mercredi 10 juillet 2013

La scandaleuse stupidité du gouvernement hollandais

Pour continuer sur le même sujet (et sur le même blog), les Néerlandais sont en train de fermer la plus grande bibliothèque d'enregistrements d'Europe (celle de la Radio publique), tandis que l'orchestre de chambre rattaché à la même radio donnait son dernier concert. Je l'ai déjà écrit dans ce journal: il faut des années pour constituer une belle phalange orchestrale; si on arrivait à maintenir des orchestres en activité en 1943, serait-on incapables de le faire en 2013 faute de moyens financiers ?

Quand on sait que par ailleurs la famille royale des Pays-Pas dont le patrimoine serait estimé entre 300 millions et 5 milliards, touche 40 millions d'euros de dotation par an, on se dit que ce n'est vraiment pas l'argent qui manque dans ce pays qui figure parmi les plus prospères de la zone Euro. Il y a vraiment de quoi être écoeuré. Est-ce un restant de culture calviniste qui cause un tel mépris pour la musique ? Est-ce une idéologie hostile par principe à toute projet artistique ce qui serait public et financé par l'impôt ? Est-ce de la stupidité pure et simple ?

Quand on voit le nombre de visiteurs que le musée du Louvre attire à lui seul, on ne peut que se féliciter que l'État n'ait pas bradé les trésors inestimables qu'ils renferme pour boucher les trous du budget lors des années difficiles qui n'ont pas manqué au XIXe et au XXe siècle.

Il faut le répéter encore une fois: la culture ne coûte vraiment pas cher, comparé aux autres budgets publics. Elle crée des richesse matérielles (du PIB si vous préférez) grâce à un effet de levier important (tourisme, hôtellerie), mais aussi des richesses matérielles qui sont peut-être plus importantes encore. Vous savez, ce petit quelque chose qui fait que parfois on a l'impression d'être un peu plus qu'une bande de singes avides et crasseux en train de bousiller notre écosystème. Quand on écoute Mozart, Liszt ou Dutilleux, on a parfois l'impression que peut-être, il existe une civilisation, un beau et grand projet qui nous dépasse, une harmonie divine dans laquelle chacun de nous aurait sa place...

Supprimer un orchestre pour économiser des crottes de nez, c'est comme si je te dis tu te rases la tête pour économiser du shampoing. Non mais allô quoi !!!

mardi 9 juillet 2013

Gergiev et Temirkanov soutiennent l'orchestre de la radio-télévision grecque

Lu sur le blog (anglophone) de Norman Lebrecht, la lettre de soutien de deux stars russes de la direction d'orchestre - Valery Gerviev et Yuri Temirkanov - aux musiciens de la radio-télévision d'État grecque, qui attendent toujours d'être fixés sur leur sort.

Certains de leurs arguments sont très forts: ils rappellent notamment que même dans les heures les plus sombres de la crise qui a suivi la chute du communisme, les orchestres russes ont continué de fonctionner (et en Europe, c'est vrai de la plupart des orchestre pendant les années de guerre, pourrait-on ajouter). Ils ajoutent encore qu'un pays sans culture est un pays sans futur, et que la destruction d'un tel ensemble porterait un coup fatal à la culture et au prestige de la Grèce parmi les nations civilisées, sans rien résoudre au plan économique bien sûr. 

A propos des orchestres de la radio néerlandaise, j'avais déjà écrit pour ma part que les économies réalisées sont insignifiantes à l'échelle du buget d'une nation. Contrairement aux avocats ou aux joueurs de tennis, les musiciens professionnels (dans le monde du classique au moins) sont des experts singulièrement peu onéreux. Les musiciens d'orchestre sont des artistes qui fournissent des efforts considérables pour arriver à l'excellence et se contentent en échange du salaire d'un employé de mairie. Loin de moi l'idée de dénigrer les employés de mairie, mais j'ai tout de même l'impression que la sympathique dame qui m'a aidé à remplir mon dossier de renouvellement de passeport n'avait pas fourni autant d'efforts ni surmonté autant de barrières pour décrocher et conserver son job qu'un artiste qui joue du violoncelle ou du trombone professionellement. Et qu'elle ne subissait pas les mêmes contraintes comme de travailler tard le soir ou encore le dimanches et jours fériés.

