Répertoire

Les oeuvres du répertoire classique

Fil des billets

mardi 26 septembre 2017

Un inédit de Chostakovitch pour alto et piano

Lu sur le blog Slipped disc de Normal Lebrecht, cette étonnante nouvelle: alors que nous célébrons le 111e anniversaire de sa naissance, nous apprenons qu'une partition inédite de Chostakovitch pour alto et piano a été retrouvée et authentifiée.

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lundi 9 mai 2016

Résultats du Concours de Composition "de Bach au Jazz" édition 2015

Les résultats du 2e concours de composition pour piano solo "De Bach au Jazz" (édition 2015) sont disponibles en ligne. Ce qui est très sympathique est qu'on peut écouter les oeuvres des lauréats et regarder leurs partitions,  Présidé par Nicolas Bacri, le jury a décerné des  prix dans deux catégories: Contemporain et Jazz (j'avoue que la frontière entre les deux me paraît bien floue quand on regarde certaines partitions de "Jazz" qui sont très écrites et audacieuses harmoniquement, mais c'est une question que les candidats pouvaient trancher eux-mêmes en soumettant leurs oeuvres dans l'une ou l'autre des catégories). Organisé par la virtuose bulgare Lilia Boyadjieva sous l'égide de l'association "Nathalie" qu'elle a fondée, ce tout jeune concours a rassemblé pas moins de 105 pièces, ce qui montre que les 88 touches blanches et noires de l'instrument de musique le plus facile et le plus difficile à la fois continue de fasciner les compositeurs.

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jeudi 8 novembre 2012

Au revoir, monsieur Carter

Le compositeur américain Eliott Carter nous a quitté tout récemment. Il avait 103 ans et travaillait encore. Ses pièces récentes comme le Figment IV pour alto écrit à cent ans passés, que j'ai eu le plaisir de travailler pour le présenter au conservatoire de Liège, témoignent d'une étonnante vitalité. 

Sa musique sans concession, résolument moderne et souvent aggressive, proche du style boulézien (Carter ne cachait pas son amitié et son admiration pour Pierre Boulez), reste encore peu connue en dehors des cercles dédiés à la musique contemporaine. Mais ses détracteurs auraient tort sans doute de prédire qu'elle passera de mode. Les qualités évidentes de cette musique survivront au temps, et le courant esthétique qu'elle représente si brillamment, après avoir été vigoureusement combattu par les tenants d'autres courants esthétiques, comme toujours, prendra sa place parmi les classiques. Comme celle de Schoenberg qu'on entend aujourd'hui partout dans le monde et qui choque davantage les organisateurs de concert, restés très frileux, que le public, souvent bien plus ouvert qu'on ne le pense. 

Parmi les hommages publiés sur la toile, il y a celui de Classiques d'aujourd'hui, de  LibéCulturebox, ainsi qu'une biographie plus complete sur le site musicologie.org. Nos lecteurs anglophones peuvent également consulter la nécrologie du NY Times, le blog de Jessica Duchen ou bien sûr Fuck Yeah ! Eliott Carter qui joue sur l'humour et un ton décalé pour inviter les lecteurs... à écouter la musique de Carter.

vendredi 2 novembre 2012

Une sonate de Beethoven oubliée mais pas inoubliable

Trouvé dans le magazine anglais Gramophone, l'histoire d'une sonate pour piano inédite de Beethoven. Reconstruite par un pianiste néerlandais du nom de Cees Nieuwenhuizen à partir de brouillons, elle serait antérieure à la sonate n°1 en Fa mineur opus 2. Je ne peux pas vraiment juger à quel point la reconstruction est fidèle au texte, mais l'extrait publié sur ioutioube me fait davantage penser à un pastiche d'un goût douteux, pas très bien joué de surcroît. Mon impression est que s'il avait jugé ce brouillon digne d'intérêt, Ludwig van n'aurait pas manqué de le remettre au propre pour le proposer à un éditeur. Les pièces pour clavier seul étaint déjà à l'époque l'activité la plus rentable pour un éditeur, car peu chères à éditer et plus facile à vendre que des quatuors ou des symphonies.

ludwig-van-beethoven4.jpg

Quoi qu'il en soit, nous disposons déjà 32 sonates publiés et corrigées par Beethoven lui-même, et quelques douceurs supplémentaires comme les variations Diabelli ou les réductions des symphonies par Liszt. C'est plus que suffisant pour faire le tour du bonhomme et de son talent sans avoir besoin d'exhumer de vieux brouillons sans grand intérêt. Le plus célèbre sourd de l'histoire de la musique aurait été bien inspiré de détruire lui-même tous ses brouillons, comme l'a fait un certain Johannes Brahms un demi-siècle plus tard !

mardi 25 octobre 2011

Figment IV d'Eliott Carter pour alto seul

Voici un nouveau billet pour compléter la série consacrée au répertoire pour alto seul des XXe et XXIe siècles, série que j'ai tendance à négliger comme ce journal du reste, non par manque d'idées ou de matériaux mais plutôt de temps pour écrire des billets instructifs et parfois même drôles.

