Coadou défend Boulez

Trouvé sur le site Musicologie.org: un vibrant pamphlet de Pierre Coadou consacré à la défense de Pierre Boulez.

Dès le début, le ton est donné:

Nombreux sont ceux encore, en France, à notre époque, et en musique, qui condamnent Pierre Boulez et qui condamnent ses œuvres ; nombreux sont ceux encore, à notre époque, qui le rejettent ou même qui le haïssent, agitateurs de palais, pâles mélomanes, compositeurs dépassés ou que sais-je

Autrement dit: ceux qui n'aiment pas la musique de Boulez, non seulement ils en ont une toute petite, mais en plus elle est molle. Je vous laisse découvrir ce long article d'un auteur qui semble plus à l'aise avec les citations de Platon ou Althusser qu'avec la musique elle-même, où l'on trouve quelques perles comme celle-ci:

Et il expérimente aussi, pour la première fois, l'idée d'une musique écrite non de manière unidimensionnelle mais l'idée, au contraire, d'une musique écrite de manière pluridimensionnelle.

(j'offre 1 kilo de fraises tagada à celui qui saura m'expliquer ce que cette phrase veut dire). Avec une réthorique impeccable, les reproches adressés couramment à Boulez (intellectuel, dogmatique, systématique, homme de pouvoir) sont démontés comme de petits mécanismes et retournés pour devenir quatre arguments en faveur de ce compositeur. Au final cette conférence parle assez peu de la musique elle-même. Seules une demi-douzaine d'oeuvres de Boulez sont citées, et elles sont davantage survolées que décrites en détail.

Que faut-il en conclure ? Aux lecteurs de ce journal, je conseillerai une seule chose. S'agissant d'un compositeur, n'importe lequel, faites confiance uniquement à vos oreilles. N'écoutez pas les arguments des zélateurs ou des détracteurs, tout ce fatras de mots destinés à faire écran, à détourner votre attention de l'essentiel. La musique d'un grand compositeur se défend toute seule, pourvue qu'elle soit servie par de bons interprètes. Elle se passe de discours et de théories, même si l'analyse peut nous aider à mieux la comprendre pour mieux l'aimer.

Je me souviens par exemple que la découverte de Messiaen fut pour moi un choc, une révélation. Sans être capable d'analyser ou de comprendre sa musique, j'y ai entendu des choses nouvelles, fortes, qui m'ont donné l'envie d'approfondir, d'étudier son style et sa technique, ce que j'ai fait et que je continue à faire. Rien de tel ne s'est passé avec Boulez. J'ai pourtant fait l'effort d'acheter des disques et d'écouter le Livre pour quatuor ou encore Sur Incises intégralement. Cette musique me laisse de marbre, et lorsque j'ai insisté, m'a fait balancer entre l'ennui et l'agacement. J'ai laissé tomber. Le répertoire est si vaste, il y a tellement de choses passionnantes à découvrir ! D'accord pour découvrir beaucoup de choses sans a priori, mais en dernier ressort il faut faire confiance à son oreille et à son instinct.

Commentaires

1. Le lundi 25 février 2008, 11:09 par Guillaume Cingal

Je partage ton goût très fort pour Messiaen (quoique je sois moins "oiseleur" que vous deux ;-)). En ce qui concerne Boulez, c'est plutôt à Varèse ou Webern qu'il faudrait le comparer... et là, il fait plus pâle figure encore...