C'est donc un sentiment d'injustice et d'absurdité particulièrement fort qui m'étreint lorsque je vois que des formations symphoniques qui existent depuis des décennies, qui fournissent un service public d'accès à la culture pour tous avec un budget des plus modestes, sont menacés de mort par des bureaucrates sans conscience. Si l'on n'a plus ni musique ni poésie ni littérature, si l'on n'a plus accès à notre propre histoire, c'est la pire des dictatures qui nous attend. Car un objectif prioritaire de tous les dictatures a toujours été d'effacer la mémoire et la culture des peuples afin de mieux la manipuler. C'est pourquoi il faut écrire aux dirigeants de la Grèce (je ne veux pas parler du gouvernement ni du parlement grecs mais des fonctionnaires du FMI et de la Commission Européenne) pour leur redire: Oui à la culture pour tous, non au culte du veau d'or !

jeudi 27 juin 2013

Nympho si criminelle en mi bémol, par Claude Abromont

Lu récemment, une sorte de polar commis par Claude Abromont, qui dans le civil est prof d'analyse musicale dans certain conservatoire parisien très chic. Comme dans tout bon polar, il y a de la viande froide au menu. Mais la victime n'est rien d'autre que l'inventeur de l'holomusicogramme, étrange appareil qui permet non seulement de comprendre visuellement la structure de la musique de manière très intuitive et en 3D s'il vous plaît, mais aussi d'interagir avec la musique. L'holomusicogramme rêvé par Claude Abromont serait donc (si d'aventure on en fabriquait un) davantage que l'outil ultime du musicologue : un véritable instrument de musique, produit par le croisement improbable entre le Thérémine, les jeux vidéos façon Guitar Hero et la présentation powerpoint d'un cours d'analyse musicale pour les nuls. C'est aussi, dans l'idée de l'auteur, un objet de collection qui peut atteindre des prix faramineux, à l'instar de certaines œuvres des arts plastiques.

Tout cela est fort amusant et parfois instructif. Si les maigres développements consacrés à la psychologie des personnages font plutôt penser à un tome pas particulièrement inspiré de la collection Harlequin, si le style littéraire est banal et sans couleur particulière, les passages consacrés au microcosme de la musique ancienne ou contemporaine, avec ses chapelles, ses haines féroces, son jargon, ses dieux et ses idoles, sont des plus réjouissants.

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On peut sans doute reconnaître dans l'auteur un érudit, un passionné, ainsi qu'un esprit facétieux par moments. Ce livre est semé d'allusions et de blagues pour initiés. Pour ne donner qu'un exemple, lorsqu'il imagine une
Opération Walkyrie qui consiste à projeter la vidéo de l'opéra de Wagner à côté d'une analyse en temps réel des leitmotives, les lecteurs les plus jeunes ne se souviendront peut-être pas qu'Opération Walkyrie est le nom de code d'un complot des officiers allemands pour tenter d'assassiner Hitler en juillet 1944...

Comme une symphonie de Haydn, cette Symphonie Criminelle d'Abromont est spirituelle et plaisante ; elle se lit en trois heures avant d'être rangée dans un rayon des inclassables et des curiosités, hybride indéfinissable entre le polar, l'anticipation, et la vulgarisation musicologique. Il ne reste plus à Claude Abromont qu'à construire un prototype et déposer le brevet de l'holomusicogramme avant de le proposer à Yamaha, Sony ou Microsoft, afin de savoir si c'est une révolution, l'instrument de musique du XXIe siècle, un gadget de plus ou encore un simple fantasme de musicologue.

dimanche 23 juin 2013

Mélodies inédites d'Armande de Polignac

La fête de la musique était quelque peu en avance ce 18 juin dernier pour la centaine de chanceux qui ont pu assister à ce récital de mélodies rares voire introuvables d'Armande de Polignac. Cela se passait au siège de l'association France-Amérique, un lieu somptueux à deux pas des Champs Elysées. La soprano Sabine Revault d'Allonnes, le baryton L'Oiseleur des Longchamps et le ténor Sébastien Romignon Ercolini, accompagnés au piano par Stéphanie Humeau, se sont relayés pour nous faire entendre ces mélodies parmi lesquelles on trouve de véritables trésors, de petits bijoux. Tant par le raffinement de l'écriture que par la sensibilité et l'engagement des interprètes, nous avons entendu ce que la mélodie française peut produire de meilleur.

