Kosovo, awake and stand up !

Kosovo, awake and stand up ! ce sont les premières paroles de la version anglaise de ma proposition d'hymne pour la république du Kosovo. Ces paroles n'ont d'ailleurs aucune importance car ce sont les notes qui comptent, et le comité ou bien choisira des paroles dans les langues officielles du Kosovo (Serbe et Albanais) ou bien un hymne sans paroles.

En mobilisant mes amis et les amis de mes amis, j'ai réussi à trouver en moins d'une semaine un excellent chanteur, une pianiste, et un traducteur albanais. Je pourrai donc envoyer ma proposition au Comité demain matin (le délai normal est de 3 jours pour Pristina, ce qui laisse un peu de marge avant la deadline du 31 mars).

Malheureusement, chers lecteurs de ce blog, je ne peux pas vous faire entendre une seule note pour l'instant. Mais quelle que soit la décision du comité, vous pourrez l'entendre dans quelques semaines. Si j'ai préparé ce concours avec beaucoup d'enthousiasme, j'ignore totalement quelles sont mes chances. Combien de compositeurs enverront des propositions ? D'après mon professeur de composition, le prix de 10.000 euros n'est pas si généreux que cela, car il implique de renoncer aux droits d'exécution (au tarif SACEM, étant donné qu'un hymne est joué très souvent, un compositeur toucherait sans doute plus que cela, dans la durée). Par ailleurs le délai très court - 2 semaines -, le peu de publicité fait au concours, le caractère controversé de l'indépendance du Kosovo, reconnu par une majorité d'États Européens, mais pas par la Russie ni par la Chine, la nécessité d'écrire au jury en Albanais ou en Serbe ont peut-être réduit le nombre de candidats. Ensuite, les musiciens Kosovars seront sans doute avantagés par rapport aux autres, bien que le concours soit en théorie ouvert à tous. Autre point, quels sont les critères de sélection ? Que je soit transformé en boudin à roulettes si je le sais !

Pour moi la qualité primordiale d'un hymne national est qu'on puisse le reconnaître dès les premières notes, et l'entonner en choeur. Mais comment écrire une mélodie qui se reconnaît dès les premières notes ? Voilà bien une chose qu'on n'apprend ni dans les Conservatoires ni à l'Université.

Ces derniers jours j'ai pas mal lu sur l'histoire du Kosovo. Depuis le moyen-âge au moins, Serbes et Albanais se battent pour cette province enclavée de deux millions d'habitants. Dans la dernière pièce du puzzle balkanique, Jean-Arnault Dérens (Le Monde Diplomatique) se fait un plaisir de dénoncer les incohérences et les limites de la politique menée par les grandes puissances dans les Balkans. Il considère d'un oeil sceptique l'avenir de ce petit pays pour l'instant porté à bout de bras par l'OTAN, au nez et à la barbe de la Russie, allié traditionnel de la Serbie. Mais l'histoire ne nous renseigne que sur le passé, elle ne permet pas de prédire l'avenir. Qui aurait parié, en 1945, que la France et l'Allemagne deviendraient de proches alliés, et le moteur de l'Union Européenne ? Qui aurait prédit en 1987 que le mur de Berlin tomberait deux ans plus tard ? Ce que l'histoire nous apprend aussi, c'est que le pire n'est jamais certain, et que l'espoir n'est jamais perdu.

Commentaires

1. Le vendredi 21 mars 2008, 12:02 par azbinebrozer

Ai-je raté une information, avez-vous une origine kosovare ?

Je trouve cela exaltant de se mettre en position de rassembler autour d'une chanson. Après l'histoire...
Bonne chance à vous quoi qu'il en soit.

2. Le vendredi 21 mars 2008, 12:02 par DavidLeMarrec

On croise les doigts (en attendant d'ouvrir les oreilles).

3. Le vendredi 21 mars 2008, 17:01 par Papageno

Non je ne suis pas Kosovar, ni Serbe, ni Albanais.

L'idée d'organiser un concours international pour trouver un hymne national peut sembler bizzare aux citoyens des grands nations mais pourtant c'est ce qu'ont fait de nombreux Etats Africains lors de leur accession à l'indépendance. Le Kosovo est un petit pays (2 millions d'habitant) et pas très riche, je ne sais pas combien il y a de compositeurs en activité au Kosovo mais ils ne sont probablement pas très nombreux.

A propos de mes "chants populaires juifs" on m'a également demandé si j'étais juif. Ce à quoi je réponds: "peut-être". La musique est un langage universel, elle a une merveilleuse capacité à traverser les frontières et à transcender les clivages de toute sorte...

4. Le vendredi 21 mars 2008, 17:38 par Eric

Tout d'abord, je voudrais exprimer mon admiration devant cette capacité à composer une œuvre musicale (et en plus, en aussi peu de temps).
Jusqu'à présent, comme le signalait récemment Guillaume Cingal, on pouvait apprécier la qualité pédagogique de ce journal. On appréciera bientôt les qualités de compositeur d'hymne nationale de son auteur, j'en suis sûr.

