Le flingueur qui aimait Schubert
Par Patrick Loiseleur le vendredi 13 janvier 2012, 12:48 - Cinéma - Lien permanent
Vu récemment en DVD, Le Flingueur (The Mechanic), un sympathique naveton qui remplit assez honnêtement sa fonction de nous divertir avec des courses de voitures, des explosions toutes les 10 minutes et de la viande froide au dessert. Jason Statham y incarne un tueur froid, méthodique, mercenaire sans états d'âme qui ne se fera pas trop prier pour exécuter son unique ami, lequel doit approcher la soixantaine et se ballade tout de même en chaise roulante.
Quel type de musique peut donc écouter un monstre pareil ? De la musique classique, bien sûr ! Une fois rentré dans son chez-soi de célibataire chic et friqué, ce maniaque qui aime tout contrôler et tout anticiper saisit un 33 tours sur l'étagère, et le pose sur une platine haute de gamme assortie d'un ampli à lampes. On entend alors résonner les premières notes du mouvement lent du 2nd trio avec piano de Schubert, lequel doit régulièrement figurer dans le top 10 des auditeurs de Radio Classique, quand il n'en occupe pas la première place, et a été utilisé dans bien d'autres films, à commencer par l'excellent Barry Lindon. On peut d'ailleurs apercevoir le matériel en question dans la bande-annonce car ladite chaîne hi-fi ne manque pas d'exploser au moment opportun, comme tout le reste du décor:
Le choix de ce tueur à gages n'a rien de surprenant. Certes après toutes ces scènes d'action intrépides, il aspire à un peu de douceur, mais pas n'importe comment. Il lui faut de la haute fidélité, du contrôlé, de la précision au millimètre. Ses loisirs sont réglés comme le sont ses missions, c'est à dire comme du papier à musique. Puisqu'on vous dit que c'est un maniaque !
Commentaires
En effet, la musique dite "classique" est souvent associés aux anti-héros et aux opposants dans les oeuvres audiovisuelles. C'est assez regrettable.
Si ça peut vous consoler, premièrement le personnage incarné par Jason Statham dans ce film est bel est bien le "gentil" de l'histoire, malgré son métier de tueur à gages. Et deuxièmement il sembleraient que dans la vraie vie les serials killers aient bien souvent une culture très limitée voir même des goûts musicaux de chiotte si j'en crois cet article dans le magazine Brain. Le fantasme du tueur en série amateur d'opéras de Haendel sur instruments d'époque et de bordeaux millésimés semble donc bien appartenir au cinéma.
Ah, et au fait... on a le droit de pratiquer l'humour voir l'auto-dérision parfois.