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jeudi 27 juin 2013

Nympho si criminelle en mi bémol, par Claude Abromont

Lu récemment, une sorte de polar commis par Claude Abromont, qui dans le civil est prof d'analyse musicale dans certain conservatoire parisien très chic. Comme dans tout bon polar, il y a de la viande froide au menu. Mais la victime n'est rien d'autre que l'inventeur de l'holomusicogramme, étrange appareil qui permet non seulement de comprendre visuellement la structure de la musique de manière très intuitive et en 3D s'il vous plaît, mais aussi d'interagir avec la musique. L'holomusicogramme rêvé par Claude Abromont serait donc (si d'aventure on en fabriquait un) davantage que l'outil ultime du musicologue : un véritable instrument de musique, produit par le croisement improbable entre le Thérémine, les jeux vidéos façon Guitar Hero et la présentation powerpoint d'un cours d'analyse musicale pour les nuls. C'est aussi, dans l'idée de l'auteur, un objet de collection qui peut atteindre des prix faramineux, à l'instar de certaines œuvres des arts plastiques.

Tout cela est fort amusant et parfois instructif. Si les maigres développements consacrés à la psychologie des personnages font plutôt penser à un tome pas particulièrement inspiré de la collection Harlequin, si le style littéraire est banal et sans couleur particulière, les passages consacrés au microcosme de la musique ancienne ou contemporaine, avec ses chapelles, ses haines féroces, son jargon, ses dieux et ses idoles, sont des plus réjouissants.

symphonie_criminelle_abromont.jpg
On peut sans doute reconnaître dans l'auteur un érudit, un passionné, ainsi qu'un esprit facétieux par moments. Ce livre est semé d'allusions et de blagues pour initiés. Pour ne donner qu'un exemple, lorsqu'il imagine une
Opération Walkyrie qui consiste à projeter la vidéo de l'opéra de Wagner à côté d'une analyse en temps réel des leitmotives, les lecteurs les plus jeunes ne se souviendront peut-être pas qu'Opération Walkyrie est le nom de code d'un complot des officiers allemands pour tenter d'assassiner Hitler en juillet 1944...

Comme une symphonie de Haydn, cette Symphonie Criminelle d'Abromont est spirituelle et plaisante ; elle se lit en trois heures avant d'être rangée dans un rayon des inclassables et des curiosités, hybride indéfinissable entre le polar, l'anticipation, et la vulgarisation musicologique. Il ne reste plus à Claude Abromont qu'à construire un prototype et déposer le brevet de l'holomusicogramme avant de le proposer à Yamaha, Sony ou Microsoft, afin de savoir si c'est une révolution, l'instrument de musique du XXIe siècle, un gadget de plus ou encore un simple fantasme de musicologue.

jeudi 18 avril 2013

Création de la Victoire de Guernica à Cergy-Pontoise

J'ai le plaisir et l'honneur de participer cette année aux Rencontres Internationales de Composition de Cergy-Pontoise en tant que (jeune) compositeur invité. Ce qui me permet d'inviter à mon tour les lecteurs de ce journal au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise samedi prochain (le 20 avril) à 17 heures pour un concert où seront données cinq créations de Gabriel Ledoux (Montréal, Québec), Abou Diab Wadji (Liban), Brunon Fioranelli (Argentine) et Luisa Antoni (Venise, Italie). Ce concert est gratuit.

La pièce que j'ai écrite pour cette occasion s'intitule La Victoire de Guernica pour soprano et six instruments, sur un texte de Paul Eluard. J'en parlerai plus longuement dans un autre billet. J'ai la chance de travailler avec la magnifique soprano colorature Sevan Manoukian sur ce projet (je suggère à nos lecteurs de l'écouter dans l'air de Cunéguonde extrait du Candide de Leonard Bernstein, un vrai morceau de bravoure vocale mais aussi une pièce magnifiquement écrite et relativement peu connue. Ou encore dans cet extrait de l'opéra Les Sacrifiés de Thierry Pécou, tout aussi passionnant dans un autre style).