Par la concision (il n'y a pas une note en trop) et le raffinement harmonique, les mélodies d'Armande de Polignac se rapprochent de Ravel. Elles auraient tout à fait leur place au concert parmi celles de Fauré, Duparc, Chausson, Hahn tant les qualités de l'écriture sont évidentes. Pour donner une idée de l'oubli dans lequel elles sont tombés, L'Oiseleur des Longchamps m'a raconté qu'il a du en chercher certaines à la bibliothéque de France car elles ne sont plus éditées depuis longtemps. Mais le parcours du combattant ne s'arrêtait pas là car il y avait des éditeurs qui s'ils ne possédaient même pas une photocopie des partitions originales, en détenaient les droits (sans doute par le jeu des rachats de catalogues entiers lorsqu'uu éditeur met la clé sous la porte). Il fallut donc les retrouver et demander des autorisations... Ce concept d'éditeur qui détient les droits sans faire le travail correspondant (rendre la partition disponible) me laisse un peu rêveur. Ce n'est qu'une illustration caricaturale du fait que donner des des droits monopolistiques garantis par l'état à un éditeur jusqu'à 70 ans après le décès du compositeur est tout sauf compatible avec l'intérêt général, et ne va certainement pas dans le sens de la défense de l'art vivant et de la création.

Fermons cette parenthèse et revenons à la musique: ce programme passionnant et inédit sera bientôt enregistré en disque, disponible d'ici à la fin de l'année. Ce qui permettra de rendre justice à cette compositrice méconnue. A ceux qui se demanderait pourquoi si peu de gens se sont intéressés à cette musique si elle est vraiment excellente, j'ai envie de répondre que les histoires de la musique sont tout sauf équitables, et qu'on entend très régulièrement dans les concerts classiques des navets sans grand intérêt alors que de véritables trésors dorment dans les bibliothèques. Dans ce domaine comme dans d'autres le conformisme fait des ravages, et la curiosité reste le meilleur atout du musicien comme du mélomane.

dimanche 16 juin 2013

Un nouveau départ

Je garderai un souvenir très ému de ce récital de fin d'études à Liège. Il marque symboliquement la fin d'un parcours de cinq ans jalonné d'obstacles, de découvertes, de rencontres. Si je n'ai pas pu programmer quelques pièces récentes qui me tenaient à cœur, comme celle que j'ai écrite pour 13 altos ou encore Khronos pour deux pianos, en réunissant quelques amis, j'ai tout de même pu proposer un programme de musique de chambre instrumentale et vocale assez présentable. Je suis infiniment reconnaissant à mes amis Yseult Kervyn de Meerendre, Philippe Hattat-Colin, Jacques L'Oiseleur des Longchamps, Brigitte Foccroule, Vincent Royer et Rudy Mathey d'avoir rendu ce moment unique et très émouvant en plus d'avoir fourni des prestations professionnelles du meilleur niveau.

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Le jury m'a accordé une « cote » tout à fait honorable et surtout prodigué des conseils bienveillants mais justes et lucides. Pierre Bartholomée en particulier m'a encouragé à toujours chercher à aller au-delà de ce que je sais déjà faire et que je maîtrise déjà bien. À m'appuyer sur la maîtrise technique que j'ai acquise sans jamais m'en contenter. Tout un programme...

C'est un moment important de ma vie de compositeur, cependant ce n'est ni un point culminant ni un point final. J'ai maintenant un réseau en Belgique, des contacts qui sont aussi des amis, des projets pour les années à venir.

