vendredi 13 décembre 2013

Can you smile ? Yes we can !

Entendu mardi dernier à la Dynamo des banlieues bleues (une petite salle de Pantin), un très réjouissant concert d'improvisation proposé par le Théo Ceccaldi trio (constitué des frères Ceccaldi aux Violon/Alto et Violoncelle et de Guillaume Aknine à la guitare électrique) et l'excellente Joëlle Léandre (Contrebasse).

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jeudi 28 novembre 2013

Petits meurtres en famille (Elektra à l'Opéra de Paris)

Ouï dimanche dernier à l'Opéra de Paris, une fort belle production d'Elektra de Richard Strauss. Créé en 1909, cet opéra pousse le chromatisme (post-)wagnérien dans ces derniers retranchements. Un certain Arnold Schönberg ne manqua pas d'en tirer des leçons lorsque; quelques années plus tard, avec Erwartung puis le Pierrot Lunaire, il enterrera la tonalité que Strauss avait poignardé aussi énergiquement qu'Oreste s'occupe de son beau-papa. On ne peut pas aller plus loin qu'Elektra; Strauss lui-même l'a compris, car il s'est tourné vers un tout autre style pour ses opéras suivants, comme le Chevalier à la Rose ou encore Cappricio.

Elektra est l'histoire d'une vengeance, et ça n'est même que ça. Obsédée par le meutre de son père Agamemnon, qui a été assasiné par son épouse Clytemnestre et par l'amant de celle-ci Egisthe, Elektra ne rêve que de laver l'affront dans le sang de sa propre mère. Elle reste sourde aux appels de Chrisotemis, sa soeur, qui aimerait bien "tourner la page" et "refaire sa vie" comme on dit de nos jours. Elle attend le retour de son frère Oreste pour l'aider à exécuter son plan. Plan aussi simple que subtil et dans lequel une rencontre entre certaine hache et la tête de Maman tient une place centrale.

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lundi 25 novembre 2013

Un appareil si vital et délicat... (Paul Valéry)

Il me semble que chaque mortel possède tout auprès du centre de sa machine, et en belle place parmi les instruments de la navigation de sa vie, un petit appareil d’une sensibilité incroyable qui lui marque l’état de l’amour de soi. On y lit que l’on s’admire, que l’on s’adore, que l’on se fait horreur, que l’on se raye de l’existence ; et quelque vivant index, qui tremble sur le cadran secret, hésite terriblement  prestement entre le zéro d’être une bête et le maximum d’être un dieu.

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mercredi 20 novembre 2013

Images sonores 2013

Les 21, 22 et 23 novembre prochains aura lieu le festival Images Sonores 2013 à Liège. Trois concerts de musique électro-acoustique et mixte ou le bizare côtoie l'expérimental, et pourquoi pas, le beau ou l'émotion. Où les virtuoses sont aussi les ingé sons du centre Henri Pousseur, toujours prêts à faire l'impossible pour satisfaire les désirs des compositeurs. Le 22 notamment, la violoncelliste Yseult Kervyn rejouera un extrait du cycle La couleur me possède pour violoncelle et électronique live. Pour plus de détails je vous renvoie à cet article fort détaillé de Marc-Henri Bawin, ou encore au site du Centre Henri Pousseur et même à la bande-annonce en vidéo qui présente le travail de la classe de violoncelle de Jean-Pol Zanutel et Jeanne Maisonhaute. 

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jeudi 7 novembre 2013

Récital Roselyne Martel le 8 novembre à Paris

Roselyne_Martel.jpgLa soprano Roselyne Martel donnera un récital accompagnée du pianiste et compositeur Michaël Sebaoun le vendredi 8 novembre 2013 à 20h au Studio Le Regard du Cygne.

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ISSN : 2268-5049

Le Journal de Papageno est maintenant doté d'un numéro de série international normalisé ou ISSN 2268-5049 attribué par la Bibliothèque Nationale de France.

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mercredi 6 novembre 2013

Est-ce encor moi (Supervielle)

Est-ce encor moi malgré
Son visage en allé
Et ses jambes qui fuient
Dans la soie de la nuit.

