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dimanche 22 mars 2020

Les joies du confinement

Être assigné à résidence n'est pas une partie de plaisir. Qui que nous soyons, cela nous prive de l'une des choses que nous aimons le plus et qui est sans doute indispensable à notre santé: la vie sociale. Cependant, bien qu'éprouvante, cette période singulière peut aussi nous offrir de grandes joies.

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lundi 17 février 2020

Les maux du Grivois

Il avait montré sa boîte et s’est dit : « j’habite à Paris, c’est la loi ». Une vraie boîte de riz !

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lundi 1 avril 2019

Marlène Schiappa nommée directrice de l’opéra de Paris

Alors que certaines voix s’élevaient pour dénoncer une short-list exclusivement masculine pour remplacer Stéphane Lissner à la tête de l’opéra national de Paris, le Ministère de la Culture a surpris tout le monde en annonçant la nomination de Marlène Schiappa à la tête de cette prestigieuse maison. Elle deviendra ainsi la toute première directrice depuis 1669. 

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dimanche 25 septembre 2016

Requiem pour la Salle Pleyel

Inaugurée en 1928, la Salle Pleyel était la troisième à porter ce nom (la toute première Salle Pleyel ouvrit en 1830). Comme son nom l'indique, c'est l'oeuvre d'un facteur de piano français qui fut un des meilleurs du monde et qui est aujourd'hui moribond, hélas.

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La salle Pleyel telle que nous ne la verrons plus jamais

 

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mardi 31 mai 2016

Nous en aurons raison

Voilà longtemps que je voulais écrire un article sur ce sujet, depuis les attentas du 7 janvier 2015 en fait. Mais je voulais également prendre mon temps pour le faire, d'abord par respect pour les victimes et leurs familles: je trouve le déluge de paroles sur les chaînes et sites d'informations après un attentat indécent et peu compatible avec le silence qui convient au travail de deuil, ainsi qu'au temps de la réflexion, plus que jamais nécessaire. Je n'avais pas encore publié mon papier que les attentats du 13 novembre 2015 à Paris puis du 22 mars 2016 à Bruxelles ont été perpétrés, confirmant en tout point mes intuitions. Là encore les media se sont concentrés sur l'émotionnel pur, ou encore sur les savantes analyses de politologues, sociologues, sécuritologues et autres islamologues qui n'avaient pour effet que d'augmenter la panique et la confusion. On en viendrait presque à croire qu'ils sont les alliés objectifs des terroristes, en mobilisant toute leur énergie pour nous faire peur. Au milieu de ce fatras les seules paroles que j'ai retenues sont celles d'Antoine Leiris, journaliste et époux d'une des victimes du Bataclan. C'étaient les seules paroles sincères, sensibles et sensées, inspirées par l'amour de la vie.

 

 

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mardi 8 mars 2016

Papageno met du rouge

Aujourd'hui, jounée internationale des droits des femmes, le journal de Papageno met du rouge:

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dimanche 17 janvier 2016

La dernière colère de Pierre Boulez

Monsieur Pierre Boulez nous a quitté le 6 janvier dernier. Hommages et témoignages n’ont  cessé d’affluer, dans la presse écrite (avec une série d’articles de Renaut Machart dans le Monde, la une de Libé) mais aussi sur ma radio préférée, France Musique, où des musiciens comme Pierre-Laurent Aimard ou Pascal Dusapin ont trouvé des mots justes et d’une émouvante simplicité pour évoquer sa mémoire.  (à réécouter dans le « Classic Club » de Lionel Esparza du 7 janvier). Il n’y a guère que le Gorafi qui n’a pas encore rendu hommage à sa façon au musicien français le plus célèbre dans le monde après David Guetta.

C’est en 1945 qu’Olivier Messiaen accueille dans sa classe d’Analyse au Conservatoire un jeune homme de vingt ans particulièrement brillant, dont il ne tarde pas à remarquer le tempérament bouillant et irascible. C’est une colère terrible qui anime Pierre Boulez, colère qu’on peut déjà sentir dans sa Première Sonate pour piano, et qui ne s’est jamais calmée depuis.  On sent encore très nettement une forme de rage froide dans la pièce Sur Incises de 1998. Avec quelques autres (Cage, Stockhausen, Ligeti, Berio, Xenakis) ils vont péter la baraque. Du haut de leur vingt ans, ils vont ringardiser ceux qu’on considérait comme avant-gardistes dans les années 1930 : Messiaen, Hindemith, Bartók, Stravinsky, Janacek, Chostakovitch, et même Schönberg.