Certes, l'indépendance du Kosovo est controversée et les tenants et aboutissants de cette histoire m'échappent totalement. Mais profitons de ne pas être à la télévision pour rappeler que tout n'est pas blanc ou noir, les bons d'un côté et les méchants de l'autre, le Bien et le Mal.

Avant les guerres de Yougoslavie des années '90, les Serbes étaient nos amis (c'étaient les gentils, les serbes sont très majoritairement chrétiens). Les bosniaques, majoritairement musulmans, c'étaient les méchants. Pareil pour l'Albanie et pour le Kosovo. L'immigration serbe en France était alors appréciée, d'abord dans les régions minières puis dans les milieux intellectuels, artistiques et culturelles. (edel.univ-poitiers.fr/cah...

Après quelques images de guerre chirurgicale ("Vu à la télé"), les Serbes étaient devenus tous méchants et les autres, des peuples oppressés, à qui il fallait naturellement donner leur indépendance.
Avant, on savait encore faire la différence entre les nazis et les allemands et l'amitié franco-allemande a pu se faire pour former le noyau dur de la construction européenne.
Aujourd'hui, pour justifier une intervention militaire de l'OTAN, on a mis dans dans le même sac la population serbe et Slobodan Milosevic, élu sur un programme de nationalisme ethnique.

Devant cet amalgame, je voudrais donc aujourd'hui, bien modestement, dire pardon aux serbes que je connais et à ceux que je croise sans le savoir.

Le saviez-vous ? La grande Histoire a rejoint la petite. C'est le jour de mes vingt ans que le mur de Berlin est tombé ! Il fallait quand même que ça se sache, non ? :-)

5. Le samedi 22 mars 2008, 11:05 par Papageno

Je parlais de ces questions avec un ami Polonais qui m'a fait très justement remarquer que les frontières de la Pologne on souvent été déplacées (et les populations avec). La dernière fois c'était en 1945, et plusieurs millions de personnes ont été déplacées de force: Allemands, Polonais, Ukrainiens, Russes... pourtant aujourd'hui aucun Polonais, même nationaliste, ne songerait à contester les frontières actuelles. Les conflits et les querelles territoriales appartiennent maintenant à l'histoire.

Sur le Kosovo précisément, je laisse les experts, les chefs d'Etat et les journalistes faire leur travail. Mon souhait personnel est simplement que ce pays suive le même chemin que la Croatie ou la Slovénie: développement économique, intégration à l'Union Européenne, et qu'il vive en paix et même en harmonie avec ses voisins.

Et s'il y a des Serbes qui lisent ce journal, qu'ils soient assurés de mon amitié. Je n'ai pas le pouvoir de déplacer les frontières ni de ré-écrire l'histoire, simplement celui de souhaiter que les peuples d'Europe s'unissent et que les guerres territoriales deviennent une chose qui appartient au passé.

En signe tangible de cette amitié, si un Serbe avait la gentillesse de m'envoyer un beau texte en langue serbe, je me ferais un plaisir de le mettre en musique sans demander une quelconque rémunération. De préférence un texte qui ne parle pas de batailles et de victoires et de revanches, ça pourrait freiner un peu mon inspiration.

6. Le samedi 22 mars 2008, 12:34 par Eric

Merci pour votre réponse mais je ne mettais pas en doute votre amitié envers les Serbes, ni votre humanisme, bien évidemment. Sinon, je ne lirais pas ce journal. ;-)
Par l’appréciation changeante montrée envers les serbes, je voulais juste rappeler la complexité des questions géopolitiques, surtout dans cette partie du monde pour justement désamorcer les polémiques quant à la composition d’un hymne d’un état nouvellement indépendant. Il ne faut pas que l’on confonde les qualités des individus (serbes, kosovars et autres) qui forment une nation et les conflits d’intérêt au niveau des nations et leurs besoins d’influence.
À peine la déclaration de la Croatie faite de son indépendance que l’Allemagne et le Vatican la reconnaissaient, et ce, à la grande surprise du reste du monde, notamment de la France, de cette si soudaine prise de position sans concertation. On sait les relations particulières qu’entretenait l'État Indépendant de Croatie avec l’Allemagne nazie. Y aurait-il un rapport avec cette rapide reconnaissance d’indépendance ?
Bref, tout ça pour dire qu’il ne faut pas être naïf quant à ces questions d’indépendance mais que je serais bien malin si je voulais/pouvais pendre réellement position.
Et comme le chantait Sting, « I hope the Kosovars and the Serbians love their children too ». Ainsi, les kosovars souhaitent vraisemblablement que leurs enfants vivent dans la paix et la fraternité avec leurs voisins et, un jour, dans l’Europe. Alors, pour en revenir à la musique, je trouve très bien qu’un non-kosovar qui n’a aucune rancœur, ni aucun souhait de revanche, compose leur hymne national, même s’il ne contient pas de parole.