Mot-clé - Quatuor Tana

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lundi 6 mai 2019

Hahn, Dessy, Debussy par le Quatuor Tana

Ouï samedi dernier à Bourron-Marlotte dans le cadre des Rencontres musicales de Seine et Marne organisées par ProQuartet, un concert du Quatuor Tana avec trois oeuvres de Reynaldo Hahn, Jean-Paul Dessy et Claude Debussy au programme.

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jeudi 11 janvier 2018

WTC 9/11: Steve Reich par le Quatuor Tana

Le dernier album du Quatuor Tana nous emmènent en Amérique avec deux oeuvres phare de Steve Reich pour quatuor à cordes et électronique: WTC 9/11 et Different Trains.

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jeudi 7 avril 2016

Ce qu'on gagne en perdant

Il y a quelques semaines, j'avais soumis une pièce pour quatuor à cordes à un concours de composition organisé par la Société Royale d'Harmonie d'Anvers. Comme toujours ce fut le rush pour arriver à terminer la pièce dans les temps, sans compter qu'avec les enfants et mon bolout d'ingénieur à mi-temps, je n'ai pas autant de temps pour travailler que je le souhaiterais. Le jury a reçu pas moins de 95 oeuvres et devait en sélectionner 5 qui seront jouées par le Quatuor Tana lors du prochain Festival d'Aix-en-Provence. Ma pièce n'a pas été sélectionnée mais apparemment ça ne s'est pas joué à grand-chose à en croire cette mention du jury:

 

Le jury tient à exprimer son admiration par rapport à la grand qualité des œuvres soumises, et souhaite faire mention expresse des œuvres Aux frontières du silence de Patrick Loiseleur (France) et Jardins suspendus de Adrian Mocanu (Ukraine), qui sont restées en lice jusqu'à la fin.

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lundi 27 avril 2015

Arriaga et Parra par le quatuor Tana

Ouï le 17 avril dernier à l'auditorium du Louvre, le qautuor Tana dans un programme tout espagnol: Juan Crisotomos Arriaga, Hèctor Parra, Joaquim Turina et Astor Piazzola (mais oui chères lectrices, vous savez fort bien que Piazzola était Argentin et non Espagonl, quelle culture que la vôtre ! fermons la parenthèse). C'est toujours un grand plaisir de revoir les Tana sur scène, et c'est la première fois que je les entendais depuis qu'ils ont changé de second violon. Il semble que la greffe a bien pris, Pieter Jansen partage l'énergie et l'enthousiasme déboardants de ses partenaires. 

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mercredi 27 mars 2013

Concert du Quatuor Tana au chatêau de Loumarin

Les musiciens du Quatuor Tana, un des mes quatuors belges préférés (avec les Danel) seront de retour en France le 6 avril prochain. Au château de Loumarin très précisément, quelque part entre Avignon et Aix-en-Provence. Au programme: Mozart, Boesmans, Webern et Beethoven. C'est dans la série Jeunes Quatuors de Pro Quartet. On ne saurait trop recommander aux mélomanes qui habitent pas trop loin d'Aix de se faire du bien en réservant une place dès maintenant.

mercredi 13 février 2013

Concert-lecture du quatuor Tana à Paris

Hier soir à un concert-lecture privé organisé un mécène parisien. Ambiance conviviale et bon enfant. Les musiciens du quatuor Tana, tout juste revenus de Rome où ils jouaient la veille à la Villa Medicis (la vie de musicien est un sacerdoce, on mesure mal à quel point), ont joué Mozart, Debussy, Pärt, Chostakovitch et Glass. Dans ce répertoire un peu plus classique que d'habitude, les Tana m'ont touché à nouveau par leur engagement total, leur chaleur communicative, leur enthousiame contagieux. Les dimensions, la et l'acoustique de la pièce où une petite quarantaine de chanceux ont le privilège de partager ces moments, l'attitude du public aussi se conjuguent pour faire de cette soirée un instant rare et précieux. Les trois derniers mouvements du huitième quatuor de Chostakovitch étaient boulversants. Et lorsque les Tana ont joué le mouvement lent du sublime quatuor de Debussy, j'ai fermé les yeux et senti le bonheur m'envahir tout entier, j'ai bien cru que j'allais me mettre à pleurer. La spiritualité dépouillée et exigeante des chorals d'Arvo Pärt m'a beaucoup parlé également. En revanche les arpèges poussifs débités au kilomètre par Philip Glass m'ont laissé parfaitement froid, en dépit de la chaleur et de la vie insuflée par les Tana dans cette musique.

