Axia Marinescu joue Schubert, Schumann, Brahms
Par Patrick Loiseleur le lundi 31 mars 2014, 08:21 - Concerts - Lien permanent
Entendu le 27 mars dernier à la mairie du 7ième arrondissement Paris, un récital solo de la pianiste Axia Marinescu, entièrement consacré à la musique romantique allemande.
Je suis frappé tout d'abord par la petite taille du piano: à peine un mètre cinquante de long, autant dire un "quart de queue", piano dont j'apprendrai plus tard qu'il est de marque chinoise, de qualité médiocre, et que seule l'intervention d'un accordeur deux heures avant le récital a évité le pire, car certaines touches ne se relevaient pas après avoir été enfoncées. Tous les pianistes ne peuvent se permettre de se déplacer avec leur Steinway modèle D comme Zimerman ou Horowitz en son temps...
Axia Marinescu commence par la sonate en la mineur de Schubert, . Il y a dans son jeu une forme de simplicité, quelque chose d'enfantin qui convient particulièrement bien à cette musique, à ses naïvetés charmantes et à ses divines longueurs. Le romantisme de Schubert est définitivement celui de l'adolescent rêveur au coeur tendre, à mille lieues du cynisme d'un Musset ou de la brutalité désabusée d'un Baudelaire. Et on s'y laisse prendre bien volontiers prendre, on s'abandonne, on se laisse bercer et consoler...
Les intermezzi op 118 de Brahms sont au contraire une oeuvre de maturité qui requièrent une technique aboutie et surtout un sens des lignes mélodiques. Malgré les limites de l'instrument que j'ai mentionné, Axia Marinescu s'en sort très bien et nous livre un beau moment de poésie.
Enfin viennent les scènes d'enfant de Schumann, lesquelles ne sont en rien destinées aux enfants, sauf peut-être aux petits prodiges du piano. On y retrouve les mêmes emportements, les mêmes enthousiames juvéniles que chez Schubert, un peu assombris par les harmonies schumaniennes toujours torturés et douloureuses. Même quand Eusebius chante, Florestan n'est jamais très loin...
En bis, elle nous offre une étude de Debussy, brillantissime. Chaleureuse et engagée comme beaucoup de musiciens roumains, Axia Marinescu est une artiste dont je suivrai désormais le travail avec autant de plaisir que d'intérêt.