Si ma pièce est sélectionnée par le jury, elle sera donnée également le dimanche 21 avril à 17h, toujours au Théâtre 95. Ce concert de clôture permettra également d'entendre un opéra de chambre de Guy Reibel.

Mise à jour 2017: la partition de ma Victoire de Guernica, qui a remporté deux prix aux Rencontres de Cergy-Pontoise, est dispnible sur le site de mon éditeur Tamino Productions. Une vidéo réalisée avec l'enregistrement de la création est également disponible.

jeudi 11 avril 2013

Claude, opéra de Thierry Escaich sur un livret de Robert Badinter en direct sur Arte Live Web

Ce soir à vingt heures aura lieu la rediffusion sur Arte Live Web de l'opéra de Thierry Escaich, Claude, sur un livret de Robert Badinter d'après un roman de Victor Hugo (Claude Gueux). Les créations d'opéra sont devenues suffisamment rares pour qu'on salue celle-ci et qu'on lui réserve le meilleur accueil. Thierry Escaich est un magnifique musicien à découvrir absolument si vous ne le connaissez déjà. Certains jugeront sa musique trop moderne et d'autres pas assez, pour ma part je retiens surtout que tout ce que j'ai pu entendre de Thierry Escaich était fort bien écrit, bien construit et sonnait très bien. Quand la musique est de bonne qualité elle s'impose par elle-même, indépendamment des choix esthétiques de son créateur.

Par ailleurs Badinter n'est pas n'importe qui, c'est tout de même l'homme qui a fait voter l'abolition de la peine de mort en France en 1981, à rebours d'une opinion publique qui y était encore majoritairement hostile. Je recommande en particulier aux plus jeunes lecteurs de ce Journal de lire L'Abolition du même Badinter, un livre de deux cent pages tout à fait essentiel pour comprendre les enjeux de l'abolition et le chemin qu'elle a suivi avant de s'imposer en France comme dans tous les pays européens. Un livre à mettre entre toutes les mains dès quatorze ans.

mardi 2 avril 2013

Créations par le CLSI à Saint Merry les 4 et 5 avril

L'excellent Vincent Royer me signale que le Cercle pour la Libération du Son et de l'Image, ou CLSI (si si, ça existe et ça n'est pas une secte; du moins avec une PAF à 7€ celle-là ne va pas ruiner ses sympathisants) donnera deux concerts en l'église Saint Merri, au centre de Paris, les 4 et 5 avril 2013. Les détails sont ici: Scelsi, Stockhausen et Radulescu pour les "classiques", Méfano, Méridan, Krashenko, Favory, Pape pour les créations. La plupart des pièces sont mixtes c'est à dire qu'elles utilisent aussi bien les instruments acoustiques que l'électronique.

Ne réfléchissez pas, réservez la date et venez, vous ne risquez rien à part quelque bonne surprise; de toute façon il n'y a rien que des matchs de foot ou des interview présidentielles à mourir d'ennui en ce moment à la télé.

mercredi 27 mars 2013

Concert du Quatuor Tana au chatêau de Loumarin

Les musiciens du Quatuor Tana, un des mes quatuors belges préférés (avec les Danel) seront de retour en France le 6 avril prochain. Au château de Loumarin très précisément, quelque part entre Avignon et Aix-en-Provence. Au programme: Mozart, Boesmans, Webern et Beethoven. C'est dans la série Jeunes Quatuors de Pro Quartet. On ne saurait trop recommander aux mélomanes qui habitent pas trop loin d'Aix de se faire du bien en réservant une place dès maintenant.

Cycle Voix et Quatuor (ProQuartet) en avril 2013

Après un superbe cycle Beethoven-Schoenberg-Boulez par les Diotima en novembre dernier, l'association Pro Quartet continue de célébrer dignement son 25e anniversaire avec une nouvelle série Voix et Quatuor, les 10, 14 et 15 avril prochains.

