Les réactions semblent mitigées après la première de Melancholia à l'Opéra de Paris. Michel Parouty dans les Échos parle d' un ouvrage énigmatique porté par un chanteur hors pair
. Pierre Gervasoni, dans le Monde, fustige le déprimant académisme de Haas
. Éric Dahan, de Libération, pour qui la Mélancolie n'est plus ce qu'elle était, décrit l'opéra comme aussi inoffensif et anecdotique que les albums des jeunes chanteuses françaises à guitare actuellement en vogue
. Jacques Doucelin, pour ConcertClassic, s'écrie: Quel ennui, mon Dieu !
et voit dans toute la production une machine qui tourne à vide
.
Tous les critiques ont relevé la simplicité extrême de l'intrigue et des décors, mais aussi la grande qualité du plateau vocal et de l'orchestre dirigé par Emilio Pomarico. Quand à l'écriture de Haas, on évoque à son propos la micro-tonalité (quarts de tons), la musique spectrale (à la Gérard Grisey), les rythmes augmentés (à la Messiaen). On parle aussi de bruitisme sur fond sériel zébré de quelques accords naturels
. Si vous ne comprenez rien à ces formules barbares, rassurez-vous: la plupart de ceux qui les emploient non plus !
Enfin, il semble que le public soit moins difficile que les critique car la première a été longuement applaudie. Ceux qui doivent déprimer, par contre, ce sont les guichetiers de l'opéra Bastille: à l'heure où j'écris ce billet, il reste des places pour tous les spectacles et dans toutes les catégories, ce qui est signe d'un taux de remplissage tout à fait médiocre. L'opéra serait-il décidément un genre mort ou mourant ? Et les maisons d'opéra des musées consacrés à la préservation du répertoire plutôt qu'à la création artistique ?
Je reparlerai de cet opéra après l'avoir entendu le 15.