en physique théorique de l'université de Harvard, cela va de soi)

jeudi 25 juin 2009

Une flûte vieille comme le monde

C'est à Tübingen dans le sud de l'Allemagne, qu'on vient de trouver une flûte en os qui daterait de 35000 ans au moins. Cette respectable antiquité a peut-être appartenu à l'arrière-arrière-grand-père de Schikaneder, qui sait ? Les lecteurs de ce journal, qui sont tous très cultivés, savent bien qu'Emmanuel Schikaneder, un ami proche de Wolfgang Amadeus Mozart, fut non seulement le librettiste de La Flûte Enchantée mais aussi le premier interprète de Papageno, dont il a doublement créé le personnage (sur papier et sur scène). En un sens, Schikaneder est le premier, le seul, l'unique, le vrai Papageno, tous les autres ne pouvant être que des suiveurs ou des imposteurs, au mieux des barytons dotés d'un bel organe et d'un patronyme prédestiné comme L'Oiseleur des Lonchamps.

Au cas où un doute subsisterait, la preuve scientifique est faite que la musique, comme la peinture ou la danse, est aussi ancienne que l'humanité, et infiniment plus ancienne sans doute que l'agriculture ou l'écriture. Les avis sont partagés, dans la communauté scientifique, pour savoir si la musique apportait un avantage compétitif à l'homo sapiens (comparé à l'homo neanderthalis par exemple). Il est difficile d'apporter dans un sens ou dans l'autre des preuves aussi irréfutables qu'une flûte d'ivoire datant de l'âge de pierre pour trancher la question. Alors que Nicholas Conard (le paléontoloque qui a présenté la flûte à Tübingen) pense que la musique n'a probablement pas spécialement favorisé l'évolution de l'espèce humaine, je me rangerais plutôt derrière l'avis de Daniel Levitin, qui consacre un chapitre de son livre This is Your Brain On Music à la question. La portée universelle de la musique (on n'a jamais trouvé un peuple ou une culture dont la musique serait complètement absente), son rôle incoutournable dans la vie sociale et religieuse aussi bien que quotidienne, sa dimension sociale supérieure à celle de tous les autres arts, tout cela semble indiquer que sans la musique l'homo sapiens ne serait pas vraiment cette bête qui rêve d'être un ange, et qu'il n'aurait pas accédé à ces formes supérieures d'organisation sociale qui ont permis son incroyable succès en tant qu'espèce. Vivre sans la musique ? Sans la musique, nous ne serions même pas là pour poser la question.

lundi 22 juin 2009

L'Harmonie selon Schoenberg

Le traité d'harmonie d'Arnold Schoenberg a été récemment réédité dans la traduction française de Gérard Gubisch, Il y a quelques mois encore il fallait la lire dans la traduction anglaise de R. E. Carter (curieusement intitulée Theory of Harmony) ou encore en version originale, en allemand.

On a tendance à l'oublier, mais Schoenberg a écrit de la musique tonale quasiment toute sa vie, et s'est montré attaché à la forme et à la tradition plus que tout autre, en dépit de sa réputation méritée de dynamiteur de la musique post-romantique allemande. Ce traité d'harmonie, qui se veut au départ une méthode (Harmonielehre) est aussi l'occasion d'affirmer des conceptions très personnelles mais très stimulantes intellectuellement.

La conception de l'harmonie qu'il rejette vigoureusement est celle qui voudrait qu'il n'y ait qu'une seule harmonie, que celle-ci procéderait naturellement des propriétés physiques du son (comme la consonance) et d'une notion universelle et intangible du Beau. C'est un point de vue aujourd'hui encore très répandu chez les professeurs d'harmonie et de contrepoint, surtout chez les moins brillants, qui appliquent les « règles » de préparation de la 7e ou d'évitement des quintes parallèles sans jamais chercher à justifier ou à questionner leur origine. Ce que démontre Schoenberg avec force détails, c'est que l'harmonie telle qu'on l'a pratiquée de 1600 à 1900 environ en Europe comporte certes des éléments tirés de la consonance acoustique, mais d'autres qui sont purement conventionnels et relèvent de choix collectifs validés par la tradition mais que d'autres choix tout aussi valides et compatibles avec les lois de l'acoustique auraient été possibles. Ainsi il montre que les rencontre entre les partiels justifient que la résolution naturelle de la sixte-et-quarte (sol do mi) sur l'accord de dominante (sol si ré), mais que le traitement qui lui est réservé, le type de préparation et de résolution qu'on trouve dans les cadences traditionnelles qui ont fini par tourner au poncif (Debussy dénonçait « l'odieuse sixte-et-quarte ») sont purement conventionnels.

