Pierre Boulez partage avec Mozart ce privilège que même ceux qui n'ont pas vraiment écouté sa musique et ne sauraient pas la reconnaître peuvent citer son nom lors d'un dîner en ville. Le plus souvent d'ailleurs, son nom sera utilisé comme repoussoir, comme symbole de tout ce qu'on aime pas dans la musique moderne: dissonante, élitiste, arrogante, coupée du public mais pas des subventions publiques. Comme pour encourager cette vision caricaturale, Boulez ne s'est pas privé tout au long de sa carrière de critiquer très durement tout ce qui ne cadrait pas avec son esthétique. Et si ça ne suffisait pas, l'expo à la Philharmonie, les concerts et hommages institutionnels à l'occasion de son 90e anniversaire ne manqueront pas de conforter cette image du musicien d'avant-garde officiel, couvert d'honneurs à défaut d'être aimé d'une large partie du public ou des musiciens.
Pourtant, la musique de celui qui a fondé l'Ensemble Inter-contemorain et l'IRCAM ne mérite-elle qu'on aille au-delà de ces clichés ?