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vendredi 26 juin 2015

Philharmonique ta mère !

Après seulement 6 mois d'existence, on peut dire que la Philharmonie de Paris a su gagner sa place dans le paysage culturel parisien, par la qualité et la diversité de la programmation (et bien sûr par les qualités acoustiques de la Grande Sallle qui sont assez largement reconnues). En tant que lieu culturel, on peut d'ores et déjà dire que c'est un grand succès.

En tant qu'object architectural, c'est une des pires horreurs qui aient jamais été construites !

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jeudi 26 mars 2015

Joyeux Boulez-iversaire !

Pierre Boulez partage avec Mozart ce privilège que même ceux qui n'ont pas vraiment écouté sa musique et ne sauraient pas la reconnaître peuvent citer son nom lors d'un dîner en ville. Le plus souvent d'ailleurs, son nom sera utilisé comme repoussoir, comme symbole de tout ce qu'on aime pas dans la musique moderne: dissonante, élitiste, arrogante, coupée du public mais pas des subventions publiques. Comme pour encourager cette vision caricaturale, Boulez ne s'est pas privé tout au long de sa carrière de critiquer très durement tout ce qui ne cadrait pas avec son esthétique. Et si ça ne suffisait pas, l'expo à la Philharmonie, les concerts et hommages institutionnels à l'occasion de son 90e anniversaire ne manqueront pas de conforter cette image du musicien d'avant-garde officiel, couvert d'honneurs à défaut d'être aimé d'une large partie du public ou des musiciens.

Pourtant, la musique de celui qui a fondé l'Ensemble Inter-contemorain et l'IRCAM ne mérite-elle qu'on aille au-delà de ces clichés ?

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jeudi 19 mars 2015

La mairie de Paris refuse de rendre hommage à Dutilleux

A lire ici (sur le blog l'indépendant du 4e), ici, et puis encore ici, sur le site de Diapason magazine (ou encore dans Le Monde). En résumé, le maire du IVe arrondissement a refusé d'apposer une plaque commémorative sur l'immeuble de l'île Saint Louis qui fut occupé par Henri Dutilleux, au nom d'une sorte de ridicule procès posthume en collaboration. Comparer Dutilleux avec l'écrivain Céline n'est pas judicieux ni justifié par les faits historiques.

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vendredi 13 mars 2015

À mes ami(e)s attaché(e)s de presse

Il m'arrive de temps à autre de recevoir un dossier envoyé par un(e) gentil(le) attaché de presse, assorti d'une gentille invitation. La réponse est toujours la même j'ai fini par la stocker dans un fichier afin de la copier-coller à chaque fois.  

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jeudi 5 février 2015

Vous avez dit: immobilisme ?

L'opéra est un genre musical mort et enterré. On l'a dit et redit dans les colonnes de ce journal. Né au tournant des années 1600 en Italie, ayant atteint la maturité à l'époque de Mozart, une véritable explosion au XIXe siècle où chaque nation voulut des opéras dans sa langue, déjà décadent avec Wagner et Verdi, il agonisa joliment durant le vingtième siècle, produisant ses derniers feux avec Strauss ou Schoenberg. En de début de XXIe siècle, il coule moins de sang vif dans ses veines que dans celles du malheureux Vincent Lambert.

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lundi 2 février 2015

Sound of Stockholm par l'itinéraire

Ouï au conservatoire Claude Debussy du 17e arrondissement le 23 janvier dernier, le programme Sound of Stockholm de l'itinéraire. Un ensemble qui réalise un travail fantastique avec des moyens matériels sans commune avec d'autre formations comme l'inter-contemporain pour ne pas le citer.

Comme son nom l'indique, ce programme a été composé pour le festival Sound of Stockholm comme un mille-feuilles alternant des créations et des pièces plus ``classiques'' de Grisey, Scelsi et Leroux.

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vendredi 16 janvier 2015

Le silence de la mer (Tomasi-Vercors)

Si je n'ai pas réagi dans ce Journal aux attentats du 7 janvier, ce n'est pas par indifférence ou paresse. C'est d'abord pour observer un silence respectueux devant les familles des victimes: le déferlement de paroles dans les media alors que les coprs étaient encore chauds m'a mis fort mal à l'aise et poussé à chercher le recueillement et la solitude plus que la foule et le bruit (bien que j'aie participé à la manif avec mes proches). 

