lundi 27 avril 2009

Nouveau disque Karol Beffa chez Triton

Une monographie consacrée à Karol Beffa vient de sortir chez Triton. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le style de ce compositeur est assez proche de celui de Thierry Escaich, de 10 ans son aîné. Une filiation qu'il revendique d'ailleurs. On trouve sur ce disque des oeuvres inédites, comme un trio pour violon, alto et piano intitulé Les ombres qui passent, ainsi  qu'une pièce pour piano à quatre mains. D'autres sont déjà disponibles en disque, comme les duos Masques pour violon et violoncelle enregistrés par les frères Capuçon. La durée de Manhattan pour alto et piano semble correspondre à celle de Metropolis déjà enregistrée par le duo Thorette et Farjot. Est-ce la même pièce, une version remaniée, une nouvelle pièce ? Vous le saurez lorsque j'aurai reçu et écouté le disque.

Si l'on veut rire un coup, on peut lire la critique d'Arnaud Drillon sur le site de France 2 qui se prend légèrement les pieds dans le tapis en filant une métaphore pas vraiment heureuse:

Comme une exception dans le petit monde de la musique contemporaine, Karol Beffa jette un pont improbable entre deux rives : d'un côté, le lourd héritage de Bach, Ravel, Bartòk ou Ligeti, de l'autre, une musique nouvelle, à construire. Sous le pont coule une rivière, furieuse – la musique dodécaphonique, et ses avatars. D'un pas allant, Beffa franchit le pont, fier et déterminé. Souvent, il se retourne, mais jamais il ne regarde en bas. De toute façon, l'eau ne l'atteint pas. Il est déjà passé à autre chose.

On a déjà vu hommage moins maladroit. Mettre un boute-en-train comme Ligeti par exemple du côté du lourd héritage ça ne manque pas de sel. Quant à la rivière furieuse, qui inclut-elle exactement ?

Fort heureusement, une fois que le bavardage des critiques (et des bloggeurs comme moi) s'est tu, il nous reste la musique, et celle de Karol Beffa a beaucoup de qualités et se défend très bien toute seule. Et l'on peut s'attendre à ce qu'elle soit très bien défendue par Thorette, Farjot et leurs amis, des interprètes on ne peut plus recommandables. A bientôt donc pour un compte-rendu d'écoute.

samedi 25 avril 2009

Plus vrai que nature

vendredi 24 avril 2009

L'Oiseleur des Lonchamps chante les prénoms féminins au château de Grignan le 26 avril 2009

Le baryton L'Oiseleur des Lonchamps, accompagné par Mary Olivon au piano, propose un récital original: chaque mélodie, de Adèle à Zulma, a pour titre un prénom féminin. Ce récital sera donné le dimanche 26 avril 2009 au château de Grignan à 17 heures.

Outre le fait que la Drôme provençale est excessivement agréable en cette saison, ce récital est on ne peut plus recommandable par la qualité et l'engagement des interprètes, que j'ai eu l'occasion de vérifier de nombreuses fois, mais aussi par un énorme travail de recherche sur le répertoire qui permettra d'entendre des mélodies françaises rarissimes d'auteurs peu connus mais fort intéressants comme Charles-Marie Widor ou Cécile Chaminade.

Le programme précise enfin que Jean-Sébastien Bach, à qui le Château de Grignan consacre sa saison de concerts mars-avril 2009, ne sera pas oublié.

dimanche 19 avril 2009

L'Enfant Jésus dans sa Gloire

Est-ce qu'on va jouer du Loiseleur cette année ? C'est la question que m'ont posé certains musiciens de l'orchestre Ut Cinquième au début du stage d'orchestre. L'an dernier nous avions joué un arrangement de Debussy (la fille aux cheveux de lin), et en 2007 ma toute première pièce pour orchestre, simplement intitulée Adagio.

l'Enfant Jésus
(détail d'une peinture de Fra Angelico)

Cette année, n'ayant pas de pièce pour orchestre symphonique toute prête, j'ai ré-orchestré une de mes Petites Fanfares Célestes (écrites pour un ensemble de trompettes et trombones) pour un orchestre avec bois par deux, c'est à dire deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, et le quintette à cordes habituel. C'est un choral d'une facture assez simple, basé sur des harmonies tonales, même si en tendant l'oreille, vous entendrez des accords à 5 ou 6 sons qui ne sont pas vraiment répertoriés dans les manuels d'harmonie scolaires et font plutôt penser à Messiaen ou Dutilleux. Toute la pièce reste dans la nuances piano et dans des phrasés très legato qui peuvent donner une certaine impression de monotonie si on l'écoute isolée, mais qui sont destinés à former un contraste avec les pièces qui précèdent et qui suivent.