De très belles choses au programme: des créations, des oeuvres rares et des classiques du vingtième siècle (Berg, Zemlinsky, Nono). Le tout servi par de magnifiques interprètes. Plus de détails sur le site ProQuartet.

dimanche 24 mars 2013

En chantante Lune

J'ai le plaisir de vous inviter à un concert de mélodies dans toutes les langues le 10 avril prochain à Paris, concert qui vous permettra notamment d'entendre une de mes toutes dernières productions, le Lunatique sur un texte de Yourcenar commandée par l'occasion par L'Oiseleur des Longchamps.

en_chantante_lune_affiche.jpg

Concert de mélodies, airs, chansons, songs, Lieder, canzone, canciones ... sur le thème de la lune

Evelyn Vergara, soprano
Emilien Marion, ténor
L'oiseleur, baryton
Christophe Maynard, pianiste


oeuvres de : Anonyme, Bellini, Bernier, Boëlmann, Brahms, Chaminade, Chausson, Chrétien, Collin, Curschmann, Davico, Debussy, Dvorak, Fauré, Ferroud, Franz, Garat, Gaubert, Ginastera, Gounod, Greif, Grétry, Hahn, Holmès, Jadin, Kinkel, Kirschner, Krüger, Labori, Lacroix, de La Presle, Le Flem, Leroux, Loiseleur, Maas, Marinier, Mascagni, Massenet, Mecano, Mendelssohn, Picheran, Puget, Reichhardt, Respighi, Rodrigo, Rubinstein, Saguer, Saint-Saens, Schubert, Schumann, Scotto, Spohr, Strauss, Tricot, Vidal, Wakerfield, von Weber, Woodworth

sur des poèmes de : Bessière, de Bussy, Cipollini, Davidoff, Despax, Dorchain, Eichendorff, Even, Fiorentino, Fortolis, Guinand, Heine, Holmès, Hölty, Greif, Kugler, de La Ville de Mirmont, Lenau, Madeleine, Mendès, Mosen, Ossian, Osterwald, Samain, de Ségur, Shimasaki, Simrock, Vanor, Verlaine, Villancico, Villemer, Woddworth, Yourcenar

entrée : libre participation

adresse: Using Spring Court 5 passage Pivert Paris 11e
métros : Goncourt ou Belleville

illustration : Arthur John Black

samedi 9 avril 2011

Orgue et création, à la Philharmonie de Liège

Les salles de concert avec orgue sont devenues rarissimes: depuis la revente de l'orgue du Studio 104 de la Maison de la Radio à Paris en 1997 (les orgues de la salle Pleyel, de la salle Gaveau, du Théâtre des Champs Elysées ayant disparu bien avant), il ne reste qu'un grand orgue dans une salle de concert à Paris, celui de l'Auditorium Maurice Ravel à Lyon (un magnifique instrument construit par Cavaillé-Coll). Et en Belgique, à ma connaissance, l'orgue de la philharmonie de Liège est également le seul du pays. C'est tout de même étrange de constater à quel point l'orgue, qui est l'un des instruments les plus anciens (on le trouve en Grèce antique), et par son utilisation par les cultes catholiques et protestants, l'un des plus répandus dans la tradition musicale occidentale, ait à ce point disparu des salles de concert.

orgue_philharmonie_liege.jpgUne bonne raison de ne pas bouder son plaisir en acceptant la gracieuse invitation de la Philharmonie de Liège à un concert d'orgue gratuit et de surcroît à un horaire fort pratique: midi trente. Une autre raison étant bien sûr de venir écouter le travail de mes camarades organistes et compositeurs du Conservatoire. A ce propos, la différence de culture entre la Belgique et la France est frappante: il est relativement courant d'entendre en Belgique des étudiants et des professionnels confirmés (comme ici Jean-Luc Thellin) se produire lors du même concert, alors que chez nous une véritable muraille de verre sépare les élèves et leurs professeurs.

