Henri Tomasi: concerto pour trombone

Parmi mes amours secrètes il y a le trombone à coulisse. Peut-être l'instrument le plus proche de la voix humaine, dont les possibilités expressives et dramatiques sont immenses. Avec 3 trombones seulement au milieu d'un orchestre symphonique, c'est presque comme si on avait un choeur d'hommes à la voix virile et puissante mais aussi incroyablement douce.

Sur le blog d'un tromboniste appelé Musique en coulisses, j'ai trouvé un article sur Fabrice Millischer, un jeune virtuose et multi-instrumentiste (il joue également du violoncelle et du piano) qui remporté le concours ARD à Munich. Il joue un peu partout dans le Monde mais pour les Parisiens le plus simple sera d'aller à Levallois le 13 avril pour l'entendre en quatuor de trombones.

Ce fut l'occasion de découvrir aussi le concerto d'Henri Tomasi pour trombone et orchestre. Ce musicien a laissé un vingtaine d'oeuvre concertante pour flûte, pour violon, pour alto, violoncelle, clarinette, etc. Mais ce sont les concertos pour trompette, pour trombone et pour saxophone alto qui sont le plus joués. Je m'attendais un peu à un de ces concertos pas fascinant qu'on ne joue qu'à cause du manque de répertoire. Divine surprise, l'orchestration raffinée, l'énergie rythmique, les échanges entre le soliste et l'orchestre m'ont ravi dans ce concerto:

(premier mouvement par Nestor Slavov)

(deuxième mouvement par Fabrice Millischer)

(troisième mouvement par Fabrice Millischer)

Tomasi, dont la musique a été violemment attaquée par les avant-gardistes dans les années 50 et 60, me fait penser à Poulenc, d'Indy, Roussel, à ce que la musique française comporte de meilleur. Ça n'est pas avant-gardiste, et alors ? Avec le temps les différences entre Liszt et Brahms, ces deux grandes figures de la querelle des Anciens et des Modernes, se sont estompées au point qu'on perçoit surtout leurs points communs en les classant parmi les romantiques. Ce qui opposait Bartok et Rachmaninov a-t-il encore de l'importance aujourd'hui ? Une fois qu'un auteur est entré au répertoire, on goûte sa musique pour elle-même, et non pour son caractère passéiste ou avant-gardiste par rapport au contexte de sa création.

Dernière réflexion: pour un compositeur aujourd'hui il est plus avisé d'écrire pour des instruments ou des formations délaissés par le répertoire traditionnel: alto, saxophone, trombone, contrebasse mais aussi: quintette à vents, quatuor de cuivres, orchestre d'harmonie. On trouve aujourd'hui de grands virtuoses pour tous ces instruments, prêts à prendre des risques pour défendre la musique originale écrite pour eux. Les violonistes et les pianistes sont beaucoup plus tentés de se cantonner aux tubes du répertoire bien connu et bien balisé, au point même que, amateurs ou professionnels, nombreux sont ceux qui n'ont jamais joué la musique d'un compositeur vivant. Je les plains plus que je ne les blâme. Ce ne sont pas des interprètes, ce sont des robots.

Commentaires

1. Le mercredi 5 mars 2008, 17:09 par maxime

C'est tellement vrai ! ! !
Fabrice est génial, oui... toute sa famille est musicienne (et tous sont doués d'ailleurs... son père prof de trompette au Conservatoire de Toulouse, etc.)...

Tomasi est très peu joué en France, et c'est bien dommage... Mais c'est comme beaucoup de français du XXe, à partir du moment où Boulez a révolutionné les institutions musicales...
On n'entend que très peu de Tailleferre, Schmitt, Jolivet, Auric, Durey, Constant, etc.
Et pas de "productions mineures" svp messieurs les "élites" avant-gardistes...!
Ces compositeurs sont ainsi plus joués par le monde des vents, que le monde symphonique...
(j'adore tes anti-spams....!! j'ai quand même réussi à me tromper - à mon premier commentaire -, pour le 2e prénom de Mozart, j'avais mis Chrysostomus, espérant que ce fut la bonne orthographe... drôle non ??!!)