Hommage à Jacques de la Presle (27 mai 2009)
Par Patrick Loiseleur le jeudi 28 mai 2009, 20:10 - Concerts - Lien permanent
Entendu hier, un concert voix violoncelle piano au temple de l'Etoile à Paris, avec l'excellent L'Oiseleur des Longchamps (baryton), dans un programme on ne peut plus rare car il permettait d'entendre des mélodies de Jacques de La Presle, qui sont encore plus rarement données que celles de Gabriel Dupont (dont pourtant les Carnets sur Sol font une publicité éhontée), mais aussi d'autres pièces rares de Pierre de Bréville, Armande de Polignac, Pierre Thilloy, Théodore de Lajarte, Antony Choudens. Sans compter d'illustres inconnus comme Hector Berlioz ou Georges Bizet
Je vous renvoie au billet de Simon Corley sur ConcertoNet pour une présentation plus exhaustive. L'enthousiasme modéré du critique peut hélas s'expliquer sans peine par la qualité dramatique de l'acoustique du temple de l'Etoile, qui noyait le piano et faisait disparaître le violoncelle dans un brouillard de résonance dont l'épaisseur n'avait d'égal que la dureté des bancs. Par une sorte de miracle dont seule la diction parfaite de L'Oiseleur des Longchamps est capable, on percevait très bien toutes les paroles.
Ayant enregistré le concert, j'ai été surpris par la grande différence entre ce qu'on entend sur la bande: le son du violoncelle est chaud et timbré, l'équilibre entre les trois musiciens est parfait, et ce que j'ai entendu hier au soir, étant placé seulement à 6 ou 7 mètres des musiciens: tout était brouillé, cotonneux, on devinait plus qu'on entendait le violoncelle. C'est un triste constat que j'ai pu faire lors de nombreux concerts avec Ut Cinquième: une salle de concert est un instrument de musique, et la qualité du concert dépend de manière cruciale de la qualité de cet instrument. Et les églises parisiennes, quelles que soient leurs qualités architecturales, sont pour la plupart d'entre elles de très pauvres instruments de musique. Que n'a-t'on pu entendre les mêmes interprètes dans le même programme salle Gaveau ou encore à l'auditorium du Louvre ! Nous aurions pu mieux goûter les nuances de ces mélodies françaises dont l'émotion tient souvent à des détails impalpables, et la grande qualité des interprètes.
Compte tenu de ce handicap, il faut reconnaître un certain mérite au public qui est venu nombreux, a écouté de manière très attentive, sans interrompre les pièces d'un cycle, et pour finir a énergiquement réclamé deux bis, dont la Habenara de Carmen, plutôt inhabituelle mais très réjouissante dans un arrangement baryton-violoncelle-piano.
Il faut aussi, last but not least, saluer la redécouverte des mélodies de La Presle, qui ont leur place dans le répertoire à côté de celles de Fauré, Ravel, Debussy mais aussi Honegger, Widor, Dupont, Hahn, et tant d'autres. Et souhaiter que le projet de les graver au disque se concrétise.
Commentaires
Et... ladite captation est-elle destinée à diffusion ?
C'est en discussion, mais il y aura au moins un petit extrait dans ce Journal. La mélodie d'Armande de Polignac mérite vraiment un coup d'oreille, et La Captive comme l'Habenara de Carmen étaient très réussies.
Bon, bon, on attend (et mon courriel est entré, hein, il ne faut pas hésiter).
OUI, oui, qu'on entende la Polignac !
Bonjour Papageno,
Je suis bien d'accord avec vous ce concert était d'une très grande qualité tant au niveau des compositeurs que des interprêtes. En revanche étonnement il ne me semblait pas que l'acoustique était si mauvaise, bien au contraire j'étais à l'avant dernier rang et étais très surprise de tout entendre si distinctement y compris les paroles grace à l'articulation remarquable de l'Oiseleur, comme vous l'avez noté. Peut-être que dans ces lieux où la parole était destinée à tous de manière équitable était-il préférable de n'être pas dans les premiers rangs? Les derniers seront les premiers...
Bravo pour cette captation car je pense que la musique de Jacques de la Presle mérite d'être diffusée encore et encore.
chère papagena (?),
Peut-être suis-je un peu trop habitué à l'acoustique très sèche et analytique des studios et des conservatoires... j'ai joué dans les églises et les temples parisiens de nombreuses fois (St Marcel, Oratoire du Louvre, St Jacques, St Merri), et je suis très reconnaissant envers les prêtres et pasteurs qui ouvrent leurs portes au musiciens. Mais je pense tout de même que le même programme donné à la cité de la musique, à l'auditorium du musée du Louvre ou encore salle Cortot aurait donné aux auditeurs un plaisir bien supérieur en profitant davantage des subtilités typiquement françaises de cette musique.
Bel hommage en effet que celui à Jacques de La Presle. Un compositeur qui méritait d'être redécouvert. Il a sa place tout comme Fauré.
J'étais placé à mi-nef (vous étiez en vert ?). Le son était malheureusement confus, mais les paroles étaient parfaitement compréhensibles.
La pièce vocale d'Armande de Polignac était en effet bien belle mais m'a laissé sur ma faim - trop elliptique. Avant d'écouter le reste du corpus, j'aurais surtout envie de réécouter celle entendue au Temple.
A noter aussi, qui sortait du brouillard épais de notes, la Pièce de Concert pour violoncelle et piano, qui m'a paru plus intéressante que les deux autres de la même formation.
Bravo aux artistes.