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dimanche 20 octobre 2013

Le journal de Papageno recrute et prépare sa mue

Après cinq ans d'existence, je crois que ce journal a suffisamment grandi pour acquérir une identité propre et continuer à évoluer. Je vais donc le déménager prochainement vers un site dédié et réserver loiseleur.com aux sites personnels des membres de ma famille (moi compris).

Afin de faire vivre ce blog, je crois aussi qu'il est temps de l'ouvrir à d'autres plumes, d'inviter d'autres musiciens à publier dans le Journal de Papageno, soit de façon ponctuelle soit de manière plus régulière.

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jeudi 10 octobre 2013

La minute de rigolade...

La minute de rigolade de la journée nous est offerte par Marie Donzel sur son blog hébergé par France Info. Le pauvre Bruno Mantovani, directeur du conservatoire de Paris, avait pas mal pataugé à la radio sur une question au sujet des femmes chef d'orchestre. Il avait pour l'occasion débité un certain nombre de préjugés sexistes que j'aurais davantage attendu dans la bouche de mon ex-beau-père que chez quelqu'un de ma génération. Marie Donzel ne se prive pas de lui enfonce joyeusement la tête dans l'eau, ce qui contribuera peut-être à lui rafraîchir les idées, à défaut de lui apprendre la modestie.

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samedi 5 octobre 2013

Helikopter-Streichquartett de Stockhausen à Paris le 5 octobre

Un évènement rarissime aura lieu ce soir à 18h: une interprération parisienne du célèbre Helikopter-Streichquartett de Stockhausen dans le cadre de la Nuit Blanche de Paris, sponsorisé par la Monnaie de Paris.

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vendredi 27 septembre 2013

Je veux donner encore...

J'ai donné de l'amour
    et reçu du mépris
Donné de la tendresse
    et subi la colère
J'ai donné ma confiance
    et j'ai été trahi
J'ai donné mon pardon
    et j'ai été jugé

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mercredi 25 septembre 2013

Concert Les Arpèges le 28 septembre à Paris

Samedi 28 septembre prochain, j'aurai le plaisir de participer au prochain concert de l'ensemble Les Arpèges, avec le choeur Polymnia, sous la direction de Julien Leroy. Au programme, la symphonie numéro 8 dite "inachevée" de Schubert, le Cantique de Jean Racine de Fauré et le très beau Psaume 42 de Mendelssohn pour choeur, solistes et orchestre (Comme une biche soupire après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, mon Dieu). Les détails sont sur le site de l'orchestre Les Arpèges. Venez nombreux !

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mardi 24 septembre 2013

MusOpen: de la musique open source ?

Le micro-mécénat permet de résoudre l'équation en apparence insoluble de la gratuité conjuguée à la rémunération équitable des artistes.

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vendredi 13 septembre 2013

Concours de composition Viola's 2014

L'association franco-européeen de l'alto, qui édite le site alto en ligne et organise le festival Viola's 2014 au CRR de Paris, ajoute cette année un concours de composition aux festivités. Il s'agit d'écrire une pièce pour alto seul d'une durée de 4 à 5 minutes. Le jury comporte du beau monde: Edith Canat de Chizy, Richard Dubugnon et Philippe Hersant pour les compositeurs, Odile Auboin, Gérard Caussé et Laurent Verney pour les altistes et de Jacques Borsarello, président du jury. Les détails se trouvent sur le site Viola's 2014. Amis compositeurs, à vos plumes !

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mercredi 11 septembre 2013

L'oiseleur des Longchamps chante Anna de Noailles

L'oiseleur des Longchamps est très heureux d'annoncer qu'il chantera un concert entièrement consacré à la poétesse Anna de Noailles, en prestigieuse compagnie : la grande Viorica Cortez, et les talentueuses Andreea SoareSabine Revault D'AllonnesAxia Marinescu, dans le magnifique théâtre byzantin de l'Ambassade de Roumanie à Paris le 8 décembre 2013 ; en plus des mélodies de Saint-Saens, Dutilleux, Vierne, