Préférez-vous la haute-contre, la taille ou quinte de violon ?
Par Patrick Loiseleur le mercredi 1 octobre 2008, 00:04 - Général - Lien permanent
Lu dans Le monde de la musique et Télérama: dans l'orchestre de Lully, on trouvait non pas un mais trois espèces de violons accordés sur do, sol, ré, la : la haute contre (de petite taille, 38 cm), la taille (plus proche de l'alto) et la quinte de violon (une cinquantaine de centimètres).
Ces termes figurent dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, où ils sont donnés comme trois synonymes du même instrument, ce qui montre que l'identité de la tessiture a rapidement mené à confondre les trois instruments,
La quinte est l'instrument le plus amusant, car elle est soutenue par une bretelle qui fait penser à celle de la guitare (mais on la tient plus haut qu'une guitare, de manière à pouvoir en jouer avec l'archet). Avec l'aide d'un luthier (Antoine Laulhère), le centre de musique baroque de Versailles a re-créé ces instruments qui conviendraient particulièrement bien à la musique de Lully car la différence des timbres apporte une plus grande clarté de la polyphonie (en théorie, au moins...).
Je serais curieux de tester cet alto à bretelles (dans une version accordée au diapason moderne de 440 Hz ...) dont le son doit être encore plus profond, encore plus bâtard (est-ce du violon ou du violoncelle, ce son bizarre ?) encore plus résistant dans l'aigu. Néanmoins, outre les difficultés techniques, qu'on peut toujours résoudre d'une manière ou d'une autre, la bretelle limite le contact de l'instrument avec le corps et la transmission du son par conduction osseuse qui est si importante pour le violon et l'alto. Quant au poids de l'instrument, il faudra être vraiment motivé pour en jouer des heures...
Commentaires
Du Lully à 440Hz, c'est ça, et puis quoi encore ?
Lorsqu'on n'a qu'un piano (ah mince, il faut pas), on s'en contente, mais avec un superbe instrument accordable !
Je m’excuse, ce n’est pas le sujet de l’article mais cette une du Monde de la musique… C’est pas possible !
Comment ce chef peut-il se prêter à une pose photo aussi grotesque (avec tout de même un musicien en arrière plan pour vous rappeler que ce n’est pas un banquier hystérique au bord de la faillite qui essaie de vous tirer 10 euros) ? Je ne le connais pas mais là, ça fait pas envie. On dirait un plan markéting à deux balles à la André Rieu.
On a que très peu abordé le métier de chef d’orchestre dans ce journal avec Karajan, d’avantage celui du compositeur, alors je vous soumets ce texte d’Albert Cohen, lu dans Belle du Seigneur (chapitre XCVIII) :
On n’avait jamais admiré Beethoven ou Mozart autant que les chefs d’orchestre, poux du génie, tiques du génie, suceurs du sang des génies, et se prenant au sérieux et se croyant importants, et osant se faire appeler maître, et venant saluer comme s’ils étaient Beethoven ou Mozart, et gagnant tellement plus d’argent que Beethoven ou Mozart ! Et pourquoi admirait-elle le pou Dietsch ? Parce qu’il savait lire la musique inventée par un autre ! À la rigueur, tout juste capable d’écrire une petite marche militaire, le pou Dietsch !
Oui Monsieur, du Lully à 440 Hz, en l'absence d'enregistrements d'époque, on a aucune idée du diapason qu'ils utilisaient, donc autant utiliser le nôtre, celui de tout le monde, celui d'aujourd'hui, qui n'a quasiment pas bougé depuis 1835 (la date où on a commencé à le mesurer avec précision). A part faire plaisir aux ténors paresseux et torturer les zigues ayant l'oreille absolue, à quoi sert le diapason à 415 ?
Bien sûr que si, on en a une idée ! Il était variable, mais bien plus bas, plus bas qu'ailleurs en Europe.
Ca, c'est comme prétendre que l'irrégularité des notes égales n'est pas prouvée...
Pourtant, ça change beaucoup de choses : d'abord la couleur, plus chaude ; ensuite le confort vocal des chanteurs, qui est essentiel ici pour préserver le texte. Un ton plus haut, c'est colossal pour une tessiture de haute-contre, qui nécessité déjà une émission assez haute.
Depuis 1835, ça a quand même bien continué à monter, sans parler des orchestres cinglés qui sont au delà de 400Hz pour se faire briller un peu plus...
Si l'on en croit Nicole Scotto Di Carlo , chercheuse CNRS, la commission Lissajous-Halévy avait relevé les diapasons utilisés dans toute l'Europe en 1858, s'échelonnant entre 434 Hz (Londres) et 445 Hz (Bruxelles). Le diapason n'a donc pas bougé depuis 150 ans, ce qui met à mal l'idée reçue que "il a encore monté ces 20 dernières années", un pur mythe.
La même source indique un diapason de 404 Hertz sous Louis XIV et Louis XV, 423 Hz sous Napoléon premier, et 450 Hz sous le Second Empire (!). Cela dit, je ne sais pas quel méthode a été employée pour établir ces chiffres, car les appareils permettant de mesurer les fréquences avec précision n'ont été disponibles qu'à la deuxième moitié du XIXè siècle.
Pour s'adapter aux contraintes physiques des chanteurs, qui sont bien réelles et qu'on ne peut négliger, une méthode fort simple et très largement utilisée depuis longtemps pourrait très bien s'appliquer de nos jours: la transcription. Avec les éditeurs de partitions qui permettent de réaliser une transposition d'un seul clic, il serait dommage de s'en priver. Quant aux quintes de violon, ce sont des copies modernes, rien n'empêcherait des les accorder à 440Hz.
Je n'ai plus mes sources sous la main, j'irai voir, mais j'ai souvent lu ça sous des plumes sérieuses. Effectivement, la source NSDC est en général digne de confiance.
La transposition pose d'autes problèmes : l'adaptation des instrumentistes, les tonalités inconfortables, le réapprentissage des oeuvres... et en premier lieu leur saisie informatique.
Par ailleurs, il existe des résistances idéologiques à la modification des hauteurs dans le chant.
Pour les quintes, je ne dis pas le contraire, on peut ce qu'on veut, mais je ne vois pas trop l'intérêt de vouloir du 440 pour du 440.
L'intérêt du diapason universel ? C'est tout simple. Quand je vois un do sur une partition, j'entends un do dans ma tête, ça me ferait vraiment bizarre de jour un do sur mon alto et d'entendre un ré bémol ou un si. Je ne sais pas comment font les clarinettistes d'ailleurs qui jouent tantôt en la et tantôt en si bémol, ni les violonistes qui jouent tantôt à 440Hz et tantôt à 415Hz. Comment peuvent-ils travailler la justesse ? Vraiment, je ne sais pas. Je dois avoir une sorte de handicap. L'oreille absolue, ça s'appelle, je crois...
Ah, j'avais manqué la réponse ici.
Oui, l'oreille absolue est une vraie cochonnerie (et pas forcément très utile pour le reste) lorsqu'il faut s'adapter à des contextes spécifiques : claviers transpositeurs, changements de diapason, instruments à partitions fausses (vraiment pénible comme tradition...).