Même si le résultat n'est pas tout à fait irréprochable car c'est une pièce très délicate à jouer malgré son apparente simplicité, il me faut remercier particulièrement mes amis d'Ut Cinquième sous la direction de Rondy Torrès qui ont cherché et obtenu un son assez rond et très doux avec une tout petit effectif: par moments, on pourrait penser aux tuyaux de bois d'un orgue plutôt qu'à un orchestre, ce qui était exactement l'effet recherché.

La partition devrait être disponible d'ici un jour ou deux sur le site SibeliusMusic

Reste à savoir comment sonne la version pour ensemble de cuivres: pour cela il faudra attendre le mois de juin lorsque l'ensemble KABrass sous la direction de Xavier Saumon créera mes Petites Fanfares Célestes dans leur version originale.

samedi 18 avril 2009

Un an de prison ferme pour les "pirates" suédois

La presse généraliste a abondamment commenté le verdict d'un tribunal suédois qui condamne plusieurs personnes à un an de prison ferme pour avoir opéré un site servant à organiser le téléchargement (illégal) de musique, de films et de logiciels. Au passage les journalistes ne se sont pas privés de donner le nom et l'adresse internet du site en question, ce qui est soit très généreux soit un peu stupide de leur part. Rappelons plusieurs faits:

  • Ces pirates ne sont pas de gentils hippies qui opèrent leur site dans un garage sur leur temps libre mais des professionnels et des hommes d'affaires avisés. Leur site génère des millions de visites et les revenus des bannières publicitaires sont en conséquence.
  • Ils ne proposent aucun contenu créatif ou constructif, leur site a pour seul et unique but d'organiser le téléchargement massif de films, musique, jeux vidéos, logiciels, etc
  • Le nom de "pirate" est certes mal choisi pour désigner leur activité. C'est un terme fabriqué par les majors du disque (et les géants du logiciel comme Microsoft) qui s'est imposé dans le vocabulaire courant. Le mot de "parasite" serait déjà plus proche de la réalité. A quoi pourrait-on comparer leur activité ? Peut-être à un magazine qui donnerait mille et un tuyaux pour frauder les impôts et la sécu (sur de petits montants) en ayant peu de chances de se faire pincer. Le préjudice est réel et globalement important mais difficile à quantifier et noyé dans la masse.
Vous l'aurez compris, j'éprouve assez peu de sympathie pour ces escrocs à la petite semaine qui se posent en défenseurs des libertés individuelles et des gentils internautes contre les méchantes majors. Je trouve même assez surprenante leur popularité (on parle même en Suède d'un "parti des pirates" qui voudrait se présenter aux élections du Parlement Européen).

Un autre débat, plus technique, concerne les moteurs de recherche. Si les pirates suédois sont poursuivis en justice, est-ce que Yahoo ou Google doivent l'être ? En effet les moteurs de recherche américains incluent les "torrents" qui permettent de télécharger illégalement des films ou des albums dans leurs indexes. Cela dit les pirates suédois n'hébergeaient par seulement les torrents qui décrivent un fichier à télécharger mais aussi les trackers qui sont indispensables pour connecter entre eux les utilisateurs de bittorrent. Laissons le débat technico-juridique aux spécialistes, et notons simplement  une petite différence de business plan entre un moteur de recherche généraliste et un moteur de recherche spécialisé dans le téléchargement illégal. Différence qui n'est pas si grande au demeurant, car dans les deux cas l'internaute est quasiment obligé de passer par le moteur de recherche qui capte les revenus publicitaires, au détriment des producteurs de contenu (un cas d'école étant les agrégateurs d'articles de presse comme Yahoo News ou Google News).