C'est avec un certain plaisir, après avoir pratiqué l'harmonie scolaire et évité les quintes parallèles comme un gamin ayant peur de se faire taper sur les doigts, ou au contraire enchaîné les accords parallèles avec le petit frisson de celui qui brave l'interdit, qu'on apprend que la règle des quintes parallèles n'a rien d'absolu; qu'elle n'a pas toujours existé; que son importance a évolué dans le temps; qu'elle a été ignorée par des compositeurs aujourd'hui placés parmi les plus grands; que si elle est tout à fait recommandable pour écrire un choral ou une fugue dans le style de Jean-Sébastien Bach, le même Jean-Sébastien Bach usait de cette « règle » comme des autres avec la plus grande liberté, en gardant l'oreille pour seul guide.

Parce qu'elle aide à prendre du recul, parce qu'elle explique sans jamais asséner de vérités toutes faites, parce qu'elle est pédagogique mais pas scolaire, cette Harmonie selon Schoenberg forme non un remplacement mais un salutaire complément à l'enseignement scolaire de l'harmonie. Quiconque a souffert sous la férule d'un professeur d'harmonie despotique, autoritaire et étroit d'esprit – et ils le sont tous, ou bien ils le deviennent – accueillera les explications du professeur Schoenberg avec une reconnaissance émue. Et se sentira plus libre d'apprécier aussi bien la musique tonale que celle qui cherche d'autres chemins.

(certains lecteurs auront remarqué que le titre de cet article est un clin d'oeil à l'Harmonie selon Lamartine)

dimanche 21 juin 2009

Les amours douces-amères d'Astrée et Céladon

Vu au théatre du Châtelet, la nouvelle production de Pastorale de Gérard Pesson dont le Journal de Papageno avait annoncé l'arrivée imminente sur nos écrans. Les créations d'Opéra sont si rares et présentent de telles difficultés matérielles et artistiques qu'il faut commencer par saluer chaleureusement le travail des deux cents artistes qui on contribué à cette production, avant même de détailler mes impressions. En guise de prologue, bravo à tous !

  • L'histoire: Astrée et Célandon jouent à je t'aime - moi non plus au milieu d'une troupe de jeunes gens qui évoquent furieusement les candidats de l'Île de la tentation ou du Loft.
  • Le décor: faux moutons, faux oiseaux, fausses plantes vertes. L'impression de fausseté fait partie du projet car il s'agit de montrer la désillusion permanente des jeunes amoureux. Des maquettes filmées et projetées sur plusieurs écrans. Un acolyte asperge une fougère avec un pschitt-pchitt et hop ! il pleut. Très efficace, pas toujours de très bon goût, parfois un peu surchargé.
  • La musique: S'il fallait la résumer d'un mot, ce serait sans doute légereté. L'orchestre est utilisé comme un réservoir d'instruments solistes (dont guitare, clavecin, harpe, cornemuse, flûte à bec pour le côté champêtre, et une abondante percussion). Une écriture très concise où le timbre joue un rôle essentiel. On ne s'étale pas, on ne s'appesantit pas, on ne cherche pas d'effet de masse. Les phrases confiées aux instruments solistes font rarement plus d'une note (ce qui indisposait un peu ma voisine, mais pas moi). Le tout sonne très bien, très contemporain sans la moindre trace d'agressivité. Quelques citations comme l'adagietto de la 5e de Malher qui passent furtivement. Les nuances (celles qu'on perçoit dans la salle au moins) explorent surtout l'espace qui sépare le piano du pianissimo, et le pianissimo du silence. Voilà une musique qui sait nous charmer furtivement mais pas nous emporter, nous faire peur ou nous arracher des larmes. Du reste elle n'essaye même pas.
  • L'écriture vocale: Les lignes vocales sont souples et agréables à l'oreille (ça n'est pas si fréquent dans l'opéra contemporain), les choeurs sont un peu moins convaincants, difficile de savoir à la première écoute si c'est à cause de l'écriture ou de l'interprétation.
  • Le livret: découpé en 42 scénettes dont on peine parfois à saisir l'enchaînement. Gérard Pesson a sous-traité le livret, par petits bouts, à Martin Kaltenecker pour les dialogues et à Philippe Beck pour les monologues. Le contraste entre la prose fluide de l'un et la poésie riche et lourde de sens de l'autre est assez frappant, mais il n'aide pas à donner un sentiment d'unité. Du reste, on n'a pas forcément besoin de beaucoup de mots pour faire une scène charmante, une seule syllabe peut suffire:
  • Les chanteurs: deux anciennes de la Star Ac' viennent pimenter la distribution et lui apporter un peu de fraîcheur (et moins de fausses notes qu'on aurait pu le craindre). Quelques beaux airs de Judith Gautier (Astrée, soprano) et Olivier Dumait (Céladon, ténor). Marc Labonette (Adamas) a un beau timbre mais c'est un rôle qu'on donnerait plutôt à une basse qu'à un baryton.
  • La danse: des danseurs se mêlent aux chanteurs (le chorégraphe n'est autre que Kamel Ouali, devenu célèbre grâce à la star ac). J'aime bien ce qu'ils font mais on a parfois l'impression que compositeur, vidéaste-metteur en scène et chorégraphe ont travaillé en parallèle plutôt qu'en équipe, chacun contribuant avec le meilleur de son talent, mais sans considérer le résultat final. Lorsque les bruits de pas et les cabrioles rapides des danseurs s'entendent plus que l'orchestre qui joue pianissimo et dans un tempo lent, une impression mélangée se dégage de ces messages contradictoires. Et parfois la danse, le chant, la vidéo, le texte envoient trop de messages simultanés pour qu'on puisse tout suivre avec un seul cerveau.
  • L'impression finale: les héros de l'opéra sont des jeunes gens qui tentent de réenchanter le réel sans grand succè, nous dit le livret. On a du plaisir et on sourit souvent en voyant cette Pastorale gentiment ironique, mais on ne connaît pas le grand frisson. La chute de Céladon est trop soudaine et rapide pour être dramatique, la colère d'Astrée ne nous fait pas réellement trembler. Tout cela est voulu, naturellement, c'est le jeu de cette Pastorale douce-amère où les décors ont l'air aussi faux que les sentiments. Mais cela peut expliquer l'enthousiame plutôt modéré du public, où beaucoup ont applaudi avec plus de politesse que de conviction.
A lire aussi: Maxime Kaprielian pour resmusica, Bladsurb qui adore, Zvezdo qui a plutôt aimé, Palpatine qui a courageusement pris la fuite à l'entracte.

