Bach: Chaconne en Ré mineur pour Trio a Cordes
Par Patrick Loiseleur le mercredi 13 décembre 2017, 17:09 - Arrangements - Lien permanent
La célèbre Chaconne pour violon seul de Jean-Sébastien Bach (BWV 1004 pour les intimes) a fasciné non seulement des générations de violonistes, mais aussi des compositeurs qui l'ont manifesté en arrangeant cette pièce pour piano main gauche (Johannes Brahms), piano à deux mains (Feruccio Busoni), quatuor d'altos (I. Nodaira) et orchestre symphonique (L. Stokowsky). Il y a quelques années j'ai entrepris une nouvelle traduction de ce texte intemporel pour trio à cordes, c'est à dire pour Violon, Alto et Violoncelle.
Il faut noter tout d'abord que le grand Jean-Sébastien a lui-même réalisé un grand nombre d'arrangements de ses propres oeuvres. Une sonate pour deux flûtes et continuo devient un duo pour viole de gambe et clavecin; un prélude en Mi majeur pour violon seul devient un pièce virtuose pour orgue et cordes en ré majeur (intégré à l'une des cantates), et ainsi de suite. Ces arrangements ne sont pas de simples aménagements, il peuvent aller jusqu'à une ré-écriture quasi complète de la partition.
Du côté des autres musiciens, Brahms est resté extrêmement fidèle au texte pour violon seul, se contentant de la transposer une octave au-dessous et de la confier à la main gauche du pianiste (qui a fort à faire avec certains accords arpégés). Busoni a été plus créatif ou audacieux, ajoutant même 8 mesures de son cru à la série de variations de la Chaconne. Et Nodaira a réalisé deux versions pour quatre altos de cette chaconne (transposée en sol mineur): une relativement sage, proche de l'original et une autre plus libre.
Dans cette version pour Trio à Cordes, j'ai fait le choix de garder quasiment intacte la partie de violon, qui devient la partie supérieure d'une texture polyphonique plus riche. Ainsi les harmonies qui sont suggérées sont plus complètement développés. Des canons, imitations, mouvements contraires répondent à la partie de violon, lui font écho, la soutiennent et la complètent.
La transcription musicale est un peu comparable à la traduction de la poésie: seul un véritable poète est à même d'en produire une qui sonnera comme si elle avait été écrite dès l'origine dans la langue cible. A l'image de l'incroyable traduction intégrale par Stefan George des Fleurs du mal de Baudelaire.
Ai-je réussi mon pari ? Est-ce qu'on peut écouter cette oeuvre comme si elle avait toujours été écrite à trois voix ? A vous d'en juger, chères lectrices. En attendant d'avoir un extrait audio ou vidéo à vous présenter, la partition est maintenant disponible sur le site Tamino Productions.