Internet et le MP3 sont des outils formidables pour les musiciens qui veulent faire connaître leur travail et partager des enregistrements avec le plus grand nombre. C'est une possibilité que j'ai utilisé moi-même pour partager quelques enregistrement réalisés lors de concerts d'amateurs (et qui est utilisée également par de nombreux ensembles comme Ut Cinquième). Les enregistrements en question n'ayant pas de valeur commerciale, la question de leur piratage ne se pose même pas à vrai dire.

Mais si c'est une chose que les artistes aient la possibilité de poster gratuitement des enregistrements pour les partager avec le monde entier, c'en est une autre que de poster gratuitement, et sans leur demander leur avis, le produit de leur travail. Est-ce donc immoral que de chercher à produire des enregistrements de qualité professionnelle (ce qui coûte cher) et de chercher à les vendre ? Et peut-être même de gagner de l'argent avec ?

L'argument choc mis en avant par des groupes d'internautes comme "le réseau des pirates" est "nous sommes des millions à télécharger des albums, et ils veulent faire de nous des pirates". Le mot de pirate est mal choisi, je l'ai déjà dit, mais ça n'est pas parce qu'une mauvaise action est commise par de nombreuses personnes qu'elle devient bonne. Il y a peu d'années, il y avait des millions de gens en France qui roulaient à 150 ou 180 sur les autoroutes, ou qui fumaient sur leur lieu de travail. Ce qui ne faisait pas d'eux des bandits de grand chemin ! Mais la loi a changé, les sanctions ont changé, et leur comportement a changé. Pour le téléchargement sur Internet, c'est la même chose: tant que le bénéfice des quelques euros économisés sur l'achat du disque ou du DVD excédera les inconvénients et les risques de sanction, le téléchargement abusif continuera sur une échelle massive. Monsieur Tout-le-monde n'est pas un criminel mais ça n'est pas non plus un saint...

(petite correction après coup: il semble que le terme pirate pour désigner les infractions au droit d'auteur soit aussi ancien que le droit d'auteur sinon plus, puisqu'il est attesté dès le XVIIe siècle en Angleterre si j'en crois l'article Copyright infrigement de Wikipedia. Il faudra que je vérifie d'ailleurs mais je crois me souvenir d'une préface où Balzac appelle flibustiers les éditeurs qui imprimaient ses romans en Suisse ou en Belgique, bourrés de fautes et naturellement sans lui verser un centime).

(mise à jour le 24 avril 2009: les avocats vont demander une annulation du procès au motif que l'un des juges était membre de plusieurs lobby de la propriété intellectuelles, équivalents suédois de la RIAA aux Etats-Unis ou de l'APP en France. Ce qui fait mauvais genre évidemment, surtout si l'on considère la sévérité de la peine. Par ailleurs si l'on en croit le site anglais The Register, l'un des quatre pirates, celui qui se chargeait des finances en particulier, ressemblerait davantage à un néo-nazi doté d'une solide fortune personnelle qu'à un gauchiste vivant dans une caravane. Une occasion de rappeler que les site de p2p sont aussi et entre autres un lieu privilégié d'échange de vidéos révisionnistes ou de matériel pédo-pornographique, même si cela dépasse de loin le cadre de ce journal...)

mercredi 8 avril 2009

Création de "Sombres pensées" et de deux poèmes d'après Yourcenar

Le 29 avril 2009 a midi trente, à Paris, salle Cortot, dans le cadre d'un concert donné par les élèves de Michel Merlet, j'ai le plaisir de vous inviter à un concert où vous pourrez entendre deux de mes oeuvres récentes:

  • Sombres pensées, pour violoncelle seul, interprété par Benoît Stroh
  • Deux courtes pièces extraites des Poèmes d'après Marguerite Yourcenar pour clarinette, alto et piano, avec Mathieu Prévot (piano), Olivier Tholliez (clarinette) et le compositeur à l'alto.
Le programme complet se trouve ici.

mardi 7 avril 2009

Brice Pauset: Préludes

Ce disque intitulé Préludes est le seul disque monographique consacré à Brice Pauset (le seul qui soit disponible dans le commerce au moins). La notice prévient:

Hérissée de signes et d’indications d’une extrême minutie, la graphie des partitions de Brice Pauset donne à entrevoir « quelqu’un qui ne se rend pas la vie facile », « une grande agitation intérieure », « les traces des hésitations et des questions ».