Nuit(s) de la percussion à Grigny du 23 au 27 juin 2009

Cette année, la Nuit de la percussion de Grigny (dans l'Essone) devient Nuits car elle s'étalera sur cinq soirées. Au programme: du jazz, du contemporain, de la musique ancienne, de la musique traditionnelle de tous les continents, bref plus ou moins tout ce qu'on peut faire en tapant, en frottant, soufflant, en grattant cette multitude d'instruments qui sont souvent aussi fascinants à regarder qu'à entendre. Le programme détaillé est ici. Le 24 juin on pourra entendre des percussions avec tout un orchestre symphonique autour (l'Orchestre Moderne) dans un programme américain: Bernstein-Copeland-Williams-Elfman.

vendredi 19 juin 2009

HOME, ô Sapiens !

Vu par petit bouts et presque en entier, le film de Yann Arthus-Bertrand dont tout le monde parle, HOME (MAISON). Les images sont belles, spectaculaires même. Si on veut les voir sur grand écran, il faudra tout de même se cogner une heure et demi de YAB nous faisant la morale en voix off, mais tout se mérite.

Sur le plan du mérite, on saluera celui du milliardaire François Pinault (au centre de la photo) qui a signé un gros chèque afin d'offrir aux internautes la possibilité de voir ce film gratuitement en streaming sur internet, et pour pas très cher dans les salles obscures. Voilà au moins qui contribuera à rentre Yann Arthus-Bertrand populaire chez les jeunes internautes, dont certains défendent le téléchargement gratuit de musique ou de film comme un droit constitutionnel ou presque (voir les commentaires de Maître Eolas sur Hadopi 2 en préparation). On ne fera pas de commentaires sur le fait que le DVD n'est distribué que par la FNAC (propriété du même François Pinault) ce serait tout à fait déplacé. On ne spéculera pas davantage sur la quantité de de kérosène consommée pour faire le tour du monde et en ramener ces splendides images tournées, paraît-il, avec une caméra spéciale muni d'un stabilisateur gyroscopique au départ développé pour des usages miliataires (pauvre monde), et qui permet des plans aussi lisses qu'un travelling sur un rail bien qu'ils aient été shootés depuis un hélicoptère. Du grand art.

J'ai mis ce billet dans la catégorie Opéra car c'est une forme d'art total qui est recherché. Plus précisément, on est à mi-chemin entre le film purement esthétique comme Microcosmos ou Le peuple migrateur et le documentaire engagé à la Cousteau.

La musique d'Armand Amar, dont la publicité nous vante qu'elle est un personnage du drame à part entière, joue dans les faits davantage le rôle de fond sonore pour la voix du réalisateur. Dans un esprit syncrétique bien en phase avec le projet cinématographique, on y trouve des éléments de musique traditionnelle de tous les continents. Bien réalisée mais destinée à plaire au plus grand nombre et à ne jamais heurter l'oreille, je ne lui ai trouvé aucun charme particulier. Certains maniérismes comme la voix excessivement réverbérée (avec de la bonne grosse reverb ajoutée en studio), aux inflexions vaguement orientalisantes sont même plus agaçants qu'envoûtants. Mais comme le rappelle le compositeur, dans la musique de film on est soumis à beaucoup d'impératifs, dont en premier lieu celui de faire plaisir au réalisateur.