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Entre deux morceaux, Régis Délicata lisait des extraits de son premier roman, Rhapsodie pour une dent creuse. Un livre dont je n'ai lu que la première moitité, ce qui me prive du plaisir sadique de spoïler la fin. Ce que j'ai lu est fin, enjoué, alerte, sarcastique. Delicata multiplie les interventions d'auteur, les adresses aux lecteur qu'il appelle Lucien ou même Lulu plus familièrement. C'est aussi très parisien, ça sent un peu son khâgneux par moments. Avec les bons côtés (les traits d'esprit, la culture encyclopédique passée à la moulinette, le mélange des genres et des niveaux de langage) et les moins bons (le côté un peu superficiel et l'overdose d'ironie). On en vient à souhaiter qu'une plume aussi alerte se consacre un jour à des sujets plus graves, au risque de se priver parfois du plaisir un peu gratuit d'un bon mot.

Ce fut en tout cas une soirée des plus réjouissantes, et l'on ne peut que chaleureusement remercier les hôtes de ce concert-lecture.

jeudi 6 septembre 2012

Création d'Yves Chauris par le quatuor Tana

Entendu hier, un mini-concert du quatuor Tana qui donnait les quatuors à cordes n°1 et 2 du compositeur français Yves Chauris à l'occasion d'un vernissage. Le vernissage étant celui de José Lévy à la Galerie NextLevel, et le point commun une résidence des deux artistes à la Villa Kujoyama de Kyoto. Je n'ai pas grand-chose à dire sur l'exposition elle-même qui n'a pas éveillé de sensations particulières en moi. C'est plutôt la musique qui m'avait attiré en ce lieu au coeur du 3e arrondissement qui m'a rappelé quelques souvenirs avec ses rues étroites et ses maisons penchées, en raison de la proximité de Sainte Croix des Arméniens où j'ai donné des concerts.

Le concert a lieu dans la cour du 8 rue Charlot, et se trouve égayé par le rire joyeux d'une enfant de deux ans qui trouve le col legno marrant comme tout, ainsi que par le gros bourdon de quelques motos qui passent dans la rue toute proche.

Le premier quatuor d'Yves Chauris montre assez bien ce qu'on apprend de nos jours au conservatoire de Paris, c'est à dire à travailler essentiellement avec des sons inharmoniques, dans droite ligne de Lachenmann et de sa "musique instrumentale concrète", mais aussi dans une certaine tradition française qui de Debussy à Dutilleux porte une grande attention au son et au timbre. Moult glissandi, sur-aigu, sul pont et col legno, et quasiment pas une seule hauteur que l'oreille puisse identifier comme une note. Tout cela est assez bien maîtrisé, plaisant à voir autant qu'à entendre mais je regrette un peu le parallélisme systématique aux quatre instruments, qui s'engagent bien souvent dans le même geste en même temps, et dans le même sens.

Le deuxième quatuor dont c'était la toute première audition est plus riche en émotions comme en polyphonie. Il est vraiment écrit à quatre voix et témoigne d'une belle maîtrise de l'instrumentation. Il y a des gestes comme le pizzicato de main gauche avec le bois de l'archet posé sur la corde qui me font penser au son sec et un peu nasillard du Shamisen. C'est plutôt bien vu, et joué comme d'habitude avec autant d'enthousiame que d'énergie par les Tana. Leur envie de jouer ensemble, de se plonger corps et âme dans la musique même la plus audaciuse - surtout la plus audacieuse ! - fait vraiment plaisir à voir et à entendre.

L'altiste avec qui j'ai discuté quelques minutes m'a dit qu'ils avaient eu la partition 10 jours avant le concert, ce qui est beaucoup, presque trop, lui ai-je fait remarquer avec un sourire. J'ai connu tellement de créations où la pièce n'était pas vraiment terminée la veille... Maxime Désert a souri également et concédé que la veille encore ils réalisaient des corrections avec le compositeur. Je livre l'anecdote aux lecteurs de ce Journal car elle illustre assez bien la façon dont la création se passe en pratique. Loin du fantasme du compositeur génial et omniscient qui livre des "chefs-d'oeuvre" gravées dans le marbre et destinés à entrer dans le "répertoire", la composition est un processus itératif, expériemental, une interaction entre le compositeur et les interprètes. Est-ce que c'est beau, est-ce que c'est un chef-d'oeuvre, on s'en fiche un peu. La question est plutôt: est-ce que ça me parle ? Quel type d'émotions ça véhicule ?