Mais cela, les lecteurs du journal de Papageno le savent déjà ! L'enjeu était donc de savoir ce que cette musique donne à l'oreille, sans chercher à l'analyser en toute rigeur mais en se confiant plutôt à l'intuition.

Pour résumer: c'est plutôt séduisant à entendre. Commençons par les Préludes pour clavecin, enregistrés par le compositeur. Il faut d'abord saluer la démarche d'un compositeur qui prend le temps et la peine de travailler son instrument et de jouer ses oeuvres en public ou de les enregistrer, tant la vogue des compositeurs-musicologues est grande en ce moment. La différence entre piano et clavecin, qui est déjà énorme dans la musique de Bach ou Rameau, l'est encore plus dans la musique contemporaine. Les harmonies les plus complexes sonnent avec délicatesse, les dissonnances sont nettes mais pas agressives. Le piano moderne, bâti pour faire sonner Chopin ou Rachmaninov, cherche toujours à arrondir le son, à en brouiller les contours, sans échapper pour autant à la dureté des cordes frappées. La notice parle de liberté rythmique, et pour ma part j'ai du mal à percevoir une quelconque pulsation dans ces préludes. Qu'est-ce qui est ornement, appogiature, arpège, trémolo dans tout ça ? je ne saurais le dire mais le tout s'écoute plutôt bien.

L'autre partie importante de ce disque est une série de huit pièces pour hautbois d'amour et mini-orchestre. Chaque pièce étant basée sur une des huit premières notes du thème des variations Goldberg (également utilisées par Bach pour construire ses variations, faut-il le rappeler). Là encore l'écriture est très fouillée, et dans ses meilleurs moments, me fait penser au quatuor Ainsi la Nuit d'Henri Dutilleux. Il faut également saluer la très belle interprétation de Christian Hommel, un élève de Heinz Holliger, au timbre chaleureux et très séduisant.

Le disque comprend également une orchestration (pour ensemble de poche) des Variations pour piano op 27 de Webern. La notice relèce que les interprétations de Webern se caractérisent en général par la froideur et que le côté viennois, post-romantique et décadent est plutôt évité. D'où cette ré-instrumentation qui vise à éviter toute aridité et y parvient assez bien. Ici un constat s'impose à l'oreille: la musique de Webern a une concision et une force expressive qu'on ne trouvera pas aussi nettement dans le reste du disque.

Quant à la prise de son, n'étant pas un spécialiste, je ne vous parlerai pas de souffle ou de distorsion, mais simplement de la qualité des timbres que j'ai entendu, celui du hautbois, de la flûte, des instruments à cordes, et ce dans tous les modes de jeu. L'ingénieur du son devait être encore plus maniaque que le compositeur ! Mais le résultat fait honneur au deux, ainsi qu'à l'ensemble recherche ("recherche" sans majuscule, apparemment) qui signe cet album.

On peut écouter des extraits de ce disque sur le site d'aeon ou de la fnac.

samedi 4 avril 2009

Toujours plus fort !! (la suite)

Dans un précédent billet j'avais montré comment la musique occidentale a poursuivi une direction unique depuis la renaissance: toujours plus de décibels ! Je m'étais arrêté aux années 1960, au moment ou la musique amplifiée électriquement est devenue la norme (et les instruments accoustiques sont devenus l'exception), car on disposait dès lors d'une puissance suffisante pour provoquer la surdité précoce chez des milliers d'adolescents, ce qui n'a pas manqué d'arriver d'ailleurs.

Ce que j'ignorais, c'est que dans la musique pop/rock/rap/techo/tout ce que vous voulez, la tendance s'est poursuivie, sous une autre forme. Tapez Loudness war dans un moteur de recherche et vous trouverez sans peine des articles ou des vidéos expliquant le phénomène (celui-ci appelé The Death of Dynamic Range, est assez complet). En gros la tendance récente consiste à pousser le niveau au maximum en studio, lors du montage. On écrase ainsi toute la dynamique du morceau, pour obtenir un flux sonore qui oscille entre 95% et 100% du maximum (ou si l'on veut il n'y a plus que 4 ou 5 décibels entre le niveau maximum et le niveau minimum, alors que l'oreille peut percevoir au moins 50 décibels de dynamique). Et ce mauvais traitement n'est pas appliqué qu'aux nouveaux albums mais aussi aux albums des années 1960 ou 1980 anciens lorsqu'ils sont remasterisés (quel vilain mot !).