Sur le message enfin, celui d'Arthus-Bertrand n'est pas des plus clairs. Soucieux de prendre de la hauteur et de rester très consensuel, il évite les sujets qui fâchent (comme le nucléaire dont il ne dit mot) et reste dans le domaine des engagements non chiffrés et des généralités bienséantes qui ne sont d'ailleurs pas toutes compatibles entre elles. Faut-il par exemple augmenter l'aide au développement si c'est le développement qui cause le dérèglement climatique, l'épuisement des ressources naturelles et l'extinction de milliers d'espèces d'êtres vivants ? On peut craindre hélas que des choix difficiles et douloureux seront devant nous dans les décennies à venir et que la décroissance, si elle a lieu comme certains le prédisent, n'aura rien de très conviviale. Puissé-je me tromper et les optimistes comme l'auteur de HOME avoir raison quand à l'émergence d'une conscience mondiale des défis environnementaux !

A lire aussi: l'opportunisme vu du ciel par Iegor Gran, une petite note dissonante qui ne fait pas de mal dans le concert de louanges qui a salué la sortie du film. Ou encore ConsHome, petit Home d'Hervé Kempf (rien à voir avec Wilhelm, je préviens avant que David et Jean-Brieux se déchaînent) qui commente la phrase suivante de Pinault: "On ne peut pas consommer moins, il faut consommer différemment."

Mise à jour: on peut maintenant voir le fime HOME sur ioutioube.

jeudi 18 juin 2009

Débuter le violon à quarante ans ?

Un fidèle lecteur de de Journal m'écrit et me demande si c'est une bêtise de vouloir commencer le violon à 40 ans. La réponse est simple. Non ça n'est pas une bêtise du tout. Il faut faire ce qu'on aime. Et ça n'est pas moi qui à 33 ans suis passé à mi-temps pour faire de l'alto et de la composition qui vous dirai le contraire. Dans le pire des cas, en étant pessimiste et en supposant ça ne marche pas du tout et qu'on abandonne après quelques années, l'apprentissage du violon aura été un passe-temps comme un autre. Naturellement je dis cela en pensant à l'apprenti violoniste, pas à son entourage dont la digestion post-prendiale du dimanche peut être sévèrement perturbée par des gammes, arpèges et autres exercices de torture de l'oreille... des autres !

Il y a en France un mythe tenace qui veut que le violon réclame une discipline qui tient de l'ascèse et que si on n'a pas commencé à quatre ans et demi et vécu dans le rythme quasi monacal des classes à horaires aménagées quand on était gosse, on ne pourra jamais apprendre le violon. C'est un mythe. une pure idée reçue. Il y a des gens qui ont commencé le violon ou le violoncelle à l'âge adulte et jouent très bien. J'en connais quelques-uns personnellement, des pros et des amateurs.

L'isolement (et le découragement qui l'accompagne) est sans doute le pire danger qui guette l'apprenti violoniste. C'est pour cette raison que beaucoup de gens abandonnent le piano: ils en ont assez de jouer tout seuls et d'avoir l'impression ne pas faire de progrès. Pour cette raison on peut recommander à qui veut commencer le violon de suivre des cours en école de musique plutôt que des leçons privées, et de faire de la musique d'ensemble (par exemple en duo violon-guitare), du jazz ou de l'orchestre dès que possible. Également, dès que possible, il faut chercher des occasions de se produire devant le public, ce qui est la raison d'être du musicien.

Terminons en conseillant la lecture du livre "le violon intérieur" de Dominique Hoppenot. Son enseignement qui prenait en compte le corps dans sa totalité (et pas seulement les doigts) était assez révolutionnaire à l'époque, mais beaucoup de professeurs intègrent maintenant ces notions à leur enseignement.

mardi 16 juin 2009

Armande de Polignac: le Héron Blanc

Le compositeur du jour est une compositrice: Armande de Polignac (1876-1962). C'était une élève de Vincent d'Indy et la nièce de la célèbre Princesse de Polignac, célèbre mécène qui a soutenu Ravel, Stravinski, Milhaud et bien d'autres.

Pour sa biographie, je vous renvoie au livre Les compositrices en France au XIXe siècle de Florence Launay chez Fayard. Sa musique est quasiment introuvable dans le circuit commercial. Seules deux mélodies sont éditées chez Eschig (Rêverie et Soir au jardin). Aucun disque. Bref c'est la femme invisible, ou plutôt inaudible.