Il se trouve que je suis en ce moment en train de chercher des pièces écrites après 2000 pour un nouveau programme destiné à montrer la richesse et la diversité de ce qui s'écrit aujourd'hui. En 2011 il me semble en effet approprié qu'on arrête de considerer Webern ou Xenakis comme de la musique "contemporaine". En essayant d'inculquer quelques notions à mes filles qui sont maintenant adolescentes, je me suis rendu compte qu'il leur est très difficile de se figurer les enjeux d'évènements historiques comme la crise des missiles de Cuba ou la chute du Mur de Berlin. Ou la teneur des débats entres jésuites et jansénistes autour de la grâce nécessaire et la grâce suffisante du temps de Blaise Pascal. Il est tout aussi difficile pour un jeune musicien de se figurer ce que les débats qui agitaient les compositeurs de l'ère post-sérielle au début des années 1960 peuvent avoir d'actuel. Le vingtième siècle, avec ses stars, ses courants esthétiques, ses chefs-d'oeuvres et ses scandales, est maintenant derrière nous. Place à la musique d'aujourd'hui, c'est à dire au vingt-et-unième siècle !

Cela étant posé, c'est une courte pièce écrite en 2007 par un jeune homme qui venait de fêter ses 99 ans que j'aimerais vous présenter aujourd'hui: Figment IV d'Eliott Carter. Le terme figment fait référence à l'imagination, comme le révèle l'exemple choisi par le Merriam-Webster pour l'illustrer:  unable to find any tracks in the snow the next morning, I was forced to conclude that the shadowy figure had been a figment of my imagination. On pourrait donc traduire ce titre par Invention ou Fantaisie. Elle est dédiée à Samuel Rhodes. Le chiffre IV indique que cette pièce fait partie d'une série ou l'on trouve actuellement deux pièces pour violoncelle, une pour contrebasse, et une pour marimba.

Dans ce qu'on pourrait appeler un style sériel libre, Carter fait chanter l'instrument de manière aussi simple qu'efficace. Il arrive à échapper à toute banalité en n'utilisant que les ressources nobles de l'instrument (le jeu de l'archet, sans abus des modes de jeux exotiques du type col legno, sul pont, etc). Si vous ne me croyez pas écoutez donc cette version postée sur Youtube par l'excellent John11inch (mais dont on ne connaît malheureusement pas l'interprète):

Chapeau, monsieur Carter. Thumb up. Pas de félicitations en revanche pour Boosey & Hawkes qui m'ont fait commander sur internet, envoyer un mail, recevoir un formulaire, le renvoyer par la poste, et payer 21 euros pour 2 pages de partitions. Ceux-là n'ont manifestement pas compris qu'on est au vingt-et-unième siècle et qu'il existe un format de fichier appelé PDF.

Je reprendrai cette série prochainement avec György Kurtág, lequel a publié non pas une mais une vingtaine de pièces pour alto seul dans un recueil intitulé Jeux, Signes, Messages en 2005.

dimanche 14 août 2011

Henri Dutilleux: Ainsi la nuit (documentaire de Vincent Bataillon)

J'ai pu assister ce soit à la projection en avant-première d'un film consacré par Vincent Bataillon au Quatuor à cordes d'Henri Dutilleux, interprété par le Quatuor Rosamonde. Je vous renvoie à la filmographie de Vincent Bataillon sur IMDB: il suffit de dire ici qu'il a pratiqué le violoncelle dans sa folle jeunesse et réalisé moult captations de concerts, festivals et opéras.

Comme nous le rappelle Xavier Gagnepain, violoncelliste du quatuor Rosamunde, avant la projection, le quatuor Ainsi laNuit, écrit en 1976 pour les Juilliard, a connu un succès immédiat et durable car depuis cette date il a été enregistré plus de 25 fois au disque. Tout en s'inscrivant dans une certaine tradition française (l'héritage debussyste étant revendiqué sans ambages par Dutilleux lui-même), c'est une oeuvre très personnelle. Mystère, poésie, profondeur, clarté: on est bien en peine d'arriver à exprimer avec de simples mots les émotions subtiles et profondes que ce quatuor suscite en nous. Parvenue au bout de son sac à mots, la violoniste Agnès Sulem conclut simplement par "et puis il y a ... l'inexprimable".

Faute de parler de l'inexprimable, j'évoquerai plus simplement le travail de la caméra, qui nous invite dans le jardin de Monsieur Dutilleux au bord de la Loire, et nous fait partager l'intimité des musiciens tout en restant infiniment respectueuse. Ainsi que le travail admirable des Rosamonde qui ont peaufiné leur interprétation pendant des années, ciselé chaque phrase avec une patience de bénédictins.