Pourquoi trafiquer ainsi la musique ? La réponse se trouve en partie dans l'évolution des modes de consommation de la musique. Qu'on la consomme sur un baladeur dans le métro, dans un salon de coiffure en bruit de fond, dans une soirée bien arrosée, en bref à chaque fois qu'on écoute de la musique en faisant autre chose, alors il est pratique d'avoir un flux musical d'un niveau à peu près constant, un espèce de robinet sonore dont on peut régler le débit comme on veut. Une symphonie de Malher où l'on passe brusquement d'un solo de flûte à une fanfare de cuivres n'est pas adaptée à ces mode de consommation: cette musique réclame qu'on lui prête attention, qu'on soit dans un environnement suffisamment peu bruyant. Pas étonnant que la musique classique reste confinée à un marché de niche dans ces conditions !

Le résultat ultime de cette longue évolution vers toujours plus de puissance sonore est paradoxal: une fois qu'on a saturé ainsi l'échelle sonore, il n'existe plus de forte et de piano, plus aucune dynamique. A force de vouloir en faire toujours plus, on a finalement créé une musique totalement plate, ayant autant de saveur qu'un pavé de tofu à la béchamel. Pas étonnant que cette purée sonore fatigue l'oreille, même lorsqu'on n'a pas monté le volume à fond. Et bon appétit !

vendredi 3 avril 2009

Deux concerts au choix le 9 avril

Le jeudi 9 avril 2009, chers lecteurs, il vous faudra faire un choix difficile:

  • à l'ENS vous pourrez entendre un superbe concert dédié aux mélodies sur des textes de Victor Hugo, avec Alice Gulipian, soprano, Mae Heydorn, mezzo, L’Oiseleur des Longchamps, baryton, Sofja Gulbadamova, Juliette Regnaud et Fériel Kaddour, piano, Hinde Kaddour, récitante. Outre des mélodies de Bizet, Liszt, Widor, Saint-Saëns, Hahn, vous aurez droit à un cadeau spécial: la création mondiale de Table des matières, mélodie composée par Olivier Greif en 1998. L'entrée est libre mais la réservation est vivement conseillée auprès de Marie-Anne Leroy (maleroy (at) clipper.ens.fr)
  • à Draveil dans l'Essone, vous pourrez entendre l'Orchestre Moderne sous la direction d'Alejandro Sandler dans un programme américain contemporain: Bernstein, Copeland, Williams.
affiche_concert_moderne_Avril2009.png Draveil, mais où est-ce donc, me direz-vous ? Et bien, pas loin de Ris-Orangis, au bord de la forêt domaniale de Sénart... non ? vous ne voyez toujours pas ?


Agrandir le plan

lundi 30 mars 2009

Esprit de Dmitri, es-tu là ?

Dmitri_Chostakovitch.jpg Il faut considérer comme un signe du destin farceur le fait que les semaines où je poussai mes premiers vagissements furent également celles où Dimitri Chostakovitch écrivit sa toute dernière oeuvre, la sonate pour alto op 147 qu'il n'entendit jamais. Etait-ce son esprit qui m'a saisi ce matin lorsque je me mis au piano, mes doigts produisant une trepak frénétique et despérée sans que rien ne puisse les arrêter ?

samedi 28 mars 2009

Terminator violoniste

Terminator violoniste, c'est le nom de l'article consacré par Jacques Borsarello sur le site Alto en ligne à ce robot mis au point par Toyota et qui joue du violon:

Coiffé de sa casquette rouge "SUD Altos - défendez votre droit à la fausse note", l'altiste voit dans ce robot musicien une menace pour la profession. Les fidèles lecteurs du journal de Papageno se souviendront qu'on a déjà parlé de ces robots musiciens. La profession de musicien est-elle vraiment menacée par les machines ? Tout ça n'est guère crédible. Ces robots ne sont pas différents d'une chaîne hi-fi, dans le sens où ils ne peuvent que reproduire une musique pré-enregistrée. Est-ce que le 33 tours ou le CD audio ont tué la profession de musicien ? Bien au contraire, en diffusant la musique auprès du plus grand nombre, ils contribuent à développer la culture et le goût pour la belle musique et à remplir les salles de concert. Le plaisir du concert est celui d'une rencontre et d'un échange entre les artistes et le public. Qui aurait envie de payer une place pour regarder un robot jouer de la guitare ? Ou encore pour admirer un ballet de robot-danseurs ?

La comparaison homme-machine dans le domaine de la musique classique peut inspirer d'autres réflexions, pas des plus confortables d'ailleurs. Les conservatoires fabriquent en série des musiciens dont le talent se limite à exécuter les œuvres du répertoire, et qui sont le plus souvent incapables d'improviser ou de composer. Bon nombre d'entre eux manifestent une indifférence marquée, voire une hostilité franche au répertoire contemporain et aux compositeurs vivants. L'omniprésence du disque qui place les musiciens sous le parrainage écrasant de leurs aînés glorieux, les Rostropovitch, Oistrakh et autres Horowitz, les incite à minimiser les risques et à chercher avant tout à reproduire la partition et les traditions interprétatives qui vont avec, quelques erronées qu'elles puissent être, le plus exactement et le plus fidèlement possible. Quant au public, il est prié de se tasser sans bouger dans ses fauteuils et d'observer un silence digne d'un studio d'enregistrement jusqu'au moment de la délivrance ou est de bon ton d'applaudir comme des robots. Toute forme d'interaction avec les musiciens (comme on le voit pourtant fréquemment dans les concerts de Jazz ou de pop/rock) est à proscrire. En définitive, qui sont les véritables automates ?

Par ailleurs on peut et on doit saluer la prouesse des ingénieurs qui ont mis au point une telle machine. Voilà au moins un travail créatif et innovant. Bravo les artistes !

jeudi 26 mars 2009

Hadopi: les eurodéputés persistent et signent

Les députés européens ont une nouvelle fois, et par 481 voix contre 25 voté contre la privation d'accès à Internet par les gouvernements ni par les entreprises. La mesure la plus médiatique de la future loi Hadopi risque donc de ne jamais être appliquée, si jamais elle était votée.

Sur ce dossier qui divise assez nettement, ma position est finalement assez centriste:
  • oui pour faire la chasse aux pirates et les sanctionner quand on les attrape (Internet n'est pas une zone de non-droit)
  • non à la coupure d'accès à Internet, ça coûte cher et c'est une sanction disproportionnée.
  • oui à une amende d'un montant comparable à celui des (petits) excès de vitesse pour les téléchargeurs indélicats.
  • non à une licence globale qui ferait payer les gens honnêtes pour les pirates et dont personne ne saurait comment distribuer le produit de manière équitable.
Précision pour David: ceci n'est pas un troll.

Dusapin: solos pour orchestre à la Cité de la Musique

Les parisiens pourront entendre demain (vendredi 27 mars 2009) à la cité de la musique l'intégrale des Solos pour Orchestre de Pascal Dusapin. Le Monde publie pour l'occasion une interview où l'on apprend entre autre qu'il n'est pas passé par le Conservatoire et qu'il n'est donc pas du sérail ("Ni sériel ni spectral, encore moins néoclassique"). Il a néanmoins étudié avec Xenakis (C'était un immigré, un rastaquouère pas intégré dans l'avant-garde, et c'est pour cela que je l'ai tant aimé). Bon d'accord je n'étais pas né à l'époque mais j'avais plutôt l'impression que Xenakis faisait partie de l'avant-garde et que sa musique connaissait un certain succès. Vérification faite, Xenakis a connu bien des difficultés pour percer et son article sur « La crise de la musique sérielle » en 1955 lui a valu bien des ennemis et lui a fermé bien des portes, et les récompenses officielles sont venues sur le tard (dans les années 1970). Dont acte.