Il faut mourir pour renaître, quitter sa vieille peau pour compléter sa mue. Hasard ou fatalité, cette année qui a vu mes premiers succès comme compositeur professionnel (un prix au rencontres de Cergy-Pontoise, une commande rémunérée pour le festival d'Auvers-sur-Oise en 2014) aura également vu l'écroulement de mon couple et du projet de famille qui occupaient une place centrale dans ma vie depuis que j'ai l'âge de voter ou presque. Des pièces comme La Victoire de Guernica expriment surtout le travail de deuil pour m'habituer à une nouvelle vie en l'absence de celle que j'aimais comme un fou et que j'aime toujours en dépit de toute logique. Bien qu'elle soit moins spectaculaire vue de l'extérieur, la dévastation intérieure que j'ai connue n'est pas moins grande que celle qu'ont sans doute expérimentée les survivants de Guernica au matin du 27 avril 1937. Comme eux j'ai appris une leçon essentielle, celle de l'espoir qui ne meurt jamais, celle de la joie qui se cache dans l'expression même de la douleur. J'ai reçu ce qu'on gagne sans même en être conscient chaque fois qu'on perd quelqu'un qu'on aime.

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Comme le montagnard qui atteint un col après une rude ascension, ce moment est pour moi celui où l'on souffle un peu, où l'on jette un regard rapide sur le chemin parcouru et la vallée traversée avant de se tourner à nouveau vers l'ascension qui se poursuit. Je garderai toutes sortes de souvenirs du conservatoire de Liège : il y eut des moments comiques, agréables, difficiles ou même douloureux, mais c'est avant tout la gratitude qui domine. J'ai envie de remercier mes professeurs mais aussi tous les étudiants qui m'ont aidé d'une façon ou d'une autre, parfois sans même le savoir... pour ne citer qu'un seul nom, il suffit de voir le clarinettiste Rudy Mathey en scène pour prendre une sacrée leçon de musique. Quelle présence en scène, quelle intensité dans le jeu ! J'ai eu la chance de collaborer avec lui sur plusieurs projets et j'espère que nos chemins se croiseront à nouveau. Il y a bien des choses qu'on pourrait déplorer ou critiquer au Conservatoire de Liège, mais il y a aussi une énergie, un bouillonnement créatif, une liberté qu'on ne trouve pas ailleurs. L'esprit d'Henri Pousseur imprègne encore les murs...

Il y a cinq ans, j'étais fébrile, insatisfait, tendu : je savais où je voulais aller mais pas quel chemin emprunter. La souffrance causé par le décalage entre ma vie professionnelle et mes aspirations profondes, refoulées mais irrépressibles, était intense. Les absurdes limites d'âge des conservatoires français et certaines rencontres déterminantes comme celle de Pierre-Henri Xuereb m'ont conduit vers un chemin détourné, parsemé de difficultés qui m'ont sans doute davantage aidé à grandir que les parcours mieux balisés et plus faciles. Je suis aujourd'hui calme, heureux, déterminé ; j'ai gagné une nouvelle famille constitué des quelques fous qui mettent le meilleur de leur énergie au service d'une musique qui ne vise ni le succès commercial ni la séduction immédiate, car elle s'est fixée des objectifs bien plus élevés. Une musique qui cherche à émouvoir au plus profond de l'âme, à exprimer des vérités si secrètes et si importantes qu'on ne peut les dire avec des mots. Une musique qui mérite qu'on lui consacre sa vie.

À tous mes amis de Liège : un immense merci à chacun de vous. Restons en contact. À tantôt !

(photo: Statue d'Albert 1er a Liège, par L'Oiseleur des Longchamps)

vendredi 14 juin 2013

Oh ! ces narrateurs, ces écrivains ...

Oh ! ces narrateurs, ces écrivains ! Au lieu de raconter quelque chose d'utile, d'agréable, de réconfortant, ils nous dévoilent tous les secrets et les misères de l'existence terrestre ! .... Moi, je leur aurais interdit d'écrire ! On lit... et involontairement on se met à réfléchir - et voilà que toutes sortes d'idées abracadabrantes vous viennent à la tête. Non, vraiment, je leur aurais interdit d'écrire. Je leur aurais tout bonnement interdit de publier quoi que ce soit.(Prience Odoievski, cité par Fiodor Dostoievsky en exergue des "Pauvres Gens", traduction Marc Chapiro)

jeudi 13 juin 2013

Du baroque a l'électro avec la classe de violoncelle du Conservatoire de Liège

A réécouter en podcast sur RTBF/musiq3, dans l'émission Musiq'Académies de Pascale Vanlerberghe, une présentation du programme Du baroque à l'électro de la classe de violoncelle de J-P Zanuel au Conservatoire Royal de Liège. Le concert aura lieu le 25 juin prochain, mais certaines pièces seront jouées également les 15 juin (voir mon billet ci-dessous) et 18 juin au Conservatoire de Liège.