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mercredi 14 janvier 2015

Philharmonie: le coup de gueule de Jean Nouvel

A lire dans le Monde du 14 janvier, Pourquoi je n'irai pas à l'inauguration de la Philharmonie  par l'architecte Jean Nouve, publiée à quelques heures du premier concert du Gala d'ouverture.

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mardi 24 septembre 2013

MusOpen: de la musique open source ?

Le micro-mécénat permet de résoudre l'équation en apparence insoluble de la gratuité conjuguée à la rémunération équitable des artistes.

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mercredi 7 août 2013

La musique néotonale, et après ?

Il y a quelques mois, le compositeur Karol Beffa a donné une série de conférences au Collège de France. Il a invité notamment le mathématicien Cédric Villani pour une passionnante séance sur le sujet: D'où nous viennent nos idées: la créativité en mathématiques et en musique. (dont la vidéo est toujours disponible sur le site du Collège de France). Curieusement, cette conférence a beaucoup moins retenu l'attention qu'une autre pourtant infiniment moins intéressante, qui portait une charge féroce et sans grande subtilité contre la musique atonale en général. Je n'y avais pas réagi dans ce Journal, car je pensais, comme Claude Abromont d'ailleurs, que c'est un débat totalement dépassé. Il pouvait avoir du sens dans les années 30, à l'époque de Stawinsky, Hindemith et Schoenberg, des tractions avant et des chapeaux melons. Il n'en a plus aucun aujourd'hui.

Écoutons par exemple Le Voile d'Orphée de Pierre Henry: est-ce de la musique tonale ou atonale ? consonante ou dissonante ? Ni l'un ni l'autre à mon avis. La notion de consonance a une réelle base physiologique mais l'opposition binaire consonant/dissonant n'a de sens qu'avec des sons harmoniques (des notes de piano ou de violon, ou la voix chantée par exemple). Et que dire de Stimmung de Stockhausen, qui dure deux heures mais utilise un seul accord parfaitement statique (et parfaitement consonnant, ce sont les harmoniques naturels d'un si bémol) ? Cette pièce parfaitement inclassable travaille avec des sons, et non avec des notes.

Avec la naissance de la musique électro-acoustique, certains musiciens ont commencé à explorer le continuum sonore, l'infinie subtilité de tous les intermédiaires entre les sons les plus purs (plus purs qu'une note de flûte) et les plus rudes (jusqu'au cluster ou au bruit blanc). Dans cet immense espace qui reste largement inexploré, les sons qu'on peut produire avec un clavier de piano et ses 12 demi-tons tempérés ne forment qu'un minuscule sous-ensemble, certes très riche en lui-même mais limité par nature. Même les pièces écrites pour la voix ou les instruments acoustiques ont changé car c'est la façon d'écouter qui a changé.

Par ailleurs, je trouvais que répondre aux arguments de ce pianiste-compositeur point par point, comme l'a fait Philippe Manoury sur son blog, ou se fendre d'une lettre au directeur du Collège de France, comme l'a fait Pascal Dusapin, c'est vraiment lui faire beaucoup d'honneur. C'est accepter d'entrer dans le débat selon les termes limités qu'il a lui-même fixés, et accepter pour acquise la division dont il reconnaît lui-même le caractère "binaire". Faut-il déterrer la hache de guerre, vraiment, comme le pense Jacques Drillon ? L'anus des des mouches drosophiles ne risque-t-il pas d'être l'unique victime d'une telle "guerre" ?

Néanmoins, il y a tout de même une raison de vouloir se positionner par rapport ce (faux) débat. Qu'un compositeur défende sa propre musique bec et ongles, c'est on ne peut plus légitime; qu'il dise haut et fort "j'écris comme cela, c'est moi choix et j'en suis fier", c'est parfaitement naturel; mais qu'il prétende faire la loi, dicter aux autres ce qu'ils doivent faire, séparer la "bonne" manière d'écrire de la musique de la "mauvaise", c'est une autre affaire. Aussi, voilà ce que je dirais à ce musicien, si par aventure j'avais le plaisir de faire sa connaissance :

Je suis frappé, abasourdi même, par le contraste très grand, entre votre musique qui est tellement sage, et vos propos qui sont tellement violents sur la musique de certains de vos contemporains. Pourquoi un tel acharnement, une telle focalisation négative ?