Ce film d'une heure à peine mérite certainement d'être vu et contribuera sans doute à inviter davantage de personnes dans l'univers de Dutilleux, dont il faut écouter la musique bien plus d'une fois pour l'apprécier vraiment. C'est aussi un témoignage très émouvant de la relation du compositeur et des interprètes. Il devrait être diffusé dans les mois qui viennent sur la télévision publique et en DVD. J'en retiens pour ma part une petite phrase d'Henri Dutilleux: "les oeuvres que je regrette le moins sont celles où j'ai pris le plus de risques". Prendre des risques signifie pour le compositeur chercher à aller au-delà de ce que l'on sait déjà faire. Rétrospectivement, ce qui est certain est qu'il n'y a pas grand-chose à regretter dans une oeuvre telle que'Ainsi la nuit.

dimanche 30 janvier 2011

Heinz Holliger: Souvenirs Tremaësques pour alto seul

Il est temps de reprendre le fil d'une série de billets consacrés à la littérature pour alto seul au XXe et XXIe siècles. Après la Sonata Variata de Nicolas Bacri, d'une facture solide mais qui regarde plutôt du côté de la tradition, voici Souvenirs Tremaesques de Heinz Holliger écrit la même année (2001).

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samedi 22 janvier 2011

Nuits d'été de Berlioz: la version pour voix haute, piano, violon, violoncelle est en ligne

J'ai déjà évoqué cet arrangement des Nuits d'été d'Hector Berlioz pour voix, piano, violon et violoncelle. Il existe en deux versions: voix haute (soprano ou ténor) et voix moyenne. Pour chaque version j'ai en outre posté en ligne une partie de violon et une partie de violoncelle où la ligne de chant est reproduite pour faciliter la mise en place. Les partitions sont disponibles sur le site de Tamino productions, en PDF ou en version papier. L'hébergeur actuel de ce site (qui assure également l'impression à la demande et l'envoi des partitions papier) ne permet malheureusement pas de regrouper plusieurs partitions ensemble, j'ai donc dû poster au total six partitions distinctes.

La première audition en concert de cet arrangement aura lieu cet été par le baryton L'Oiseleur des Longchamps.

samedi 1 janvier 2011

Bonne année 2011 avec Franz Liszt

En ce 1er janvier 2011, commençons par adresser nos meilleurs voeux aux lecteurs du Journal de Papageno: santé, bonheur et bien sûr beaucoup de belles émotions musicales pour l'année qui vient. En 2010 nous avons célébré Chopin et oublié Schumann: 2011 sera sans doute l'année du bicentenaire et peut-être de la redécouverte de Franz Liszt.

Franz_Liszt_small.jpg Si tout le monde connaît le Franz Liszt qui inventa le récital pour piano, composa les Rhapsodies Hongroises et cassait les cordes des pianos, qui connaît l'enfant prodige qui parcourut l'Europe au même âge que Mozart ? Qui connaît l'ascète imprégné de spiritualité franciscaine qui voyageait en 3e classe, donnait tout son argent, n'a jamais réclamé un centime aux élèves de ses master-classes ? Qui connaît le kapellmeister de Weimar, inventeur du poème symphonique, défenseur de Berlioz et précurseur de Wagner ? Qui connaît, qui joue sa musique religieuse, ses oratorios Christus et Sainte Elisabeth ? Qui s'étonne encore du dépouillement atonal de ses dernières pièces pour piano ? Qui se souvient de ses concerts philanthropiques, son engagement politique pour l'indépendance de la Hongrie ou encore pour soutenir la révolte des Canuts de Lyon en 1831, dont il a repris le refrain ? Aujourd'hui plus que jamais Franz Liszt, génie de la musique dont la vie fut un roman, est à redécouvrir. Et il est tout aussi urgent d'envoyer une copie de son livre Des Bohémiens et de leur Musique en Hongrie à notre président de la république et à son ministre de l'intérieur, tous deux si prompts à l'exploitation politique de la misère chez les uns comme du racisme chez les autres.

Pour ouvrir donc cette année 2011, quoi de plus adapté que Les Préludes ? Commençons par relire l'argument ce de poème symphonique, qui reprend l'introduction des Méditations poétiques de Lamartine:

Notre vie est-elle autre chose qu'une série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ? L'amour forme l'aurore enchanté de toute existence; mais quelle est la destiné où les premières voluptés du bonheur ne sont point interrompues par quelque orage, dont le souffle mortel dissipe ses belles illusions, dont la foudre fatale consume son autel, et quelle est l'âme cruellement blessée qui, au sortir dune de ces tempêtes, ne cherche à reposer ses souvenirs dans le calme si doux de la vie des champs ? Cependant l'homme ne se résigne guère à goûter longtemps la bienfaisante tiédeur qui la d'abord charmé au sein de la nature, et lorsque la trompette a jeté le signal des alarmes, il court au poste périlleux quelle que soit la guerre qui l'appelle à ses rangs, afin de retrouver dans le combat la pleine conscience de lui-même et l'entière possession de ses forces.

Écoutons ensuite ces variations symphoniques si colorées et contrastées, jouées avec tout l'enthousiasme possible par le Western Eastern Divan Orchestra dirigé par Daniel Barenboïm:



Bonne année 2011 sous le patronage généreux et enflammé de Franz Liszt !