Quelques mots sur l'instrument. Construit en 1889 à l'apogée de l'orgue romantique, il a été révisé tout récemment, en 2005 (vous trouverez plus de détails sur le site orgue & vitraux ou encore sur celui de la philharmonie). Dans sa version actuelle, il est muni d'une console mobile, d'un programmateur électronique, en somme de tout le confort moderne. Fini les tirettes qu'un acolyte pousse pour enclencher les jeux, et les accouplements mécaniques ! A la place de chaque jeu, une petite loupiote s'allume ou s'éteint, et il suffit d'une seule pression sur un bouton du programmateur pour changer tous les registres d'un coup. Les organistes tournent le dos au public, ce qui est un peu étrange mais permet de regarder le travail des mains et des pieds.

Nous commençons par une Fantaisie de Petr Eben, compositeur tchèque disparu tout récemment (en 2007).  Cette pièce me séduit et me donne l'envie de découvrir davantage ce musicien. Petr Eben connaissait bien l'orgue dont il jouait en virtuose. Dans cette Fantaisie écrite sur des thèmes liturgiques et vraisemblablement basée sur des improvisations, il utilise toutes les ressources de l'instrument pour donner une ampleur symphonique à ses variations. Cette musique vivante et colorée qui évoque Martinu ou Janacek s'écoute avec grand plaisir.

C'est ensuite Gauthier Bernard qui prend les commandes de l'orgue de la Philharmonie pour jouer d'abord une pièce de sa composition puis une autre de Sarah Wéry. Sans vouloir ranimer la guerre du feu entre les classes d'Écriture et de Composition, la succession des deux pièces illustre bien les forces et les faiblesses de chaque approche. La pièce de Gauthier Bernard est très bien maîtrisée du côté harmonie et contrepoint, mais également sur le plan instrumental (c'est l'avantage dont dispose l'interprète-compositeur). Cela dit, il fait sonner l'orgue de façon plutôt traditionnelle. La pièce de Sarah Wéry, par contraste, paraît plus personnelle bien qu'elle sous-utilise les possibilités de l'instrument et soit moins riche en contrepoint. On y trouve certains gestes comme cet arpège rapide et léger qui traverse tout un clavier qui sont assez peu dans la tradition des organistes et par là même tout à fait intéressants à écouter. C'est un peu délicat bien sûr de bloguer sur des pièces écrites par mes camarades: aussi tiens-je à rappeler que ce sont uniquement des impressions  subjectives que je livre, et qu'il y a des professeurs qui sont chargés de juger, de donner des conseils et de mettre une note (ou plutôt une "cote" comme on dit à Liège), ce que je me garderai bien de faire dans ce journal.

Le concert se poursuit avec les Alléluias sereins d'Olivier Messiaen, un pur moment de bonheur surtout pour un fan comme moi. Entendre la divine musique de Messiaen sans avoir à se geler les miches dans une église qui sonne mal et trop, c'est vraiment avoir un avant-goût du paradis.

Ensuite vient une pièce de Pascal Dusapin intitulée Memory. Censée être un Hommage crypté et monomodal à Ray Manzarek (musicien américain qui tenait les claviers pour le groupe The Doors), c'est surtout une pièce hautement soporifique et dont l'intérêt musical doit être crypté lui aussi car il m'a totalement échappé.

Pour terminer, nous entendons la Suite pour orgue de Stefan Pitz. Une série de pièces spectaculaires et virtuoses qui explorent non seulement les possibilités de l'orgue, mais aussi celles de l'orgue de la philharmonie en particulier. Parmi les techniques employées, le jeu vertical (sur plusieurs claviers avec une seule main) ou les changements de registration sur une note tenue (à part une sorte de claquement lorsque les tuyaux se mettent en vibration, cet effet-là ne produit d'ailleurs rien d'extraordinaire). De cette exploration tous azimuts, il ressort une gamme d'émotions et d'atmosphères très variées, un peu inégales car certaines parties fonctionnent mieux que d'autres. Bien qu'il y ait sans doute dans cette partition des éléments structurants, je n'ai guère trouvé à l'oreille de fil rouge musical ou émotionnel qui relierait les parties entre elles pour construire une narration. Il n'en reste pas moins que cette pièce est la plus audacieuse et la plus développée de ce que nous avons entendu ce jour. Et que les trois pièces présentées par les jeunes compositeurs étaient, chacune à sa façon, autrement plus stimulantes et réussies que la très décevante pièce de Dusapin.

Outre les artistes eux-mêmes (Edward Vanmarsenille, Evgenia GalyanGauthier Bernard, Thomas Groenweghe, Jean-Luc Thellin) il faut remercier et féliciter les professeurs Anne Froidebise et Michel Fourgon pour une initiative qui perpétue l'esprit de création et d'innovation insufflé par Henri Pousseur au conservatoire de Liège, et qui semble encore bien vivace aujourd'hui.

dimanche 30 janvier 2011

Heinz Holliger: Souvenirs Tremaësques pour alto seul

Il est temps de reprendre le fil d'une série de billets consacrés à la littérature pour alto seul au XXe et XXIe siècles. Après la Sonata Variata de Nicolas Bacri, d'une facture solide mais qui regarde plutôt du côté de la tradition, voici Souvenirs Tremaesques de Heinz Holliger écrit la même année (2001).

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mardi 11 janvier 2011

Le mépris

S'il fallait choisir un seul mot pour qualifier l'attitude des journalistes et critiques spécialisés ans la "musique classique" envers les compositeurs, je pense que ce serait le mépris. Qu'on écrive dans un style néo-consonant, post-spectral ou pré-boulézien, une chose est sûre, c'est qu'on ne trouvera pas grâce à leurs yeux. Pas avant d'être mort depuis une centaine d'années en tout cas, et d'avoir acquis le statut de Compositeur (doté de génie, naturellement) dûment répertorié dans les dictionnaires de la musique et les programmes de la salle Pleyel.

hilary_hahn.jpgUne anecdote entre mille témoignera très bien de ce mépris. Une de mes violonistes préférées, Hilary Hahn, vient de publier un nouveau disque avec deux concertos: celui de Jennifer Higdon et celui de Piotr Tchaïkowsky. Une journaliste de la radio que je préfère ne pas nommer en fait sa chronique du jour. Elle commence par s'étonner que le nom de Higdon apparaisse en caractères aussi gros que celui de Tchaïkowsky sur la pochette du disque. Puis elle qualifie ce concerto, dont Hilary Hahn signe le tout premier enregistrement, de "néo-classique". Autant dire que c'est de la merde. D'ailleurs on n'aura pas le droit de l'écouter: c'est un extrait de Tchaïkowsky qu'on entendra.

J'aurais bien aimé avoir un micro moi aussi pour interrompre cette idiote de journaleuse et lui renvoyer son mépris à la figure. Pour lui dire, à cette conne, que tout comptes faits, Tchaïkowsky lui aussi était un passéiste, comme Brahms ou Rachmaninoff, qu'on s'en fout pas mal de savoir ce qui est futuriste et ce qui est has been, que tout ce qu'on veut c'est écouter de la musique, et que nom de Zeus on est bien assez grands pour se faire une idée par nous-même de ce nouveau concerto. Je vous invite à découvrir le début, ça ressemble assez peu à du Tchaïkowsky tout de même:

Fichier audio intégré

L'orchestration est très fine, les instruments sont utilisés individuellement ou par petit groupes, plus rarement comme une masse destinée à lutter avec le soliste. Les spécialistes jugeront sans doute que la référence tonale (on est en si mineur) est présente, mais c'est le choix de la compositrice et il n'y a rien à dire là-dessus. Néo-tonal ou pas, j'ai écouté ce concerto avec bien plus de plaisir que celui de Tchaïkowsky, dont ce vieux facho de Rebatet écrivait dans son histoire de la musique qu'il mélangeait des formules académiques avec des "tziganeries de restaurant", et que je connais archi-par-coeur.

