Il y a musique et musique

Piqué dans Les Echos ce matin, un article sur l'audience des stations de radio françaises (et le même avec quelques fautes de français en plus dans Le Parisien). Je vous passe les commentaires sur la baisse ou la hausse de telle ou telle station, ce qui a retenu mon attention était plutôt le tableau qui accompagne l'article:

 audience_radios_lesechos.jpg

Il n'y a rien qui vous frappe dans ce tableau ? Vraiment rien ? Regardez bien la classification des radios. Il y a d'un côté les "programmes musicaux", NRJ, Skyrock et consorts. Et de l'autre côté les "programmes thématiques" comme France Musique qui ne diffuse jamais de musique, comme son nom l'indique, ainsi que Radio Classique.

Au-delà du gag (France Musique et Radio Classique exclues de la liste des radios "musicales") on peut remarquer que dans la vieille Europe en général et dans l'Hexagone en particulier, les styles musicaux à la radio sont extrêmement cloisonnés: on n'entendra pas plus de rap sur Chérie FM que de Pierre Boulez sur Radio Classique. Pas étonnant que les goûts du public soient eux aussi tellement formatés et cloisonnés: ainsi l'amateur de classique qui par réflexe frémit d'horreur quand il entend le timbre de la guitare électrique (même si la guitare en question joue une pièce de Tristan Murail ou de Fausto Romitelli par exemple) ou l'amateur de jazz qui trouve que les symphonies de Mozart manquent un peu de "beat".

Quant à moi, j'apprécie les stations qui présentent le plus de diversité possible, comme FIP, France Musique (et certaines émissions musicales de France Culture). Ouvrir le poste sans savoir si on va tomber sur une improvisation, une symphonie, une chanson, une pièce contemporaine pour orgue ou une aria de Haendel, voilà qui stimule l'imagination et la curiosité. Je n'écoute plus tellement Radio Classique depuis que cette station a adopté le même format que les chaînes de rock, c'est à dire des morceaux de 5 minutes maximum sans lien entre eux. Tout simplement parce qu'une sonate de Brahms (ou même une symphonie de Bruckner, contrairement à ce que vous prétendez, cher David) c'est mieux de l'écouter en entier. Ce type de saucissonnage - une tranche de Vivaldi, une de musique de film, un zeste de Haendel et une plage de publicité - plaît peut-être à ceux qui souhaitent un fond musical agréable pour se détendre, mais à eux seulement. 

Commentaires

1. Le dimanche 22 avril 2012, 16:29 par Azbinebrozer

Hé oui musique et musique en effet Papageno.
A tel point qu'on est en droit de se demander si les électeurs de France Musique et Radio Classique se reporteront sur NRJ au 2ème tour ! ;- )

2. Le lundi 23 avril 2012, 21:28 par Papageno

J'aurais plutôt tendance à souscrire à l'opinion de Duke Ellington qui déclarait souvent: "il n'y a que deux sortes de musique, la bonne et la mauvaise". Ce qui nous laisse une question subsidiaire pour éprouver la sagacité de nos lecteurs, avant d'y revenir peut-être dans un billet plus détaillé: qu'est-ce que la bonne musique ?

3. Le mardi 24 avril 2012, 08:14 par DavidLeMarrec

La question que je me pose (j'ai le temps, j'ai déjà écouté mon adagio de Bruckner de la semaine) est celle du ressort de la distinction dans cette grille. Ca tient du réflexe, mais lequel :

a) distinction entre la musique normale et puis les divertissements compliqués de riches et snobs ?

b) mise à part des musiques sans intérêt ("stations musicales" valant pour "robinet d'eau tiède en bruit de fond"), alors que la "Vraie Musique" est mise au même rang que les autres arts ?

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"qu'est-ce que la bonne musique ?"

Je propose : celle qui a plus de trois auditeurs (le compositeur, son prof et sa mère).