(photo: Liszt en 1858 par Franz Hanfstaengl)

lundi 20 septembre 2010

Jouons avec Jean-Sébastien: la solution

Voici comme promis la solution de notre jeu avec Jean-Sebastien.

bach_shades.jpg

Jürgen Schmidt-Bach, le professeur Tournimbus et moi-même tenons à remercier tous ceux qui ont participé au jeu, et à féliciter ceux qui ont trouvé la bonne réponse. La première pièce est (transposée d'une quinte vers le bas) la première partie du Presto de la Sonate n°1 en sol mineur (BWV 1001) de Jean-Sébastien Bach. La deuxième est extraite de ma Suite en ré mineur pour alto seul, que j'ai écrite en juin dernier. La préparation des examens d'alto me prenait alors l'essentiel de mon temps et m'obligeait à mettre de côté mes projets de composition plus ambitieux. J'ai donc commis ce pastiche en 4 mouvements, pour me divertir et aussi pour parfaire ma connaissance de J-S Bach, car il n'existe pas de meilleur moyen d'étudier un auteur que d'essayer de le pasticher. Le résultat étant fort écoutable et jouable d'après mes amis, je l'ai finalement publié sur le site Tamino Productions. Comme le remarquait l'un des commentateurs du précédent billet, il n'y manque que le génie...

lundi 13 septembre 2010

Jouons avec Jean-Sébastien

Et voici notre grand jeu de la rentrée. A gagner, des abonnements d'un an au Journal de Papageno

Le professeur Tournimbus a bien du mal à trier ses partitions où les devoirs de ses élèves d'harmonie et de contrepoint se mélangent avec les pages de Bach, Mozart, Beethoven qu'il utilise pour leur servir d'exemple. De plus un de ses élèves, Jürgen Schmidt-Bach, se fait un plaisir de signer ses travaux "J-S. Bach" ce qui n'arrange rien à la confusion.

Devant deux pages pour violon seul assez similaires, Tournimbus soupçonne que l'une d'entre elle pourrait être du vrai Bach, mais à son âge la mémoire fait défaut. Voici une réalisation vite-fait mal-fait à l'alto des deux pages en question:

Presto 1



Presto 2



Pouvez-vous l'aider en choisissant l'une des options suivantes:

  • A) les deux pièces sont de Jean-Sébastien Bach
  • B) la première est de Bach, la seconde est un pastiche d'un étudiant
  • C) la première pièce est un pastiche, la deuxième est de Jean-Sébastien Bach
  • D) les deux pièces sont des pastiches
  • E) c'est qui ce Jean-Sébastien Bach ? il joue dans quelle équipe ?
Réponse la semaine prochaine si les commentaires de ce billet sont suffisamment nombreux et drôles.

jeudi 8 juillet 2010

Le nombre d'or dans la musique de Jean-Sébastien Bach

Pour dire vrai j'ai hésité avant de publier ce billet, car le sujet est un peu piégé. Le nombre d'or est en effet brandi comme une sorte de talisman par toutes sortes de charlatans, numérologistes, astro-bullshitologues et autres magnétiseurs de chacras. Et de l'autre côté, les rapports numériques dans la musique de Jean-Sébastien Bach ont eux aussi été amplement analysés, parfois pour y trouver des relations numériques tellement lointaines qu'on peut bien se demander si elles ne sont pas le produit d'un pur hasard. Les gens qui trouvent le nombre d'or partout dans la musique de Bach sont pour moi un peu comme ceux croient avoir 'décodé' une prédiction des attentats du 11 septembre 2001 dans la bible: hautement suspects de quadrapilectomie (art de couper les cheveux en quatre), voire bien pire que cela. C'est ainsi que je recommanderai la lecture de "Bach ou La passion selon Jean-Sébastien: de Luther au nombre d'or" de Guy Marchand uniquement aux adeptes de ces petits jeux  ésotériques.

Cela dit, il ne fait aucun doute que Bach sait jouer avec les nombres et les lettres en musique. Il a écrit une fugue sur le thème musical B-A-C-H (en français si bémol - la - do - si), également utilisé comme signature dans l'Art de la Fugue. La première fugue du Clavier bien tempéré comporte exactement 24 entrées du thème principal: on peut y voir une annonce des 24 préludes et fugues du recueil, même si toutes les fugues classiques comptent une vingtaine d'entrées du thème. On trouve ailleurs des utilisations du nombre 14 = B + A + C+ H = 2 + 1 + 3 + 8 ou encore du nombre 3 dans les cantates consacrées à la Trinité.