C'est donc une oeuvre rarissime que je vous propose de découvrir. Écoutons ensemble le Héron Blanc, paroles de Franz Toussaint d'après Li-Tai-Po (poète chinois du 8è siècle), tiré du recueil La flûte de jade, chanté par L'Oiseleur des Longchamps accompagné par Mary Siciliano, en concert le 27 mai 2009:

Ce grand flocon de neige était un héron,
qui vient de se poser sur le lac bleu.
Immobile á l'extrémité d'un banc de sable,
le héron blanc regarde l'Hiver.

Vous avez certainement entendu le subtil usage des dissonances dans cette pièce, ainsi que la façon dont L'Oiseleur des Longchamps pousse sa voix dans le pianissimo, aux limites de la rupture... certains critiques parlent de "prise de risque", je préfère le mot d'engagement, car il exprime bien le fait que les risques qui sont pris n'ont rien de gratuit mais sont au service de l'expression.

Il ne me reste qu'à remercier chaleureusement les artistes de m'avoir permis de découvrir Armande de Polignac d'abord et ensuite de publier cette pièce dans ce journal. J'ai entendu parler d'un projet de disque. Puisse les mânes capricieuses qui tissent les fils du destin en permettre la réalisation !

lundi 15 juin 2009

Concert du duo Duo Regnaud-Kaddour à l'ENS mercredi 17 juin 2009

Ce "concert-rôdage" aura lieu dans la salle des Actes de l'Ecole Normale Supérieure (45 rue d'Ulm), le mercredi 17 juin 2009 à 21h.

Programme (piano à quatre mains):
- Schubert: Variations en la bémol majeur
- Brahms: Danses hongroises
- Debussy: Prélude à l'après-midi d'un Faune (transcription de Ravel)
- Bizet: Jeux d'enfants
- Saint-Saëns: Carnaval des animaux (extraits)

Le même programme sera re-donné à Mainz (en Allemagne).

dimanche 14 juin 2009

Nicolas Bacri: sonata variata op 70 pour alto seul (2001)

Pour reprendre ma série de billets sur le répertoire pour alto seul au vingtième siècle, après Brice Pauset, voici une oeuvre qui d'ailleurs est à cheval sur le vingt-et-unième siècle car elle a été composée en 2000 et 2001. Il s'agit de la Sonata Variata op 70 de Nicolas Bacri pour alto seul. En trois mouvements (Preludio e Danza; Toccaca Rustica; Metamorphosi) elle comporte une unité formelle plus évidente que la Sonate de Ligeti (dont je reparlerai en détail) dans la mesure où l'on retrouve des éléments thématiques ou rythmiques communs dans ces trois mouvements. Comme suggéré par le titre, c'est la forme thème et variation qui explique donc le mieux la structure de l'oeuvre, aussi bien pour chaque mouvement que pour la sonate dans son ensemble.

Les musicologues auront sans doute bien du mal à qualifier le style de cette Sonate: post-néo-classique ? rétro-spectrale ? crypto-tonale ? laissons là ces considérations techniques et écoutons le début du Prélude:

Comme vous pouvez l'entendre, cette sonate, outre le fait d'être relativement jouable (comparée au très fascinant et grisant mais injouable Prologue de Grisey, ou encore à la Sequenza de Berio), offre à l'interprète de nombreuses occasions de s'exprimer en utilisant les ressources les plus nobles de l'instrument. Point de col legno, sul ponticello et autres bisbigliando dans cette pièce. Notez que je n'ai rien contre ses effets bruitistes et que je les utilise dans ma propre musique. C'est le choix de Nicolas Bacri de ne pas les utiliser, un choix qui se défend tout à fait. Si elle permet à l'alto de chanter, cette sonate utilise également le côté rugueux, grinçant voire comique de l'alto, comme ici dans la Toccata Rustica:

La noblesse naturelle du violon, la paisible gravité du violoncelle ne leur permettraient sans doute pas de rendre un tel passage avec un son qui se rapproche de celui de l'altiste forçant sur sa corde de do. On doit donc savoir gré à M. Bacri d'avoir pris en compte non seulement les possibilités techniques de l'instrument mais aussi sa fine et délicate psychologie qui se dissimule habilement sous une apparence rustique. Et aussi d'avoir écrit une sonate qui est un vrai plaisir à jouer et à travailler (à entendre c'est autre chose: c'est un peu spécial, il faut aimer l'alto, pour commencer ...)

