Pastorale de Pesson bientôt au Châtelet
Par Patrick Loiseleur le samedi 30 mai 2009, 22:36 - Opéra - Lien permanent
Les créations à l'Opéra sont suffisamment rares à Paris (et ailleurs dans le monde) pour qu'on les salue comme il se doit. Le théâtre du Châtelet et le festival Agora proposeront bientôt (du 18 au 26 juin 2009) Pastorale, de Gérard Pesson, sur un livret de Martin Kaltenecker, Philippe Beck et Gérard Pesson tiré du roman L'Astrée (1607-1627) d'Honoré d'Urfé. Jean-Yves Ossonce tiendra la baguette et Pierrick Sorin met en scène. Apparemment c'est l’Opéra de Stuttgart qui a commandé cette oeuvre, mais elle n'a créé en 2006 qu'en version de concert (ils sont fous, ces allemands).
Gérard Pesson, qui est maintenant professeur au Conservatoire de Paris, est pour faire vite un adepte de la dé-construction en musique. Comme l'écrit Martin Katlenecker sur le site de l'IRCAM:
Pesson a marqué une distance par rapport à une musique post-moderne qui voudrait simplement restaurer l’ordre tonal, mais aussi par rapport au courants post-sériel et spectral, quand ceux-ci se rencontraient dans une sorte de fascination pour une musique brillante, immédiatement efficace. Pesson restait dubitatif devant ce qu’il appellera la « maîtrise instrumentale », la « santé et la biensonnance », la « musique étincelante, heureuse » ou encore l’ « efficacité » de certains français contemporains.
Un ami décrivait ce style de musique comme étant l'équivalent de la cuisine moléculaire en gastronomie: autrement dit, du boeuf-carottes sans boeuf et sans carottes. Mais il ne faut pas juger les compositeurs sur les choix esthétiques (et ce d'autant plus qu'on a fait des choix esthétiques différents), et encore moins sur le bla-bla des experts, des connaisseurs, des musicologues ou de l'auteur de ce Journal. Il faut juger la musique avec les oreilles, et c'est pourquoi je vous engage à prendre des places pour vous faire un avis pas vous-mêmes. Et si jamais par malheur vous trouvez la musique aussi moche que l'affiche (qui est fort laide, il faut bien le reconnaître), on pourra toujours vous répondre: La musique doit-elle être belle ? question qui pourrait faire un bon sujet pour le Concours Général de philo et qui offre une très bonne chute à ce billet.
Commentaires
Bonjour Patrick !
Pas sûr que Gérard Pesson soit le mieux taillé pour l'opéra en effet. Ce qui est étonnant, c'est qu'en dépit ses discours, ça musique sonne très bien, est immédiatement efficace, joueuse, divertissante même. On est loin de la laideur en tout cas, à mon avis.
Ce qui m'effraie en revanche, c'est le sujet. Comme je n'imagine pas qu'on veuille essayer d'adapter fidèlement ce type d'oeuvre aujourd'hui, même chez les plus néo-, qui s'en tiendraient à un romantisme bon teint du type 'Dernier jour d'un condamné' (oui, ça s'est vu, je sais), il y a fort à parier qu'on nous serve pour la 8.944.903.849,7e fois un machin du soupçon, très amusant sans doute, mais qui peinera à fonctionner sur scène.
La version de concert était peut-être une bonne idée...
Le théâtre du Châtelet a publié une sorte de making off (dont la musique de Pesson sert de fond sonore, ce qui est un comble):
D'après le metteur en scène, les chanteurs seront baignés dans les images, dont certaines produites par deux cameramen et retraitées en direct.
Également sur Youtube, un quatuor avec piano fort bien joué mais dont les suraigus stridents peuvent agacer au bout d'un moment:
http://www.youtube.com/watch?v=QAaR...
@DavidLeMarrec
A mon avis, regarder l'affiche de la Pastorale de Pesson (j'ai d'abord cru à un Pesson d'avril, mais on est déjà en mai) demande sans doute bien plus de courage que d'écouter l'intégrale des sonates de Schubert interprétée par Wilhelm Kempff. Je crois d'ailleurs que des mineurs fragiles peuvent nous lire. Laisser une telle image sur la toile est une chose bien peu raisonnable. ;-)
Oui l'affiche est vraiment affreuse et c'est pourquoi il faut insister: le spectacle, qui est fait par des gens très bien sous tous les rapports, mérite certainement d'être sinon vu du moins entendu.
@ Jean-Brieux
C'est petit, ça, je m'en souviendrai. :-)
Le grand avantage avec Kempff, et j'en conviens tout à fait, c'est qu'en passant l'aspirateur, l'ennui devient plus relatif. Ce qui est plus difficile à réaliser dans une salle de concert.
« l’affiche est vraiment affreuse »
On la doit vraisemblablement à Sorin :
http://www.pierricksorin.com/video/...
Son travail est principalement fait de jeu d'écrans semi transparents et miroirs sans tain que l’on peut trouver gadget... :-\
Ajouter à cela que le chorégraphe n’est autre que le Kamel Ouali de la Star Ac’.
Sur ce coup, on peut peut-être se contenter du CD…
David: La prochaine fois que je passerai l'aspirateur dans une salle de concert, je suivrai votre conseil et j'écouterai Kempff sur mon aille-pode !
@DavidLeMarrec
C'est bien pour cela que j'ai préféré l'intégrale. Avez-vous déjà essayé de faire la vaisselle en écoutant du Schubert ?
Allez savoir pourquoi, depuis que j'ai essayé de mettre Kempff pendant ma vaisselle, je mange dans un service en carton.
bon appétit ! et paix à l'âme de ce bon Monsieur Kempff
R.I.P. la vaisselle de David.