Au fait, qu'est-ce que le nombre d'or ? Il y a plusieurs manière de le définir: j'ai choisi celle du rectangle qui est assez parlante intuitivement. Imaginez un rectangle dont le petit côté mesure 1 mètre et le grand côté φ mètres. On veut ajuster φ de manière à ce que si on enlève un carré de 1m x 1m, on obtient un rectangle plus petit mais dont les proportions sont les mêmes. Autrement dit: φ = 1/(1-φ) ou bien φ^2 = φ + 1. En tâtonnant un peu on voit que 8/5 = 1.6 est un peu trop petit tandis que 1.66 = 5/3 est un peu trop grand. La solution est un nombre irrationnel φ = 1.618... . En Grèce ancienne, où les mathématiques étaient surtout basée sur les rapports de nombres entiers, le nombre d'or fascinait au même titre que π ou que la racine de 2 car c'est un nombre irrationnel qui intervient dans une construction géométrique simple. Le nombre d'or est celui des proportions harmonieuses qu'on peut trouver dans la nature, ainsi qu'on peut le voir avec cette très élégante 'spirale de Fibonnacci' qui est construite en itérant plusieurs fois le découpage du rectangle doré que nous avons décrit plus haut: Fibonacci_spiralpng.png

Construisons maintenant une série dont chaque terme est la somme des deux précédents:

1+1 = 2

1+2 = 3

2+3 =5

3+5 = 8

5+8=13

8+13=21

13+21=34

21+34=55

34+55=89

...

Pour continuer avec les rectangles, chaque addition correspond à la construction d'un rectangle (a+b, a) à partir du rectangle (a,b). Je vous épargne la démonstration (ressortez vos cours de maths de terminale ou cherchez sur Internet au besoin) mais il me paraît intuitif que le rapport entre deux nombres successifs de cette série de Fibonacci tend vers le nombre d'or. De fait on peut vérifier que 89/55=1.618... donne déjà trois décimales exactes.

Fort bien, et la musique de Bach dans tout ça ? Eh bien on y trouve des ratios proches du nombre d'or, ce qui peut contribuer à lui donner un aspect à la fois vivant et harmonieux. Pure spéculation théorique ? Regardons plutôt un exemple, le premier prélude du Clavier bien tempéré (premier livre):

Ce prélude est très connu, et sa grande simplicité le rend accessible même aux pianistes débutants. Pourtant le motif rythmique utilisé est tout à fait original. Les huit double croches s'organisent en 2+3+3, ou 5+3 si l'on veut. 2, 3, 5: les premiers termes de la série de Fibonacci. Cette structure rythmique permet d'éviter la décomposition binaire 8 = 4+4 = 2+2+2+2 qui donnerait quelque chose de beaucoup plus mécanique et répétitif.

En voici la preuve par l'oreille: j'ai testé trois variantes où l'on conserve les mêmes notes en les organisant par groupes de 4:

(deuxième variante)
(troisième variante)

Le résultat est beaucoup plus banal et ennuyeux que le prélude original. Il y manque ces appuis légèrement décalés qui en font tout le charme. Ainsi la note supérieure (mi dans la première mesure) apparaît sur les 5e et 8e doubles croches ce qui peut donner l'impression d'un rythme pointé ("croche pointée double") qui vient ponctuer le flux de doubles croches. Est-ce tout ? Bien sûr que non. Ce prélude comporte 34 mesures (si l'on exclut la mesure finale qui comporte uniquement l'accord d'ut majeur). Or si la basse descend constamment jusqu'à la mesure 21 (fa, IVe degré) avant de remonter vers une pédale de sol (Ve degré) qui amère la conclusion. 34=21+13, les proportions de ce prélude sont aussi parfaites que celles de la Venus de Milo ou que l'homme de Vitruve.

On trouve une structure rythmique similaire dans le Prélude de la première Suite pour violoncelle seul. Bien qu'on ne possède pas d'autographe de ces suites mais seulement une copie de la main d'Anna-Magdalena (copies dont on sait qu'elles ne sont pas toujours très fiables pour certains détails comme les liaisons), on peut considérer la liaison des trois premières notes comme fiable. On retrouve à nouveau une répartition 8 = 3 + 5 qui dynamise le rythme des doubles croches en évitant un débit trop uniforme. Il est important dans cette Allemande de respecter les liaisons. Écoutez pour vous en convaincre la version écrite (3 liées, 5 détachées):

Et une autre version où les notes sont liées par quatre, ce qui est suffisant pour rendre la musique beaucoup plus banale:

Il y aurait bien d'autres choses à dire sur les proportions dans la musique de Bach (et pas seulement la proportion dorée) mais je m'en tiendrais à ces remarques préliminaires. J'espère avoir tout de même montré que l'équilibre parfait des proportions qui crée tout le plaisir à l'oreille apparaît dans bien des situations comme voulu et même calculé par Bach qui plus que tout autre musicien, ne laissait rien au hasard.

Nous reparlerons sans doute dans ce journal nombre d'or qui a été utilisé par bien d'autres musiciens, de Dufay à Bartok et Xenakis. Et qui peut intervenir non seulement dans les proportions rythmiques mais aussi dans l'harmonie.

samedi 26 juin 2010

Tedi Papavrami joue Bach

Nous avons déjà beaucoup parlé des transcriptions dans ce journal. En voici une particulièrement réussie, tant par l'écriture que par l'interprétation: la Fantaisie et Fugue BWV 542 de Jean-Sébastien Bach, arrangée au violon seul par Tedi Papavrami:

samedi 6 février 2010

Thème et Variations (suite)

Entendu ce matin à la radio, les variations de Max Reger sur un thème de Mozart (qu'on peut réécouter sur le site de Radio France ou encore sur le site musicme). La douce voix d'Émilie Munera nous apprend qu'elles ont été composées en 1914 à une époque ou le musicien traversait une grave dépression.