Les élèves de Jean-Pol Zanuel, assisté par Jeanne Maisonhaute (la violoncelliste du quatuor Tana), ont réalisé un travail vraiment remarquable pour ce projet qui illustre parfaitement l'esprit du Conservatoire où l'esprit d'Henri Pousseur reste bien vivant: curiosité, ouverture, enthousiasme, diversité des répertoires de la musique ancienne à la création contemporaine. Venez nombreux pour les féliciter et les encourager le 25 juin prochain ! 

Récital de fin d'études le 15 juin à Liège

Samedi prochain (15 juin 2013) à 20 heures à l'Espace Pousseur de Liège (22 rue Forgeur) aura lieu mon récital de fin d'études en composition au Conservatoire Royal de Liège. S'il n'a pas été possible d'inclure dans le programme certaine pièce pour 13 altos qui me tenait particulièrement à coeur, il y aura tout de même de belles choses:

Venez nombreux, surtout si vous habitez la Belgique. Et ne manquez pas à 17 heures le même jour et dans le même Espace Pousseur, le récital de mon ami et collègue Frank Bovet.

dimanche 26 mai 2013

Anthologie de blagues d'altistes

A lire ici, en attendant que je retrouve l'envie de repeupler ce blog de billets doux ou bien au contraire bien salés.

lundi 13 mai 2013

Voici que le silence...

Voici que le silence a les seules paroles
Qu'on puisse, près de vous, dire sans vous blesser.
Laissons pleuvoir sur vous les larmes des corolles;
Il ne faut que sourire à ce qui doit passer.

À l'heure où fatigués nous déposons nos rôles,
Au même lit secret les dormeurs vont glisser;
Par chaque doigt tremblant des herbes qui nous frôlent,
Vous pouvez me bénir et moi vous caresser.

C'est à votre douceur que mon sentier m'amène.
Dans ce sol lentement imprégné d'âme humaine,
L'oubli, lent jardinier, extirpe les remords.

L'impérissable amour erre de veine en veine;
Je ne veux pas troubler par une plainte vaine
L'éternel rendez-vous de la terre et des morts.

Marguerite Yourcenar, extrait des Sept poèmes pour une morte, Les Charités d'Alcippe, éditions Gallimard.

jeudi 18 avril 2013

Création de la Victoire de Guernica à Cergy-Pontoise

J'ai le plaisir et l'honneur de participer cette année aux Rencontres Internationales de Composition de Cergy-Pontoise en tant que (jeune) compositeur invité. Ce qui me permet d'inviter à mon tour les lecteurs de ce journal au Théâtre 95 de Cergy-Pontoise samedi prochain (le 20 avril) à 17 heures pour un concert où seront données cinq créations de Gabriel Ledoux (Montréal, Québec), Abou Diab Wadji (Liban), Brunon Fioranelli (Argentine) et Luisa Antoni (Venise, Italie). Ce concert est gratuit.

La pièce que j'ai écrite pour cette occasion s'intitule La Victoire de Guernica pour soprano et six instruments, sur un texte de Paul Eluard. J'en parlerai plus longuement dans un autre billet. J'ai la chance de travailler avec la magnifique soprano colorature Sevan Manoukian sur ce projet (je suggère à nos lecteurs de l'écouter dans l'air de Cunéguonde extrait du Candide de Leonard Bernstein, un vrai morceau de bravoure vocale mais aussi une pièce magnifiquement écrite et relativement peu connue. Ou encore dans cet extrait de l'opéra Les Sacrifiés de Thierry Pécou, tout aussi passionnant dans un autre style).

Si ma pièce est sélectionnée par le jury, elle sera donnée également le dimanche 21 avril à 17h, toujours au Théâtre 95. Ce concert de clôture permettra également d'entendre un opéra de chambre de Guy Reibel.