Le compositeur se fâche presque lorsqu'on lui demande s'il vit de sa musique. Est-ce qu'on pose la même question à un violoniste ou à un chef d'orchestre ? Mais le fait demeure que compositeur est vraiment le métier le plus mal payé qui soit: bien souvent le compositeur qui passe 3 ou 4 ans à travailler à un opéra ne touche pas davantage qu le chef ou le metter en scène dont le travail se mesure plutôt en semaines.

Ce que j'ai entendu jusqu'à présent de la musique de Dusapin ne m'a pas fasciné, mais ce concert sera peut-être l'occasion de revoir mes préjugés.

mercredi 25 mars 2009

Question d'époque

Quelle est la plus grande différence entre "ein mädchen oder weibchen" (chanté par Papageno dans le 2e acte de la Flûte enchantée)

et "tatoue-moi sur tes seins" (extrait de Mozart, l'Opéra rock d'Olivier Dahan) ?

Avec les extraits vidéo, les lecteurs de ce blog peuvent se faire leur propre idée, il est donc presque inutile que j'exprime ma propre opinion. Si j'en crois les commentaires sur DailyMotion, "tatoue-moi" est une très bonne chanson de rock qui a déjà ses fans. Néanmoins, ce qui me frappe le plus n'est pas tellement la différence entre musique populaire et musique savante (qui n'a jamais vraiment existé et aujourd'hui moins que jamais, car tout le monde a accès à tout). Ça n'est pas non plus la différence entre le génie mozartien (ce mot ne veut rien dire) et la banalité de l'accompagnement musical de "tatoue-moi". Ni même la qualité des chanteurs. Si l'on disait que l'un est bon et que l'autre est mauvais, on n'aurait rien dit.

Non, ce qui me frappe le plus c'est la différence d'époque. Entre n'importe quel air d'opéra des années 1780 à Vienne et n'importe quelle chanson rock d'aujourd'hui, le constat serait le même. D'un côté la légèreté, le bon goût, la vivacité d'esprit, la pudeur. De l'autre la lourdeur, la vulgarité, la platitude, l'exhibition des sentiments. La musique populaire de la fin du XVIIIe siècle (l'opéra) est très articulée, légère, élégante, elle sait garder la mesure et l'équilibre même dans les moments les plus dramatiques. C'est aussi une musique qui respire grâce à l'usage des silences. La musique populaire du début du XXIe siècle est saturée de son, brutale, agressive même lorsqu'elle cherche à exprime les sentiments les plus doux. Elle est noyée dans les basses omniprésentes (et même sur-amplifiées) qui empêchent l'oreille de respirer. Quant à la vulgarité, écoutez simplement les voix qui chantent "woua-a-a-a" dans "tatoue-moi" (je crois que le terme consacré pour ce genre d'horreur est chorus).

Pourquoi Da Ponte, le librettiste de Mozart, un curé défroqué que l'immoralité de l'échange des fiancées dans Cosi Fan Tutte ne dérangeait absolument pas, n'a jamais écrit tatoue-moi sur tes seins dans ses livrets ? Naturellement il y avait l'Eglise, la censure, la société. Mais surtout, le papier et l'encre coûtait cher à l'époque, et qu'on préférait les employer à décrire des sentiments nobles plutôt qu'à reproduire des propos de palfrenier. Da Ponte n'avais pas froid aux yeux: dans sa version de Don Giovanni, moins de dix minutes après la levée du rideau, on assiste à une tentative de viol suivi d'un meurtre. Cette violente plongée dans l'action est d'ailleurs une des clés de la force de cet opéra. Don Giovanni est un personnage brutal, un jouisseur avide et sans moralité. Mais il s'exprime avec distinction lorsqu'il parle aux dames. Question d'époque. Dans un opéra rock d'aujourd'hui, même un gentil garçon végétarien qui n'a jamais trompé sa petite amie lui dira tatoue-moi sur tes seins pour déclarer sa flamme. Question d'époque.

Notre époque a inventé la bombe nucléraire, le marteau-piqueur, la titrisation du crédit à risque, la clause transversale de substitution des compétence dans les traités européens, le béton armé, le fast-food et le road movie. Peut-on attendre d'elle une musique délicate et raffinée ?