Prochain billets à prévoir dans la même série; la Sonate de Ligeti et celle de Zimmerman, la Cadenza de Penderecki et bien d'autres encore

samedi 13 juin 2009

Le petit Nicolas et les pirates

Trouvé sur Framablog, une très réjouissante parodie du Petit Nicolas qui traite du piratage de la musique (et des verrous anti-copie également appelés DRM). Sur le même blog, un peu plus ancien, on trouve une traduction du fameux Is Google Making Us Stupid ? publié par Nicholas Carr il y a un an déjà. Un article assez long qui traite de notre incapacité à lire ... des livres ou des articles assez longs depuis que nous utilisons Internet quotidiennement.

vendredi 12 juin 2009

Boileau, auteur de plagiat par anticipation

Voilà une chose sans doute que j'aurais du faire plus tôt: une petite recherche sur Internet pour Sombres Pensées, le titre que j'avais donné à une pièce pour violoncelle seul écrite cette année. Il y a même un group de heavy metal qui s'appelle Sombre pensée (au singulier). Une belle photo sur flickr, plusieurs poèmes,  quelques blogs et un grand nombre d'articles portent ce titre, mais le plus significatif est de loin ce poème de Boileau qui constitue un exemple flagrant de ce que les oulipiens appellent un plagiat par anticipation. Je vous laisse admirer la perfection toute classique de ce poème qui contient le vers peut-être le plus célèbre de Boileau (ce qui se conçoit bien...):


Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre ou le tour vicieux :
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.


(Boileau, Art poétique, Il est de certain esprits)

En guise de représailles, je pourrais toujours chiper les trois permiers vers pour les placer en exergue de la partition. Non mais !

Hadopi: il est interdit d'interdire

La nouvelle a déjà été commentée par de nombreux journaux et bloggueurs. Certains crient victoire (les internautes favorables à une licence globale dont j'ai déjà dit tout le mal que j'en pensais), d'autres sont atterrés (les artistes, les maison de disques et plus encore les producteurs de cinéma et de jeux vidéos).

Le Conseil Constitutionnel, saisi par les députés verts et PS, a validé certaines dispositions de la loi Hadopi et censuré d'autres. Je vous invite à lire la décision complète sur son site Internet. Il a notamment maintenu le principe selon lequel le titulaire de l'abonnement est responsable de la surveillance de sa connexion afin de s'assurer qu'elle n'est pas utilisée en violation du droit d'auteur. Mais il a invalidé la suspension d'abonnement à Internet pour les pirates, pour trois raisons:

  • la sanction est disproportionnée
  • Internet joue un rôle capital dans la liberté d'expression et de communication, la vie démocratique et la vie quotidienne
  • la coupure d'accès à Internet ne peut être prononcée que par un juge, pas par une autorité administrative (sur ce point-là la décision du Conseil est conforme au vote des députés européens).
On peut en conclure soit que Jacques Chirac et Jean-Louis Debré lisent le journal de Papageno (où j'avais exprimé mon hostilité à la coupure d'accès tout en étant favorable à d'éventuelles sanctions comme des amendes pour lutter contre le piratage), soit qu'ils ne sont pas complètement fâchés de faire un petit croche-patte à l'actuelle majorité présidentielle.

Que  va-t-il se passer maintenant ? Si l'on observe ce qui se passe ailleurs, aux États-Unis ou en Europe, voici ce qu'on peut raisonnablement prédire: les majors vont continuer de mourir, l'Hadopi verra sans doute le jour, avec un arsenal répressif plus réduit comprenant vraisemblablement des amendes, le piratage va baisser mais pas cesser, les artistes vont continuer à se faire exploiter par ceux qui vendent le produit de leur travail, les industries du jeu vidéo et du cinéma devront innover pour survivre (elles ont déjà commencé avec la 3D ou les plate-formes de téléchargement comme Steam). A moins bien sûr que crise climatique et crise économique ne se conjuguent pour plonger l'humanité dans un long déclin, auquel cas le droit d'auteur, tout comme le saxophone ou la forme sonate, ne subsisteront que comme vestiges d'une civilisation excessivement brillante et créative mais pour finir victime de ses propres excès.

Le sujet du piratage et le feuilleton législatif Hadopi commençant à me lasser, je consacrerai les prochains billets de catégorie Musique en Ligne aux meilleurs sites de musique en ligne, avec un premier article sur les sites de streaming et un autre sur les sites qui vendent des albums à l'unité. N'hésitez pas, chers lecteurs, à me communiquer le nom de vos sites préférés, et les raisons de votre amour pour eux, afin de compléter ma petite enquête.

dimanche 7 juin 2009

Le résultat du vote

En exclusivité sur le journal de Papageno, voici le résultat du vote. Non, je ne parle pas du scrutin pour élire des députés européens dont apparemment personne n'a rien à faire, mais du seul vote qui comptait vraiment aujourd'hui: celui du jury du diplôme de composition de l'Ecole Normale de Musique. Courant sous les couleurs du coach Michel Merlet (gilet sériel, bottes modales, casaque tonale) j'ai présenté trois pièces au jury:

  • Petites Fanfares Célestes, pour ensemble de cuivres, jouées par KABrass sous la direction de l'excellent Xavier Saumon,
  • Sombres Pensées, pour violoncelle seul, jouées par le non moins excellent Benoît Stroh
  • deux des Poèmes d'après Yourcenar, pour clarinette alto et piano, jouées par les excellents Mathieu Prévot et Aurélia Céroni, et moi-même.
Il me faut ici remercier les interprètes pour leur travail bien sûr mais aussi pour leur enthousiame et leur soutien chaleureux qui a énormément compté pour moi, depuis le projet ("Patrick, tu ne voudrais pas écrire quelque chose pour KABrass" ou "Benoît, si j'écrivais un truc moderne imb****able pour violoncelle, tu le jouerais ?"), les premières esquisses, la rédaction, jusqu'aux les répétitions, révisions de détail, concerts et séances d'enregistrement.

