Prodigieux, vraiment ?

Par Patrick Loiseleur le lundi 29 décembre 2014, 00:52 - Général - Lien permanent

Je n'ai pas vu l'émission Prodiges sur France 2, dont j'avais pourtant entendu la réclame à la radio. Il y avait plusieurs raisons à cela: outre le fait que je n'ai pas de télé en ce moment et que la mienne sert surtout à regarder des blu ray de temps à autre, je ne suis pas un grand fan de jeunes musiciens. Un violoniste ne va pas davantage m'émouvoir à 15 ans qu'à 40. Et toute la mythologie autour des "prodiges", des "petits génies" et autres bêtes à concours m'agace et parfois me peine. Et puis les morceaux étaient tous coupés afin de ne pas dépasser 2 minutes. En effet c'est bien connu la capacité de concentration de la ménagère de moins de 50 ans est à peine supérieure à celle du poisson rouge et se limite à 120 secondes.

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Derrière le mythe du "petit génie", il y a simplement un travail très régulier et même acharné, qui fait que certains musiciens sont déjà devenus des professionnels accomplis à 16 ou 18 ans. Ils ont largement au compteur les fameuses 10000 heures qui sont nécessaires selon les neurosciences pour devenir un expert dans un domaine quel qu'il soit. Du reste je l'ai déjà écrit dans ce journal.

Mais enfin, me direz-vous, arrêtez donc de grogner et de bouder l'une des seules occasions qu'on ait malheureusement d'entendre de la grande musique sur le petit écran ? Je conviendrai bien volontiers que la lauréate, Camille Berthollet, est non seulement très jolie avec sa grande tignasse rousse qui passe très bien à l'écran, mais aussi très douée et paraît aussi à l'aise sur scène qu'un Cyprin doré dans son bocal. On ne peut que la féliciter chaleureusement de cette excellente prestation et lui souhaiter les meilleurs succès et le plus bel avenir. Quant à moi je ralllumerai la télévision lorsque:

  • On cessera de me brouiller l'écoute avec les musiciens précoces et prépubères
  • Le plaisir de faire de la musique ensemble deviendra plus important que la compétition
  • On pourra écouter des morceaux entiers d'une longueur supérieure à deux minutes
  • Les morceaux seront introduits sans érudition superflue mais de façon chaleureuse et vivante par des animateurs cultivés et passionnés
  • La programmation comprendra Vivaldi, Rachmaninoff et autres tubes du classiques, certes, mais aussi oeuvres moins connues, des raretés, du contemporain, du jazz, de l'improvisation, du bizarre, et des musiques populaires du monde entier.
Réflexion faite, ma chaîne de télévision idéale existe déjà: elle s'appelle France Musique !

(Post Scriptum: je n'ai pas testé Mezzo, je ne suis pas en mesure de vous en dire ni du bien ni du mal. Promis j'essaierai un jour).