La violence, mon cher ami, c'est dans musique qu'il faut la mettre. C'est dans la partition, et non dans de stériles polémiques. Les cris d'angoisse ou de rage, aussi bien que les murmures de l'espoir ou douces paroles de la consolation, ont leur place sur scène et non dans les salons où l’on cause.

Si vous sentez de la colère en vous et ne trouvez pas le moyen de l'exprimer dans votre musique, alors vous avez un sérieux problème. Quel est l'intérêt d'une musique qui n'exprime rien de sincère ni de personnel, rien d'essentiel ? S'il s'agit simplement de notes assemblées selon les règles de l'art, sans l'urgente nécessité d'exprimer quelque chose, alors ce n'est que du remplissage. Un aimable divertissement tout juste bon à servir de fond sonore dans un supermarché ou un téléfilm.

Si nous apprécions aujourd'hui encore la musique de Joseph Haydn, c'est parce qu'elle nous surprend. Parce qu'elle sort du cadre, qu'elle déjoue nos attentes avec ses modulations brusques, ses silences, ses cadences rompues, ses surprises. Celle de Beethoven aussi sort du cadre, on y sent une telle énergie, une telle colère que la forme sonate est rudement mise à l'épreuve, jusqu'à éclater dans le 14e quatuor par exemple. On sent une colère comparable dans les sonates pour piano du jeune Boulez, une rage impossible à calmer. Mais c'est une colère créative et féconde, qui a ouvert des portes. C'est une claque dans la figure. On a le droit bien sûr de ne pas aimer prendre les claques, mais cette musique exprime vraiment quelque chose.

Lorsque vous affirmez péremptoirement que la musique traditionnaliste (néotonale si vous voulez) est celle qui "plaît au public", j'ai envie de vous demander: "quel public ?". Chaque style de musique a son public. Je doute que les amateurs de hard-rock ou les abonnés de l'inter-contemporain soient très intéressés par la vôtre. Et si l'adhésion d'un large public est le seul critère pour juger la qualité d'une musique, alors Michaël Jackson et Adèle sont les meilleurs musiciens de tous les temps. Et soit dit en passant, même les amateurs de "classique" ont tendance à bouder la musique néotonale, affirmant à tort ou à raison qu'ils préfèrent l'original à la copie.

Prenons un dernier exemple. Si Kubrick avait choisi une pièce néotonale comme celle-ci (au hasard) pour accompagner l'arrivée du monolithe noir dans 2001 Odyssée de l'Espace, le public aurait-il vécu des émotions aussi fortes ? J'en doute. Le Lux Aeternae du Requiem de Ligeti paraît un excellent choix pour cette scène, choix effectué par un fin mélomane qui connaissait ses classiques.

Il faut bien vous rendre à l'évidence: dans la musique qui échappe au cadre étroit et scolaire qui enserre la vôtre, il existe des œuvres fortes qui expriment des émotions puissantes et d'une incroyable diversité. Et il existe un ou plutôt des publics qui ont adopté ces œuvres, appris à aimer ces nouvelles esthétiques. Pour ne donner qu’un seul exemple, la violoniste Hilary Hahn a été très bien accueillie par le public comme la critique partout où elle a joué le concerto de Schoenberg. Les gens qui l’ont applaudi sont-ils tous des imbéciles n’ayant aucune oreille ? J’en doute.

Dans la musique que les nazis ont combattu comme "dégénérée" et les communistes comme "petite-bourgeoise" et "formaliste" se trouvent les vrais trésors du répertoire du XXe siècle. De Schoenberg et Bartok à Carter et Lachenmann, des centaines de musiciens audacieux ont repoussé les limites et ouvert tout un monde nouveau à nos oreilles. Les frontières qu'ils ont franchi à l'époque n'existent plus. Grâce à ces courageux pionniers, les compositeurs ont aujourd'hui une palette expressive plus vaste que jamais.

S'il vous plaît de sous-utiliser ce potentiel formidable, de vous restreindre aux méthodes les plus traditionnelles de fabrication du "bruit organisé", libre à vous ! L'histoire de la musique est remplie de passéistes comme Brahms ou Rachmaninov, preuve que sur le long terme la qualité seule de l'écriture compte. Mais de grâce, pourquoi vouloir restreindre la liberté des autres compositeurs ? Vous êtes naturellement persuadé que vos choix personnels sont les bons. Ils conviennent à votre caractère et à votre tempérament, mais pourquoi vouloir les imposer aux autres ? Pourquoi dépenser tant d'énergie dans la critique de ce que vous n'aimez pas et connaissez assez peu ? Ne vaut-il pas mieux la dépenser dans l'activité créatrice ?