Je vous propose d'écouter le premier des Poèmes, capté sur le vif cet après-midi. La partition porte deux vers de Marguerite Yourcenar, tirés des Charités d'Alcippe, en exergue:

Goutte à goutte épanché sur l'obscur auditoire,
Le son du violon roule encor comme un pleur.



Le verdict: reçu à l'unanimité pour le diplôme de composition. Bien sûr ça fait plus propre sur un C.V. que "recalé deux fois de suite", mais il convient de relativiser un résultat qui de l'aveu même des professeurs est des plus difficiles à prévoir, et réserve chaque année des surprises, bonnes ou mauvaises. Même sans remettre en cause le sérieux et la compétence des membres du jury (et celle de MM Louvier, Margoni et Mansart n'est plus à prouver), la diversité des esthétiques, la variété des techniques, la subjectivité de la perception de ce qui est beau, surtout lorsque c'est un compositeur qui écoute un autre compositeur, font qu'il reste toujours une part d'arbitraire dans les résultats. Comme pour les prix littéraires, la liste des reçus et des exclus laisse parfois un peu rêveur... Du reste tout cela ne date pas d'hier.

C'est donc un simple panneau sur le bord de la route: il est vert, il aurait pu être rouge, la route continue. Ce qui compte est bien le chemin parcouru, et bien plus encore celui qui reste à parcourir et toutes les rencontres qu'on peut faire en chemin. Si mes pensées (qui n'ont rien de sombre aujourd'hui) vont tout d'abord à mon professeur Michel Merlet qui m'a tout appris et bien plus, je ne peux terminer ce billet avant d'avoir salué amicalement mes collègues apprentis compositeurs de l'ENM, de qui j'ai beaucoup appris également, et de leur souhaiter tous le bonheur qu'ils et elles méritent dans le très difficile et très ingrat métier de compositeur.

vendredi 5 juin 2009

Brahms, Rossini et Mel Bonis par Ut Cinquième

Pour sa prochaine série de concerts en juin 2009, l'orchestre Ut Cinquième, sous la direction de Xavier Saumon, propose deux classiques (l'ouverture de Guillaume Tell et la deuxième de Brahms) et une rareté: une valse espanole de Mel Bonis, compositrice française (1858-1937). Ceux qui n'ont jamais entendu parler de Mel Bonis peuvent notamment découvrir des extraits de disques en streaming sur musicme. Ce que j'ai écouté regardait vers le 19e siècle romantique plus que vers le 20e siècle aventureux mais c'est fort bien écrit, avec les harmonies raffinées et le  sens du détail qui caractérisent la musique française, surtout à cette époque. La sonate pour violoncelle et piano notamment constitue un ajout plus que bienvenu à un répertoire qui n'est pas pléthorique (surtout si on se limite au romantisme allemand, ce qui est bien trop souvent le cas). Bref, je ne suis pas le mieux qualifié pour parler de cette musique, mais je me suis laissé dire que Xavier Saumon, qui dirigera Ut Cinquième pour ses concerts, est en train d'écrire quelque chose comme une thèse de doctorat consacré à Mel Bonis, et on ne peut pas douter qu'il donnera une interprétation aussi inspirée que réfléchie, et qu'il emmènera l'orchestre sur les mêmes somments qu'en mars 2008, lors d'un mythique programme Schumann-Bruckner dont on peut écouter une partie sur le site d'Ut Cinquième. Ce programme Brahms-Rossini-Bonis sera donné les 25, 27 et 28 juin à Paris (voir ci-dessous) mais aussi le 5 juillet au théâtre de Ménilmontant dans le cadre d'un festival.