Mise à jour 2017: la partition de ma Victoire de Guernica, qui a remporté deux prix aux Rencontres de Cergy-Pontoise, est dispnible sur le site de mon éditeur Tamino Productions. Une vidéo réalisée avec l'enregistrement de la création est également disponible.

jeudi 11 avril 2013

Claude, opéra de Thierry Escaich sur un livret de Robert Badinter en direct sur Arte Live Web

Ce soir à vingt heures aura lieu la rediffusion sur Arte Live Web de l'opéra de Thierry Escaich, Claude, sur un livret de Robert Badinter d'après un roman de Victor Hugo (Claude Gueux). Les créations d'opéra sont devenues suffisamment rares pour qu'on salue celle-ci et qu'on lui réserve le meilleur accueil. Thierry Escaich est un magnifique musicien à découvrir absolument si vous ne le connaissez déjà. Certains jugeront sa musique trop moderne et d'autres pas assez, pour ma part je retiens surtout que tout ce que j'ai pu entendre de Thierry Escaich était fort bien écrit, bien construit et sonnait très bien. Quand la musique est de bonne qualité elle s'impose par elle-même, indépendamment des choix esthétiques de son créateur.

Par ailleurs Badinter n'est pas n'importe qui, c'est tout de même l'homme qui a fait voter l'abolition de la peine de mort en France en 1981, à rebours d'une opinion publique qui y était encore majoritairement hostile. Je recommande en particulier aux plus jeunes lecteurs de ce Journal de lire L'Abolition du même Badinter, un livre de deux cent pages tout à fait essentiel pour comprendre les enjeux de l'abolition et le chemin qu'elle a suivi avant de s'imposer en France comme dans tous les pays européens. Un livre à mettre entre toutes les mains dès quatorze ans.

mardi 2 avril 2013

Créations par le CLSI à Saint Merry les 4 et 5 avril

L'excellent Vincent Royer me signale que le Cercle pour la Libération du Son et de l'Image, ou CLSI (si si, ça existe et ça n'est pas une secte; du moins avec une PAF à 7€ celle-là ne va pas ruiner ses sympathisants) donnera deux concerts en l'église Saint Merri, au centre de Paris, les 4 et 5 avril 2013. Les détails sont ici: Scelsi, Stockhausen et Radulescu pour les "classiques", Méfano, Méridan, Krashenko, Favory, Pape pour les créations. La plupart des pièces sont mixtes c'est à dire qu'elles utilisent aussi bien les instruments acoustiques que l'électronique.

Ne réfléchissez pas, réservez la date et venez, vous ne risquez rien à part quelque bonne surprise; de toute façon il n'y a rien que des matchs de foot ou des interview présidentielles à mourir d'ennui en ce moment à la télé.

mercredi 27 mars 2013

Concert du Quatuor Tana au chatêau de Loumarin

Les musiciens du Quatuor Tana, un des mes quatuors belges préférés (avec les Danel) seront de retour en France le 6 avril prochain. Au château de Loumarin très précisément, quelque part entre Avignon et Aix-en-Provence. Au programme: Mozart, Boesmans, Webern et Beethoven. C'est dans la série Jeunes Quatuors de Pro Quartet. On ne saurait trop recommander aux mélomanes qui habitent pas trop loin d'Aix de se faire du bien en réservant une place dès maintenant.

Cycle Voix et Quatuor (ProQuartet) en avril 2013

Après un superbe cycle Beethoven-Schoenberg-Boulez par les Diotima en novembre dernier, l'association Pro Quartet continue de célébrer dignement son 25e anniversaire avec une nouvelle série Voix et Quatuor, les 10, 14 et 15 avril prochains.

De très belles choses au programme: des créations, des oeuvres rares et des classiques du vingtième siècle (Berg, Zemlinsky, Nono). Le tout servi par de magnifiques interprètes. Plus de détails sur le site ProQuartet.

dimanche 24 mars 2013

En chantante Lune

J'ai le plaisir de vous inviter à un concert de mélodies dans toutes les langues le 10 avril prochain à Paris, concert qui vous permettra notamment d'entendre une de mes toutes dernières productions, le Lunatique sur un texte de Yourcenar commandée par l'occasion par L'Oiseleur des Longchamps.