Au risque de me répéter: c'est sur scène qu'il faut péter la baraque, et non durant l’entracte. C'est dans la musique qu'il faut mettre la frustration, la douleur, la tristesse, la rage, la joie féroce d'exister. Étonnez-moi ! Écrivez une pièce où l'on trouve la même violence que dans votre conférence. Si vous y parvenez, vous aurez gagné tout mon respect.

mercredi 10 juillet 2013

La scandaleuse stupidité du gouvernement hollandais

Pour continuer sur le même sujet (et sur le même blog), les Néerlandais sont en train de fermer la plus grande bibliothèque d'enregistrements d'Europe (celle de la Radio publique), tandis que l'orchestre de chambre rattaché à la même radio donnait son dernier concert. Je l'ai déjà écrit dans ce journal: il faut des années pour constituer une belle phalange orchestrale; si on arrivait à maintenir des orchestres en activité en 1943, serait-on incapables de le faire en 2013 faute de moyens financiers ?

Quand on sait que par ailleurs la famille royale des Pays-Pas dont le patrimoine serait estimé entre 300 millions et 5 milliards, touche 40 millions d'euros de dotation par an, on se dit que ce n'est vraiment pas l'argent qui manque dans ce pays qui figure parmi les plus prospères de la zone Euro. Il y a vraiment de quoi être écoeuré. Est-ce un restant de culture calviniste qui cause un tel mépris pour la musique ? Est-ce une idéologie hostile par principe à toute projet artistique ce qui serait public et financé par l'impôt ? Est-ce de la stupidité pure et simple ?

Quand on voit le nombre de visiteurs que le musée du Louvre attire à lui seul, on ne peut que se féliciter que l'État n'ait pas bradé les trésors inestimables qu'ils renferme pour boucher les trous du budget lors des années difficiles qui n'ont pas manqué au XIXe et au XXe siècle.

Il faut le répéter encore une fois: la culture ne coûte vraiment pas cher, comparé aux autres budgets publics. Elle crée des richesse matérielles (du PIB si vous préférez) grâce à un effet de levier important (tourisme, hôtellerie), mais aussi des richesses matérielles qui sont peut-être plus importantes encore. Vous savez, ce petit quelque chose qui fait que parfois on a l'impression d'être un peu plus qu'une bande de singes avides et crasseux en train de bousiller notre écosystème. Quand on écoute Mozart, Liszt ou Dutilleux, on a parfois l'impression que peut-être, il existe une civilisation, un beau et grand projet qui nous dépasse, une harmonie divine dans laquelle chacun de nous aurait sa place...

Supprimer un orchestre pour économiser des crottes de nez, c'est comme si je te dis tu te rases la tête pour économiser du shampoing. Non mais allô quoi !!!

mardi 9 juillet 2013

Gergiev et Temirkanov soutiennent l'orchestre de la radio-télévision grecque

Lu sur le blog (anglophone) de Norman Lebrecht, la lettre de soutien de deux stars russes de la direction d'orchestre - Valery Gerviev et Yuri Temirkanov - aux musiciens de la radio-télévision d'État grecque, qui attendent toujours d'être fixés sur leur sort.

Certains de leurs arguments sont très forts: ils rappellent notamment que même dans les heures les plus sombres de la crise qui a suivi la chute du communisme, les orchestres russes ont continué de fonctionner (et en Europe, c'est vrai de la plupart des orchestre pendant les années de guerre, pourrait-on ajouter). Ils ajoutent encore qu'un pays sans culture est un pays sans futur, et que la destruction d'un tel ensemble porterait un coup fatal à la culture et au prestige de la Grèce parmi les nations civilisées, sans rien résoudre au plan économique bien sûr. 

A propos des orchestres de la radio néerlandaise, j'avais déjà écrit pour ma part que les économies réalisées sont insignifiantes à l'échelle du buget d'une nation. Contrairement aux avocats ou aux joueurs de tennis, les musiciens professionnels (dans le monde du classique au moins) sont des experts singulièrement peu onéreux. Les musiciens d'orchestre sont des artistes qui fournissent des efforts considérables pour arriver à l'excellence et se contentent en échange du salaire d'un employé de mairie. Loin de moi l'idée de dénigrer les employés de mairie, mais j'ai tout de même l'impression que la sympathique dame qui m'a aidé à remplir mon dossier de renouvellement de passeport n'avait pas fourni autant d'efforts ni surmonté autant de barrières pour décrocher et conserver son job qu'un artiste qui joue du violoncelle ou du trombone professionellement. Et qu'elle ne subissait pas les mêmes contraintes comme de travailler tard le soir ou encore le dimanches et jours fériés.