Pour terminer sur une note positive, saluons encore une fois le talent et le courage d'Hilary Hahn qui, après avoir fait aimer le concerto Schönberg à son public, continue de démontrer, et avec combien de talent, que le répertoire ne se limite pas à 10 concertos, et qu'il n'y a pas besoin d'être mort et enterré pour écrire de la musique. Et que si vous voulez entendre des choses sensées sur ce disque, il vaut mieux fermer la radio et écouter les artistes qui l'ont réalisé;



dimanche 30 novembre 2008

Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

Le critère principal, sinon unique, pour évaluer les compositeurs aujourd'hui est la nouveauté. Le plus beau compliment qu'on puisse leur faire est d'être innovants, audacieux. Lorsqu'on qualifie leur musique de littéralement inouïe, il faut entendre: vraiment bonne. Même chez les maîtres des siècle précédents, Strawinski, Webern ou Varèse, on salue la modernité avant tout, avec des formules oxymoriques comme une modernité qui dure ou un classique de l'avant-garde.

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jeudi 20 novembre 2008

Concert Gérard Grisey par l'itinéraire le 25 novembre 2008 à Paris

L'ensemble itinéraire, avec en soliste Emmanuel Haratyk (alto), donnera en concert le mardi 25 novembre 2008 à l'auditorium St Germain un portrait de Gérard Grisey où l'on pourra entendre:

  • Vortex temporum

Flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano

  • Stèle

Deux percussions

Alto - version avec résonateur

(version imprimable de l'affiche)


Compte-rendu express après le concert:

  • le Prologue de Grisey existe dans deux versions, une pour alto tout seul, une pour alto avec un ensemble de résonateurs acoustiques et électro-acoustiques. La version donnée ce soir comportait desrésonateurs virtualisés c'est à dire en clair qu'un micro était posé l'alto d'Emmanuel Haratyk, le son retraité par ordinateur et les résonances ainsi obtenues diffusées par cinq haut-parleurs situés sur scène derrière l'altiste. L'ensemble sonne plutôt bien compte tenu de l'acoustique extrêmement sèche de l'auditorium Saint Germain. Le son des résonateurs fait surtout penser à des instruments de percussion métalliques dans hauteur déterminé: gong, enclume, triangle, steeldrum (plus précisément, au son de ces instruments après l'impact, lorsqu'on les laisse vibrer). S'il faut saluer la performance remarquable d'Emmanuel Haratyk (il y a peu de virtuoses capable de jouer cette pièce très exigeante), je la trouve un tout petit peu trop sage et raisonnable. Le côté fou, complètement déjanté de ce Prologue pourrait être davantage mis en avant, mais c'est plus une question de goût personnel qu'un jugement de valeur de ma part !
  • Stèle pour deux grosses caisses est vraiment le type de pièce qu'il faut écouter au concert et non au disque. Dans un grand crescendo savamment mené, tous les modes de jeux sont exploités: avec les mains, avec une brosse, avec des baguettes, avec le bois des baguettes, avec des fouets, sur le bord, au centre du tambour. Les lumières suivent cette progression: on démarre dans une quasi-pénombre pour finir dans un rouge éclatant.
  • Quant à Vortex Temporum, le plat de résistance de ce concert, c'est comme son nom l'indique un véritable tourbillon qui nous entraîne de manière irrésistible durant quarante-cinq minutes. Quatre cordes du piano sont (dés)accordées d'un quart de ton, ce qui permet des harmonies étranges et très riches. Ces harmonies sont très largement statiques, mais c'est là vraiment un trait caractéristique de la musique spectrale. Les autres instruments jouent d'ailleurs largement dans la résonance du piano, qui s'offre une spectaculaire cadence. Bien que formellement divisé en trois mouvements, c'est vraiment d'un seul souffle et d'un seul tenant que l'itinéraire a donné cette pièce qui est un des piliers de son répertoire et sans doute en passe de devenir un classique.