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Concert de mélodies, airs, chansons, songs, Lieder, canzone, canciones ... sur le thème de la lune

Evelyn Vergara, soprano
Emilien Marion, ténor
L'oiseleur, baryton
Christophe Maynard, pianiste


oeuvres de : Anonyme, Bellini, Bernier, Boëlmann, Brahms, Chaminade, Chausson, Chrétien, Collin, Curschmann, Davico, Debussy, Dvorak, Fauré, Ferroud, Franz, Garat, Gaubert, Ginastera, Gounod, Greif, Grétry, Hahn, Holmès, Jadin, Kinkel, Kirschner, Krüger, Labori, Lacroix, de La Presle, Le Flem, Leroux, Loiseleur, Maas, Marinier, Mascagni, Massenet, Mecano, Mendelssohn, Picheran, Puget, Reichhardt, Respighi, Rodrigo, Rubinstein, Saguer, Saint-Saens, Schubert, Schumann, Scotto, Spohr, Strauss, Tricot, Vidal, Wakerfield, von Weber, Woodworth

sur des poèmes de : Bessière, de Bussy, Cipollini, Davidoff, Despax, Dorchain, Eichendorff, Even, Fiorentino, Fortolis, Guinand, Heine, Holmès, Hölty, Greif, Kugler, de La Ville de Mirmont, Lenau, Madeleine, Mendès, Mosen, Ossian, Osterwald, Samain, de Ségur, Shimasaki, Simrock, Vanor, Verlaine, Villancico, Villemer, Woddworth, Yourcenar

entrée : libre participation

adresse: Using Spring Court 5 passage Pivert Paris 11e
métros : Goncourt ou Belleville

illustration : Arthur John Black

jeudi 21 mars 2013

Le jour où elle m'a dit...

Le jour où elle m'a dit qu'elle voulait me quitter 

J'ai pleuré

J'ai pleuré

J'ai pleuré

J'ai pleuré

Je ne pouvais plus m'arrêter

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Quand j'ai vu avec qui la belle était partie

J'ai ri

J'ai ri

J'ai ri

J'ai ri

Je ne pouvais plus m'arrêter

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Elle a choisi sa punition

Inutile d'en rajouter

Elle mérite la compassion

Et m'a rendu la liberté

samedi 9 mars 2013

L’effroi des dames: journée historique

Journée des filles de foi montrent leur belle masse sans se perturber. Certaines pratiquent la délation sans fard (« à qui sert cette boite ? » demandent-t-elles). Celle-là joue avec son QI, tandis qu’un autre exhibe ses pauvres fiches (de paye) en s’agitant mollement. Côté messieurs, c’est le cas des bonus qui retient l’attention, davantage que les journées historiques.

mercredi 27 février 2013

Répertoire de Mauricio Kagel aux Bouffes du Nord

Vu et entendu hier aux Bouffes du Nord, Répertoire, pièce de théâtre musical de Mauricio Kagel mis en scène pas Jos Houben, Françoise Rivalland et Emily Wilson.

La notice évoque des "flash inspirés" qui sont "autant d'apparitions sonores saisies dans l'immédiateté de leur théâtralité", autant avouer qu'elle ne nous renseigne pas beaucoup. Fort heureusement pour vous, chères lectrices, à la rédaction du Journal de Papageno, nous abhorrons la langue de bois. De quoi s'agit-il en pratique ? De cinq musiciens-acteurs qui utilisent des instruments aussi amusants qu'improbables à base de sphères de polyester, ressorts métalliques, tuyaux de plastique, objets quotidiens tout genre. Avec quelques notes de trombone, violon ou guitare, sans compter bien sûr la partie vocale (sifflements, cris, rires, etc). Tout cela est mis en scène, c'est à dire que le geste instrumental est travaillé autant pour la partie visuelle que pour le son.