Trève de bavardages: venez nombreux !

mercredi 3 juin 2009

Dialogues de l'Esprit

Dialogues de l'Esprit est le nom du troisième tableau de mes Petites Fanfares célestes, qui portent comme sous-titre: Messiaen au paradis. Ces fanfares sont composées de cinq tableaux:
  1. Fanfare d'accueil des anges. Facétieux et un peu maladroits, les anges s'efforcent d'intégrer les modes de Messiaen et les rythmes non rétrogradable à leur langage musical, qui est plutôt tonal au départ.
  2. Discours de Saint Pierre. Solennel, imposant, mais pas dépourvu de tendresse.
  3. Dialogues de l'Esprit.
  4. l'Enfant Jésus dans sa Gloire. Une berceuse mystique en forme de choral à 10 voix.
  5. A la droite du Père. Dans ce finale très enlevé, on peut entendre des cloches, des rythmes de rumba, un choral sur l'accord divin qui contient toutes les notes de la gamme, et tous les thèmes des mouvements précédents qui réapparaissent et se superposent dans une joyeuse bousculade.

Je vous propose d'écouter un extrait de ce troisième tableau, interprété par KABrass sous la direction de Xavier Saumon (prise de son Guillaume Vidal):

Le nom d'un musicien célèbre est caché dans cette pièce. Saurez-vous le reconnaître à l'oreille ? Des places gratuites pour le concert du 13 juin sont à gagner.

mardi 2 juin 2009

L'Opéra de Rennes projette son Don Giovanni au cinéma

L'Opéra de Rennes va re-diffuser en direct sa production de Don Giovanni ce soir sur un écran géant à proximité du théâtre, mais également à Best et Paris dans des cinémas. Le dossier de presse vante une première technologique, mais les lecteurs de ce journal savent bien que la Scala de Milan et le Met de New York ont déjà tenté l'expérience.

L'intérêt de l'opération est évident pour une maison d'Opéra. Il s'agit de toucher un public plus large, de faire baisser le prix moyen des places, ou si l'on veut de permettre à un plus grand nombre de contribuables de profiter du mécénat artistique que l'État pratique en leur nom. Mais l'intérêt pour les spectateurs est grand: on n'est pas toujours assez riche ou motivé ou disponible pour prendre le TGV et aller à Lyon, Rennes ou Bruxelles écouter un spectacle d'opéra. Par ailleurs les salles de cinéma, avec un grand écran et un son plus que correct, si les ingénieurs du son font bien leur travail, offrent une expérience infiniment supérieure à celle d'une vidéo diffusée sur internet avec une image grossièrement pixellisée et un son horriblement compressé. En l'occurrence, les spectateurs auront droit à une image en 3D et un son spatialisé High Order Ambisonics (sic). Et même ceux qui habitent au fin fond de la creuse, pour peu qu'ils soient équipés d'une parabole, pourront suivre le spectacle sur la chaîne Mezzo. On ne saurait trop s'étonner que ce type d'initiative ambitieuse et audacieuse ne soit pas le fait de l'Opéra de Paris: déjà en 1902 Debussy fustigeait le conservatisme affligeant de cette prestigieuse institution...

Il ne reste plus qu'à céder à cette voix séductrice qui nous glisse dans le creux de l'oreille: la ci darem la mano... puis à attendre le deuxième acte pour crier Viva la liberta ! en choeur comme le faisaient les spectateurs lors de la première à Prague.

lundi 1 juin 2009

Dégât des eaux

Toute une pile de mes disques préférés ont été victimes d'un terrible accident domestique et trempés jusqu'à l'os. Il a fallu les ouvrir un par un pour faire séchér les jaquettes avec des pinces à linge... pour désagréable et comique qu'il soit, cet incident prouve néanmoins la supériorité du disque sur la musique dématérialisée, car il est probable qu'un disque dur d'ordinateur aspergé par la même quantité d'eau serait totalement mort. Hilary, Karol, Ludwig, Hélène, Brice et les autres, pardon pou la douche forcée !

L'Oiseleur des Lonchamps chante "La Captive" de Berlioz

Voici comme promis un extrait du concert Jacques de La Presle du 27 mai dernier (d'autres suivront peut-être). Il s'agit de La Captive, paroles de Victor Hugo, musique de Hector Berlioz, avec L'Oiseleur des Lonchamps (baryton) Mary Siciliano (piano) et Nadine Deleury (violoncelle).

samedi 30 mai 2009

Vous avez dit romantique ?

Peut-on écrire un concerto pour piano qui ne ressemble pas à un machin post-romantique dans le style de Rachmaninoff ? Le genre du concerto pour piano et l'instrument (le piano à queue de concert) sont-ils irrémédiablement lié au style romantique ?

A écouter le concerto de Karol Beffa, on pourrait se poser la question:

En écoutant celui de Pekka-Salonen, on aurait envie de répondre par la négative, même si le doute subsiste par instants:

Notons d'ailleurs que cette musique que certains considéreront avec mépris comme néo-tonale est fortement attaquée et vilipendée comme "atonale" par certains commentateurs sur YouTube. Il est vraiment devenu si difficile pour un compositeur de contenter le public ou la critique aujourd'hui qu'il vaut mieux y renoncer complètement par avance..

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