lundi 22 septembre 2008

Mauricio Kagel tire sa révérence

On commence à voir ça et là dans la blogosphère et les sites de nouvelles des hommages à Mauricio Kagel, disparu il y a quelques jours. Par exemple sur musicareaction. De par mon ignorance je ne suis pas très bien placé pour ajouter ma voix aux concert. J'avais bien écouté Unguis Incarnatus Est ((Et l'ongle s'est incarné, titre qui parodie un article du Credo de l'église catholique, Et Incarnatus Est qu'on trouve beaucoup dans la musique religieuse) pour violoncelle et piano il y a quelques années, et trouvé ça drôle mais pas impérissable. Le cri que doivent pousser les instrumentistes à la fin de la pièce est toujours amusant en concert, mais sans plus. De même pour la Passion selon Saint Bach, entendue au disque, et vite oubliée, il faut bien l'avouer.

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vendredi 19 septembre 2008

L'erreur de Schönberg

En lisant des écrits sur Arnold Schönberg, comme l'essai de Charles Rosen ou encore l'introduction des Carnets sur Sol, en ré-écoutant certaines oeuvres comme le concert pour violon, le Pierrot lunaire, les pièces pour orchestre, il m'est venu cette question: pourquoi Schönberg s'est-il trompé ?

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vendredi 5 septembre 2008

La musique, le son et la voix

La question a été abordé par exemple dans les Carnets sur Sol, et elle revient souvent: pourquoi la voix occupe-t-elle une place marginale dans la musique contemporaine ?

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mardi 19 août 2008

Stockhausen expliqué par Laurent Boffard

Le pianiste Laurent Boffard a mis en ligne une présentation interactive sur le Klavierstück X de Stockhausen, très bien faite et qui se termine par un extrait audio de deux minutes. Après un certain nombres d'explications sur les clusters, la notation, la structure, il conclut: loin de ces considérations un peu abstraites, le Klavierstück X représente pour l'auditeur et l'interprète une aventure sonore d'une richesse exceptionelle.

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dimanche 27 juillet 2008

Morton Feldman: the viola in my life

Les vacances sont parfois l'occasion de déchirer l'emballage plastique de disques qu'on a empilés pendant l'année sans trouver le temps de les écouter. Aujourdhui, je vous propose: The viola in my life de Morton Feldman, disque qui comporte plusieurs pièces instrumentales, interprétées ou dirigées par le compositeur:

  • The viola in my life pour alto soliste, violon, violoncelle, piano, flûte, clarinette, percussions
  • False Relatioships pour violon, violoncelle, deux pianos, trombone, percussions
  • Why Patterns ? pour flute, piano et percussions

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samedi 12 juillet 2008

Le contemporain est-il un style ?

Lu sur musicareaction: un article plutôt amusant sur La musique contemporaine, c’est quoi, d’abord ? L'auteur est allé chercher l'article de Wikipedia sur musique contemporaine qui tente de cerner la chose avec une formulation plutôt alambiquée:

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mardi 8 juillet 2008

Philippe Hersant: Pavane, pour alto seul (1987)

Voici pour continuer notre promenade dans les oeuvres contemporaine pour alto seul, après Gérard Grisey, Philippe Hersant et sa Pavane qui date de 1987.

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dimanche 6 juillet 2008

La Mouche (Howard Shore - David Cronenberg) au Théâtre du Châtelet

Les créations à l'opéra ne sont pas si fréquentes, mais après Le Roi se meurt et Melancholia c'est tout de même la troisième à laquelle j'ai eu la chance d'assister (la quatrième si l'on compte l'Autre Côté, qui a été créé à Strasbourg et repris à Paris en version de concert). Un choix que je ne regrette pas globalement: il y a du bon, du très bon et du moins bon dans ce que j'ai vu et entendu, mais c'était toujours plus intéressant qu'une N-ième reprise de La Traviata ou de Don Giovanni

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