samedi 19 mai 2012

Le quatuor Tana de retour à Paris

Le quatuor Tana jouera ce soir (le samedi 19 mai 2012) donc au Musée de la chasse et de la nature à Paris 62 Rue des Archives, Paris 3eme, dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées. Au programme:

  • 20h30-21h 2e quatuor d'Ondřej Adamek
  • 21h30-22h 1e quatuor d'Yves Chauris

Ayant déjà écrit tout le bien que je pensais de Tana et du quatuor d'Adamek dans un précédent billet, je serai donc bref: allez-y !

mercredi 8 février 2012

Robin, Adamek et Cendo par le quatuor Tana

Entendu samedi dernier (le 4 février), un concert du quatuor Tana avec trois pièces récentes de compositeurs relativement jeunes : Yann Robin, Ondej Adamek et Raphaël Cendo. Compte tenu du froid, le petit temple Saint Marcel est étonnamment bien rempli, et la proportion de compositeurs doit friser les 50%. Il y a même Michael Lévinas venu écouter ses (anciens) élèves.

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On commence par le deuxième quatuor de Robin, intitulé Crescent Scratches (le premier s'appelait Scratches, titre qui fait allusion aussi bien au frottement des archets sur les cordes qu'à cette technique des DJ qui manipulent des platines 33 tours – ou de plus en plus souvent aujourd'hui, des surfaces tactiles destinées à en reproduire les effets). Ce quatuor ne fait pas appel à l'électronique, cependant on voit une quantité respectable de fils pendouiller disgracieusement du fait que les Tana ont adopté des pupitres électroniques où les tournes de page sont commandées par des pédales – c'est trop la classe ce matos même si la petite taille des écrans incite plus à la compassion qu'à l'envie.

Et la musique, me direz-vous ? Ce quatuor fait appel largement sinon exclusivement au son écrasé, celui qu'on obtient en exerçant une pression excessive sur l'archet et qui fait penser à un mélange de cordages marins qui grincent et de chat qui s'est coincé la queue dans la porte. Le son écrasé est assez à la mode, on le trouve chez les spectraux (Grisey, Saariaho, Radulescu) mais aussi chez Crumb et tant d'autres. Son caractère fortement inharmonique (on distingue à peine une hauteur de son tant les partiels sont dispersés dans l'espace des fréquences) en fait bien sûr un élément de choix pour certaines esthétiques d'aujourd'hui, mais son emploi répété ne suffit pas nécessairement à faire un bon programme électoral. De fait la technique de Robin, qui nous explique dans le programme qu'il utilise des boucles semblables au loops de la musique techno, amène assez vite la lassitude devant le retour compulsif des mêmes figures instrumentales (principalement des tremolos et glissandos en son écrasé). D'autres maniérismes contemporains comme l'alternance boulézienne de traits excessivement rapides et de notes filées très longues (ou si l'on veut l'absence de valeurs rythmiques moyennes), ou encore l'usage quasi exclusif des dynamiques extrêmes (ffffff et ppppp) et des registres extrêmes (surtout du suraigu car les instruments du quatuor ne sont pas bien équipés pour les graves) ne suffisent pas à masquer un relatif manque d'idées. Ma voisine me fait remarquer que passé un premier moment de surprise voire de ravissement devant la surprenante mais très réjouissante agressivité du début, c'est au fond presque aussi répétitif que du Philip Glass. Peut-être la volonté d'être en permanence dans un paroxysme d'émotion et d'expressivité est-elle la cause de cette lassitude, la (bonne) musique se nourrissant de contrastes. Pour ma part même si je partage assez l'opinion de ma voisine, je ne m'ennuie pas trop car je vois avec plaisir les musiciens du quatuor Tana s'engager à fond dans cette partition on ne peut plus difficile, avec un enthousiasme et une énergie qui font vraiment plaisir à voir. On peut également féliciter ces musiciens pour avoir introduit une touche de couleur et de fantaisie dans l'habituelle (et totalement insupportable) tenue noire des concerts contemporains. Ah ces Belges, ces Belges. Plus je les connais et plus je les aime. Ils ont toutes les qualités des Français avec la simplicité et l'humour en plus.