De fait, on l'aurait aisément deviné en écoutant ces variations. Comment une simple orchestration peut changer à ce point le caractère d'un thème ? Car le thème indiqué andante grazioso de la sonate K331 de Mozart, qu'on peut écouter un peu partout, sur youtube par exemple, à condition d'éviter la version de Glenn Gould, un peu trop maniérée à mon goût, ce thème, s'il est un peu rêveur et suspendu à on ne sait quoi d'inexprimable, n'est pas particulièrement mélancolique en soi.

L'orchestration de Reger, par de petits détails comme l'usage du hautbois, en fait une cavatine funèbre, dont la couleur sonore me fait davantage penser au requiem de Fauré, dont ces variations sont contemporaines, qu'à la sonate pour pianoforte dont elle est issue. Les variations ont chacune leur caractère, mais ne sont pas aussi mélancolique, sauf peut-être la huitième. La dernière variation est une fugue qui dure près de dix minutes !

Une preuve supplémentaire, si elle était nécessaire, qu'une orchestration est une ré-écriture, et qu'elle peut avoir sa propre personnalité. Au passage merci à France Musique de nous faire re-découvrir une oeuvre peu connue et dont on ne voit pas pourquoi on la jouerait moins souvent que les variations de Brahms sur un thème de Haydn.

samedi 9 janvier 2010

Faut-il jouer des transcriptions ?

Discussions informelles entres altistes lors de la pause d'une répétition d'orchestre. Qu'est-ce que tu joues en ce moment ? me demande un de mes camarades. La sonate de Franck. Je me suis bricolé un petit arrangement de derrière les fagots. Mais c'est pas bien du tout, de jouer des transcriptions d'oeuvres pour violon, me sermone-t-il. Il faut jouer des vraies oeuvres pour alto. Je regarde mon pote altiste une seconde et me rappelle que c'est un ex-violoniste qui est passé à l'alto après avoir échoué à son premier prix de violon. Il a le prosélytisme des nouveaux convertis. Mais ce serait se refuser un petit plaisir que de ne pas terminer la conversation par un petit mat en trois coups:

- Dis-moi, tu as bien joué la sonate Arpeggione de Schubert ?

- Oui.

- Mais dis-moi-dis-moi c'est une transcription, ça dis-donc ?

- Certes, mais l'arpeggione n'existe plus !

- Et tu joues aussi les deux sonates de Brahms (écrites pour clarinette au départ, NDLR) ?

- Oui. Mais c'est Brahms lui-même qui a fait la transcription donc c'est autorisé (sic)

- Ah ! je vois je vois. Et tu joues aussi les sonates et partitas de Bach pour violon seul ?

- Oui, bien sûr.

- Comment ça, bien sûr ? (échec et mat) C'est une transcription, et elle n'est pas de Bach !

- Oui, mais c'est différent, tout le monde le fait (re-sic).

La transcription musicale est une histoire d'écriture comme la traduction d'un poème d'une langue dans une autre. Certains pensent que les qualités d'un poème ne peuvent s'apprécier que dans la langue originale, mais de nombreux poètes, en traduisant avec goût et avec style l'oeuvre de leurs pairs, leur ont donné tort. Est-ce que pour autant on peut transcrire n'importe quelle pièce pour n'importe quelle formation ? Pour moi, l'intérêt d'une transcription musicale doit s'apprécier au cas par cas. Ainsi, la sonate en La majeur pour violon et piano de César Franck s'accommode très bien de voir le violon remplacé par un autre instrument mélodique, comme la flûte, la clarinette, ou l'alto. Jacqueline Du Pré a enregistré une superbe version de cette sonate au violoncelle. Par contre, on n'imaginerait pas remplacer le piano par un autre instrument (orgue, clavecin, cymbalum ou celesta) ni même par l'orchestre. Car l'écriture est éminemment pianistique, tant par la technique que par la sonorité.

Un autre exemple: il ne m'est jamais venu à l'esprit de jouer à l'alto la sonate pour violon et piano de Maurice Ravel. Cette sonate utilise de manière trop spécifique le son, la tessiture, le caractère, la technique du violon. Cette magnifique sonate est de manière définitive l'apanage des violonistes. En revanche, remplacer le piano par un petit ensemble orchestral pourrait donner de très belles choses. De ce point de vue la sonate de Ravel est donc l'exact opposé de celle de Franck.

Remarquons que les compositeurs ont toujours pratiqué la transcription et la ré-instrumentation, sur leurs oeuvres et sur celles des autres. Les exemples sont trop nombreux pour qu'on se fatigue à en donner, mais on décernera tout de même la médaille d'or à Franz Liszt pour ses innombrables réductions au piano et orchestrations qui sont des modèles du genre.

La transcription est aussi une question d'interprétation. Un chanteur baryton peut-il chanter une mélodie écrite pour soprano ? Dans ce cas, doit-il la transposer ? La réponse dépend du style et de la technique vocale de l'interprète autant que de l'oeuvre.