Le site last.fm devient payant (pour les français)

Le site last.fm qui propose de la musique en streaming (c'est à dire écoute sans téléchargement, un peu comme sur un poste de radio) vient d'annoncer sur son blog qu'il demandera un abonnement de 3 euros par mois pour les internautes (sauf aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne). Le modèle de l'accès illimité à un catalogue contre un abonnement mensuel va-t-il l'emporter sur la vente de musique à l'unité façon iTunes ? Il est sans doute trop pour le dire.

Ce qu'on peut dire en revanche dès à présent aux amateurs de licence globale, c'est: abonnez-vous aux sites de votre choix et arrêtez de casser les burnes à mon député. Une licence globale gérée par la SACEM (ou tout autre organisme para-public) et distribuée au doigt mouillé comme la taxe copie privée ? Non merci.

mardi 24 mars 2009

L'outilleur vétilleux

Mon correcteur orthographique me propose deux remplacements pour le nom de Dutilleux: Outilleur ou bien Vétilleux. L'outilleur vétilleux ça ne sonne pas si mal finalement !

Zapping

lundi 23 mars 2009

Finale du Concours Sforzando le 11 avril 2009 au Sénat

Comme le dit la pub:

Le concours de musique de chambre des Grandes Ecoles et des Universités, s'adresse, depuis sa création en 2005, à tous les étudiants amateurs passionnés de musique de chambre. Organisé sous l'égide de l'Ecole des Mines de Paris, il leur offre la possibilité de se produire en public devant un jury de personnalités du monde de la musique, dans une ambiance conviviale, et permet aux lauréats de participer à divers festivals  (Festival des Arcs, Folle Journée de Nantes...) et à des master-classes. La finale publique de l'édition 2009 du Concours Sforzando aura lieu le samedi 11 avril 2009 à partir de 19h30, dans  les Salons de Boffrand de la Présidence du Sénat, et sera suivie d'un cocktail.

Le jury comprendra cette année, entre autres, Michel Dalberto, Marina Chiche, Karol Beffa, Christopher Bayton... Vous pouvez dès à présent, et avant le 6 avril, réserver vos places sur le site www.sforzando.fr En espérant que vous serez nombreux à assister à cet événement, nous vous souhaitons par avance un très agréable moment musical. Cordialement, Le comité d'organisation du Concours Sforzando.

dimanche 22 mars 2009

Concert: Mélodies de Dutilleux à l'ENS

Le Département Histoire et Théorie des Arts de l'Ecole Normale Supérieure organise une conférence-concert autour des mélodies d'Henri Dutilleux, le mardi 31 mars 2009 en salle des Actes: la soprano Manna Ito, le baryton Marc Callahan, les pianiste Paul Montag et Feriel Kaddour joueront les mélodies d'Henri Dutilleux. Le concert sera introduit par une conférence de Maxime Joos, musicologue.

Ce concert est gratuit mais il est obligatoire de réserver (mise à jour le 25 mars: c'est complet). Il sera organisé en deux temps :

  • 19h30 : conférence de Maxime Joos. Cette conférence, élaborée en collaboration avec les musiciens, se destine à un public non spécialiste et sera illustrée par de nombreux exemples musicaux.
  • 20h30 : pause
  • 21h : concert, avec Manna Ito (soprano), Mae Heydorn (mezzo), Marc Callahan (baryton), Paul Montag et Fériel Kaddour (piano).
Programme:
  • Quatre mélodies : Féerie au clair de lune (Raymond Genty), Pour une amie perdue (Edmond Borsent), Regard sur l'infini (Comtesse de Noailles) et Fantasio (André Bellessort)
  • San Francisco Night (Paul Gislon)
  • Chanson au bord de la mer (Paul Fort)
  • Chanson de la déportée (Jean Gandrey-Réty)
  • Deux sonnets de Jean Cassou (Jean Cassou, d'après Hugo von Hofmanstahl)
  • La Geôle (Jean Cassou, d'après Hugo von Hofmanstahl)

Concerts: Malher par Ut Cinquième

L'orchestre Ut Cinquième donnera la Symphonie n°4 de Gustav MAHLER sous la direction de Julien LEROY et avec la participation de Catherine RADLO, soprano.

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