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L'oeuvre qui suit est d'un musicien d'origine tchèque, Ondrej Adamek, qui a été fortement impressionné par un séjour en Espagne et a laissé certains traits du flamenco envahir son style. Les musiciens vont donc employer des plectres et des bottlenecks pour reproduire certains gestes typiques de la guitare, comme le raseguo (un balayage rapide aller-retour de toutes les cordes), ou encore frapper du pied par terre. Rien de tout cela n'est gratuit ou anecdotique. Ce quatuor est plein d'idées, de passion et de vie, instrumenté de façon très fine et très fouillée. Le travail harmonique est lui aussi très subtil : chacun des quatre instruments est accordé de manière spéciale afin d'avoir la signature harmonique d'une tonalité particulière (par exemple, si je me souviens bien, la b – ré – si b – fa pour le premier violon c'est à dire un accord de septième de dominante ou encore quatre hauteurs tirées des 7 premiers harmoniques naturels d'un si bémol). Adamek souligne dans la notice que ce quatuor est très exigeant pour les interprètes, non seulement à cause de la scordatura mais aussi à cause des phrases qui passent d'un instrument à l'autre note par note et demandent non seulement une grande précision mais aussi un vrai son d'ensemble. Ce dont je peux témoigner après avoir entendu les Tana jouer cette pièce (et la jouer vraiment bien à mon sens), c'est que les interprètes qui parviennent à passer la barre sont amplement récompensés par cette musique vraiment remarquable, raffinée et pleine d'élan. Ce quatuor est la bonne surprise de la soirée, et m'a donné une forte envie de découvrir les autres œuvres de ce musicien.

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Le programme se conclut par In Vivo de Raphaël Cendo, autre compositeur de ma génration (c'est à dire trentenaire) . Dans ce quatuor il (ab)use du son écrasé, qu'il appelle dans le programme « timbre – monde ». Durant la première partie de ce quatuor (divisé en trois de façon relativement classique : rapide – lent – rapide), le compositeur demande même aux musiciens d'enrober leur chevalet de papier aluminium, ce qui a pour effet de rendre le son encore plus inharmonique. Les similarités avec Yann Robin sont si nombreuses qu'on se demande lequel a influencé l'autre. Cette pièce me fait peu ou prou la même impression que les morceaux d'un autre quatuor, Birdy Nam Nam (dont les membres ne manipulent pas des violons mais des bidules électroniques et des platines 33 tours) : je trouve le travail sur le son plutôt intéressant, et la violence sonore assez stimulante, mais la musique trop répétitive, pauvre en idées et en contrastes. C'est peut-être une des caractéristiques du son écrasé qu'il ne se prête pas très bien à de longs développements. Par exemple lorsque la violoncelliste Jeanne Maisonhaute joue un tremolo verso ponticello, c'est à dire de l'autre côté du chevalet, je vois bien le geste instrumental car je suis à 3 mètres mais je n'entends pas tellement de différence dans le son produit par rapport au même geste de l'autre côté du chevalet. De même les glissandi modifient assez peu la couleur du son écrasé, et son caractère fortement inharmonique restreint les possibilités de travail harmonique. Ajoutez à cela un déficit de figures rythmiques suffisamment nettes ou articulées, et vous obtenez un passeport pour l'ennui. Ennui à nouveau mitigé par l'attitude des Tana dont l'engagement, la chaleur et la technique sont décidément dignes de toutes les louanges, et propres à réchauffer l'atmosphère plutôt froide de cet austère temple protestant.

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Au final, j'ai pu écouter les Tana en live pour la première fois et avec grand plaisir, ainsi qu'une œuvre passionnante (celle d'Adamek) sur trois écoutées, ce qui montre qu'on n'est jamais à l'abri d'une divine surprise de temps en temps.

En sortant j'ai croisé Krystof Maratka qui m'a appris qu'un disque monographique lui étant consacré venait de sortir (avec une pièce pour harpes et cordes ainsi qu'un quintette à vent): si Dieu le veut, je ne manquerai pas de l'écouter et d'en rendre compte dans ce journal.

(merci à Jean Radel de m'avoir permis d'utiliser les très belles photos qui illustrent cet article et représentent, dans l'ordre, Antoine Maisonhaute, Chikako Hosoda, Jeanne Maisonhaute, Maxime Desert)