Une bonne transcription musicale, tout comme une bonne traduction littéraire, doit pouvoir s'apprécier en soi, comme si ça n'était pas une transcription. Ainsi on peut très bien se régaler à écouter les Tableaux d'une exposition dans l'orchestration de Ravel sans connaître la version originale, pour piano, de Moussorgsky. Ce critère est pour moi supérieur à celui de la fidélité note à note. Les romans dont la traduction est correcte mot à mot mais lourde à la lecture sont aussi pénibles à supporter que les orchestrations de pièce pour piano qui cherchent à reproduire la sonorité et la résonance d'un piano de manière trop exacte, au lieu d'utiliser les ressources des instruments de manière inventive et d'explorer des aspects que la pièce pour piano ne fait que suggérer.

En résumé, peut-on faire toutes les transcriptions qu'on veut ? Oui, bien sûr. Comment distinguer une bonne et une mauvaise transcription ? Lorsqu'on arrive à deviner que c'est une transcription (sans connaître l'original) alors c'est sans doute une mauvaise transcription. Comme un voleur habile, le musicien transcripteur doit savoir effacer toutes les traces se son passage...

mardi 24 novembre 2009

Hyper-partition

Nous avions brièvement parlé de l'opéra Hypermusic prologue d'Hector Parra (dont une vidéo est disponible ici) dans ce journal. Le blog de l'éditeur Sibelius publie un court extrait de la partition manuscrite ainsi que la partition éditée. Comme indiqué en tête de la page c'est un passage "microsopique" mais "flamboyant".

Un peu comme les mouvements en apparence frénétiques et désordonnés des particules observés par Robert Brown (inventeur du mouvement brownien) expriment en fait la beauté et l'harmonie immuable de la Nature, les col legno, glissandos d'harmoniques et autres molto écrasé qui constellent cette page ne sont que les particules élémentaires d'une texture musicale macro-cosmogonique et immobile dans sa transcendance astro-psychédélique. Simple, non ?

mercredi 28 octobre 2009

L'Europe en musique

Non, ce journal n'est pas en deshérence, mais son auteur est fort occupé par un stage d'orchestre cette semaine. La formation dont il s'agit est l'Orchestre des jeunes de la Grande Région, également connu sous l'acronyme barbare de CMGR. C'est un projet qui réunit les conservatoires de Metz, Nancy, Luxembourg, Esch-sur-Alzette, Liège, Sarrebrück et  Mayence. Au programme, trois oeuvres romantique et une qui ne l'est déjà plus du tout:

1. Finlandia de Jean Sibelius
2. Concerto pour piano et orchestre de Edvard Grieg
3. Kikimora ("petite socière noire") d'Anatoli Liadov
4. L’oiseau de feu (suite pour orchestre) d'Igor Stravinsky

A la baguette, un tout jeune chef de soixante ans à peine avec une fort belle carrière derrière lui: Jacques Mercier, qui dirige actuellement l'Orchestre National de Lorraine.

Six concerts sont programmés dans les villes que j'ai citées (auquel il faut ajouter Reims) du 31 octobre au 6 novembre prochain. Tous sont à entrée libre, n'hésitez pas à venir (les détails sont sur le site de la CMGR).

jeudi 8 octobre 2009

Lamartine c'est schtroumpfement beau

Piqué dans leur dernier album des schtroumpfs (Schtroumpf les bains, éditions le lombard) qui voit les petits êtres bleus goûter aux joies et aux malheurs du tourisme, ces deux allusions à un poème célébrissime:

Comme le signale une note de bas de page, toute ressemblance à un poème existant serait purement schtroumpf.

Outre le fait que les schtroumpfs vont en vacances au bord d'un lac, ce qui rendait l'allusion au Lac de Lamartine quasi obligée, il est intéressant de noter que la poésie de Lamartine est assimilée à la poésie tout court. Plus que tout autre (et avant tous les autres) il a incarné cette poésie romantique qui rêve de se substituer à la musique, et, comme la musique, d'exprimer les sentiments les plus intimes et les plus élevés de la façon la plus directe qui soit. Les accusations de mièvrerie, de fadeur, voire même de franche hypocrisie (pensez au sinistre personnage de Canalis dans la Comédie humaine de Balzac) qu'on lui a porté par la suite n'ont fait que renforcer ce statut privilégié de la poésie romantique. A tel point que pour la plupart des gens poésie est synonyme de poésie romantique et qu'on emploie souvent l'adjectif poétique comme un synonyme de romantique ou même de beau ou encore émouvant ce qui permet d'appeler poétiques des choses qui n'ont pas de lien direct avec la littérature (personnes, paysages, oeuvres d'art). Mais comme cette poésie-là prétend venir directement du coeur (et par conséquent n'user d'aucun artifice et n'être pas le produit d'un travail d'écriture) et englober la totalité du monde, à travers la capacité de notre coeur à entrer en résonance avec lui, cela n'a rien d'incohérent.