C'est donc un sentiment d'injustice et d'absurdité particulièrement fort qui m'étreint lorsque je vois que des formations symphoniques qui existent depuis des décennies, qui fournissent un service public d'accès à la culture pour tous avec un budget des plus modestes, sont menacés de mort par des bureaucrates sans conscience. Si l'on n'a plus ni musique ni poésie ni littérature, si l'on n'a plus accès à notre propre histoire, c'est la pire des dictatures qui nous attend. Car un objectif prioritaire de tous les dictatures a toujours été d'effacer la mémoire et la culture des peuples afin de mieux la manipuler. C'est pourquoi il faut écrire aux dirigeants de la Grèce (je ne veux pas parler du gouvernement ni du parlement grecs mais des fonctionnaires du FMI et de la Commission Européenne) pour leur redire: Oui à la culture pour tous, non au culte du veau d'or !

lundi 25 avril 2011

Du rififi à la Sorbonne

Après les orchestres de la radio néerlandaise, c'est l'Orchestre Universitaire de la Sorbonne qui est aujourd'hui menacé de disparition. Cette association qui fête cette année ses 35 ans d'existence fonctionne en partenariat avec Paris-IV Sorbonne. La participation à l'orchestre permet aux étudiants de valider des modules pour leurs diplômes de musicologie, des locaux et des heurs d'enseignement (autrement dit :des gros sous) sont mis à la disposition de Musique en Sorbonne.

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L'UFR de musicologie a décidé en février dernier de ne pas renouveler le partenariat, c'est à dire couper les fonds mais aussi de supprimer l'agrément qui permet aux étudiants d'intégrer l'orchestre dans leur cursus. Ce qui se cache au juste derrière cette décision n'est pas très clair, car la seule source d'information dont je dispose est la pétition qui dénonce et récuse cette décision.  Querelle de personnes, nous dit Daniel Morel dans son communiqué:

Dans un mail récent adressé à des signataires de la pétition et repris à destination de la communauté MusiSorbonne, l'UFR célèbre l'action de Jacques Grimbert et Denis Rouger sans citer une seule fois le travail accompli depuis trois ans par Johan Farjot, successeur de Jacques Grimbert à la tête du COUPS; Johan Farjot a porté la qualité de l'orchestre à un niveau jamais atteint et a fait rayonner Musique en Sorbonne par des actions nouvelles (organisation d'un Festival, organisation d'un concours "Jeunes Solistes" ouvert aux étudiants, ouverture à la musique contemporaine, …) dont la plupart sont réalisées en liaison avec l'UFR de Musicologie.

Il apparaît donc clairement que les querelles de personnes consécutives au départ de Jacques Grimbert prennent le pas sur les attentes pédagogiques des étudiants ; il s'agit de cloner le COUPS (mais avec quelle structure, quels moyens, pas un mot n'a été dit officiellement sur les personnels en poste) pour en faire un organisme sous le contrôle direct de l'UFR de Musicologie : recrutement des chefs (d'orchestre et de chœur) fait directement par l'université, comité de programmation rattaché à l’UFR qui décidera chaque année des œuvres à interpréter, ….

Les sites Qobuz et Resmusica ont repris l'info en se contentant de copier-coller le communiqué en question, on n'en saura donc pas plus. Le nœud de l'affaire est manifestement le contrôle de l'UFR de Musicologie sur l'Orchestre qu'elle finance (en partie seulement, le COUPS bénéficie d'autres recettes, comme les subventions publiques, le mécénat et la billetterie).

Quoi qu'il en soit, les justifications avancées officiellement par l'UFR pour une décision aussi grave paraissent des plus légères: "la direction de l’association « Musique en Sorbonne », sourde à nos demandes et fermée à toute concertation, n’est pas en mesure de répondre aux attentes de l’université dans ce nouveau contexte". Quelles peuvent être au juste ces attentes non satisfaites ? Il y a manifestement des raisons inavouables à cette décision. Quoi qu'il en soit le torchon brûle désormais entre musicologues et musiciens à Paris IV. Qui a dit que la musique adoucissait les mœurs ?

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