[Folle Journée] Bach: messe en si mineur
Par Patrick Loiseleur le samedi 31 janvier 2009, 20:11 - Concerts - Lien permanent
La messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach donnée par l'ensemble instrumental et vocal de Lausanne sous la direction d'un jeune homme du nom de Michel Corboz était sans conteste un des grands moments de cette Folle Journée 2009.
Comment aborder un tel monument ? Eh bien, avec simplicité. Avec grâce, sans trop s'appesantir, en se contentant de jouer et de chanter juste, de veiller d'une oreille extrêmement attentive aux équilibres sonores. Michel Corboz retient souvent l'orchestre qui pourtant n'est pas très nombreux (deux fois quatre violons, deux altos, deux violoncelles, une basse, les bois par deux, ainsi qu'un petit orgue qui assure le continuo), afin de mieux laisser passer les solistes, instrumentaux ou vocaux. Et dans des morceaux comme Et incarnatus est ou Cruxifixus, passages les plus dramatiques du credo, on retient encore davantage. Curieusement, plus les archets et les souffles se raccourcissent, plus l'émotion se libère et s'envole. Le quatuor de solistes est un peu inégal, Valérie Bonnard (contralto) s'y distingue en bien. Mais cette musique n'est pas facile à chanter, elle requiert une souplesse, une ductilité qui se rapproche de la flûte ou du hautbois, et un engagement proche de l'abnégation.
Tout s'enchaîne merveilleusement, M. Corboz maintient des tempi alertes (mais sans excès comme chez certains baroqueux), écourte même les points d'orgue et remplace l'entracte par un simple accord sur scène. Un clin d'oeil et deux heures plus tard, on arrive à l'Agnus Dei tout éblouis et pas encore fatigués. C'est extraordinaire comme cette musique a la propriété de nous rendre meilleurs, d'exalter en nous les sentiments les plus nobles. Arrivés au Dona Nobis Pacem, c'est tout simple, on croit en Dieu. Mais rapidement la chasse d'eau (les applaudissements) vient rincer en notre âme toutes les sensations, on regarde bêtement les artistes qui saluent, les ouvreuses qui se préparent à fermer, les spectateurs qui prennent une photo avec leur téléphone portable, on est de retour sur terre.
Ce concert sera redonné demain matin (dimanche 1er février) et diffusé en direct sur Arte: n'hésitez pas à vous faire du bien !
Commentaires
Il y a une belle ampleur et la nécessaire solennité mais je trouve pour ma part que les chœurs sont dirigés dans le sens d'un recueillement excessif. Je trouve que la pulsation de l'orchestre, vitale chez Bach, est malheureusement gommée par des chœurs qui incarnent une ligne continue trop intériorisée. Je préfère des versions moins ténébreuses et plus lumineuses. Indéniablement une haute tenue tout de
même pour cette version. Bien à vous. Philippe.