Il y eut un certain nombre de tentatives de mise en musique du Lac, la plupart contemporaines de Lamartine, mais aucune qui soit pleinement convaincante. Cette poésie porte une telle musicalité dans le texte lui-même qu'on peine à lui apporter quelque chose de plus par la musique. Une musique trop fluide ou discrète n'apporterait rien au texte, tandis qu'une musique plus audacieuse pourrait se trouver en porte-à-faux avec les sentiments exprimés. Un vrai casse-tête ! Finalement la mise en musique la plus convaincante de la poésie de Lamartine se trouve peut-être chez Liszt, qui dans ses Harmonies poétiques et religieuses, cycle de pièces pour piano seul qui comporte des chefs-d'œuvres absolus comme Funérailles, Bénédiction de Dieu dans la solitude et Pensées des Morts, a placé de longs extraits des poèmes de Lamartine dont il s'est inspiré en tête de chaque pièce. L'idéal en concert (ou pourquoi pas au disque) étant d'avoir un récitant pour déclamer les vers avant que la musique commence. Ainsi pour l'Invocation qui ouvre le cycle et qui termine ce billet:

Élevez-vous, voix de mon âme
Avec l'aurore, avec la nuit !
Élancez-vous comme la flamme,
Répandez-vous comme le bruit !
Flottez sur l'aile des nuages,
Mêlez-vous aux vents, aux orages,
Au tonnerre, au fracas des flots;
L'homme en vain ferme sa paupière;
L'hymne éternel de la prière
Trouvera partout des échos !

Élevez-vous dans le silence
A l'heure où dans l'ombre du soir
La lampe des nuits se balance,
Quand le prêtre éteint l'encensoir;
Élevez-vous au bord des ondes
Dans ces solitudes profondes
Où Dieu se révèle à la foi !
Chantez dans mes heures funèbres :
Amour, il n'est point de ténèbres,
Point de solitude avec toi !


mercredi 9 septembre 2009

Le festival Présences rend hommage à Olivier Greif

Le occasions d'entendre en concert la musique d'Olivier Greif sont encore assez rares, malheureusement. Je dois au baryton L'Oiseleur des Longchamps qui avait créé sa symphonie pour voix et orchestre d'avoir découvert ce compositeur. Aussi il ne faudra pas bouder son plaisir la semaine prochaine, lorsque le festival Présences de Radio-France nous permet d'écouter le concerto pour violoncelle le 18 septembre prochain, à la maison de la Radio, avec Henri Demarquette en soliste et Jean-Claude Casadesus à la baguette de l'Orchestre National de France. Le lendemain, on pourra entendre les bouleversantes lettres de Westerbork (dont il existe un enregistrement chez Triton). Enfin, le 20 septembre permettra d'entendre une orchestration du Tombeau de Ravel, avec Laurent Petitgirard à la tête de l'orchestre Colonne. Ces trois concerts gratuits donnés par de superbes artistes vous permettront peut-être de découvrir l'univers très personnel et très attachant d'Olivier Greif. Mais également de ré-entendre les Métaboles de Dutilleux et d'assister à des créations comme Zverohra de Krystof Maratka, pour soprano et orchestre, sous la direction du compositeur.

A lire aussi: l'article d'Alain Cochard sur Concertclassic.com

mardi 16 juin 2009

Armande de Polignac: le Héron Blanc

Le compositeur du jour est une compositrice: Armande de Polignac (1876-1962). C'était une élève de Vincent d'Indy et la nièce de la célèbre Princesse de Polignac, célèbre mécène qui a soutenu Ravel, Stravinski, Milhaud et bien d'autres.

Pour sa biographie, je vous renvoie au livre Les compositrices en France au XIXe siècle de Florence Launay chez Fayard. Sa musique est quasiment introuvable dans le circuit commercial. Seules deux mélodies sont éditées chez Eschig (Rêverie et Soir au jardin). Aucun disque. Bref c'est la femme invisible, ou plutôt inaudible.

C'est donc une oeuvre rarissime que je vous propose de découvrir. Écoutons ensemble le Héron Blanc, paroles de Franz Toussaint d'après Li-Tai-Po (poète chinois du 8è siècle), tiré du recueil La flûte de jade, chanté par L'Oiseleur des Longchamps accompagné par Mary Siciliano, en concert le 27 mai 2009:

Ce grand flocon de neige était un héron,
qui vient de se poser sur le lac bleu.
Immobile á l'extrémité d'un banc de sable,
le héron blanc regarde l'Hiver.

Vous avez certainement entendu le subtil usage des dissonances dans cette pièce, ainsi que la façon dont L'Oiseleur des Longchamps pousse sa voix dans le pianissimo, aux limites de la rupture... certains critiques parlent de "prise de risque", je préfère le mot d'engagement, car il exprime bien le fait que les risques qui sont pris n'ont rien de gratuit mais sont au service de l'expression.

Il ne me reste qu'à remercier chaleureusement les artistes de m'avoir permis de découvrir Armande de Polignac d'abord et ensuite de publier cette pièce dans ce journal. J'ai entendu parler d'un projet de disque. Puisse les mânes capricieuses qui tissent les fils du destin en permettre la réalisation !

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