Ce Répertoire ressemble à un gros canular mais le plus étonnant reste que ça fonctionne assez bien. Comme les facétieux normaliens le savent depuis Alfred Jarry au moins, un canular est une chose qui se prépare avec le plus grand soin. Rien n'est à prendre plus au sérieux qu'une bonne partie de déconnade. C'est assurément ce que font les cinq interprètes de ce Répertoire qui ont manifestement beaucoup travaillé et manipulent un instrumentarium insolite et divertissant avec aisance ainsi qu'avec une sorte de joie naïve. La joie que vous pouviez éprouver, chers lecteurs, lorsqu'à 5 ans vous tambouriniez sur le guéridon du salon ou torturiez le poupon en plastique de votre soeur. En écrivant cette pièce qui fleure bon les années 68 (écrite en 1970 je crois), Mauricio Kagel nous invitait à revenir aux sources même de la musique c'est à dire à la manipulation d'objets familiers qui peu à peu deviennent des instruments de musique. Et ça fonctionne assez bien, on finit par se prendre au jeu, par écouter avec gourmandise tous ces sons principalement inharmoniques (c'est à dire que ce ne sont pas des notes, on ne peut pas les identifier avec une hauteur de son bien précise). Le côté pro du compositeur apparaît très bien si l'on considère la duré de chaque apparition: Kagel sait très bien distinguer les sons dont on se lasse au bout de 2 secondes et ceux qui sont plus riches, qu'ont peu développer et travailler sur une minute entière. Comme Luc Ferrari avec d'autre moyens (la musique enregistrée), Kagel nous fait tout simplement entrer dans le cerveau d'un compositeur, hypersensible à l'aspect sonore de toute chose, attentif à tous les bruits de la nature ou de la ville. Il nous pousse à écouter différemment tous ces bruits familiers et pourtant étranges. "Quand un bruit vous dérange, écoutez-le" disait John Cage à ses élèves. Du coup la dame qui tousse au premier rang, le vieux du troisième rang qui gromelle, les rires du plublic, tout ça vient s'intégrer à l'ambiance musicale du spectacle plutôt que de constituer une nuisance. Puisque le bruit se fait musique, tout devient musique.

En bref, c'est bien maîtrisé, ça fleure bon les années 1970, ça ne dure qu'une heure, c'est divertissant, c'est infiniment moins cher qu'un concert de Lady Gaga, c'est à l'affiche jusqu'au 2 mars prochain et ça se tente assez bien. Seul bémol, l'horaire (19h), pas très pratique pour ceux qui travaillent ou qui ont des enfants. Pour ceux-là, on trouve une autre interprétation de la même pièce sur le décidément inépuisable ioutioube par le Kölner Ensemble für Neue Musik.

mardi 19 février 2013

Création de Lolo Ferrari de Michel Fourgon à l'Opéra de Rouen en mars 2103

Les créations d'opéra sont devenues suffisamment rares pour qu'on les signale et qu'on prenne le train ou la voiture afin d'aller les écouter à Aix, Strasbourg, ou Bruxelles. Celle dont je vous fais la pub aujourd'hui est un opéra de Michel Fourgon qui s'intitule Lolo Ferrari. Il sera donné à l'Opéra de Rouen les 8, 10, et 12 mars prochains.

Même ceux qui n'ont jamais vu un porno de leur vie (et ils en ont de la chance) connaissent sans doute le nom de Lolo Ferrari, actice qui s'était rendue célèbre par un tout de poitrine tout à fait monstrueux obtenu par une succession d'opérations de chirurgie esthétique (si l'on peut encore appeler ça esthétique). Son mari qui était aussi en quelque sorte son "impresario" ou son "agent", a été soupçonné lors de son décès dans des circonstances troubles en 2000, et puis finalement relâché.

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Le destin tragique de cette femme fournit sans aucun doute un excellent sujet d'opéra. Même sans céder au malin plaisir d'un calembourg, on peut dire que cette Lolo est une sorte de Lulu de notre époque. En plus des ingrédients essentiels de tout bon sujet d'opéra (du sexe, du sang, plus un brin de politique ou de philosophie) cela permet d'aborder des sujets très actuels comme l'image de soi, l'argent, la célébrité, et la recherche du bonheur.

N'ayant pas lu le livret ni entendu une note de musique, je ne saurais vous en dire plus, sinon ceci: soyez curieux et audacieux, et si vous êtes parisien dites-vous que Rouen ça n'est pas plus loin du centre de la capitable que Cergy-Pontoise ou Marne-la-Vallée.

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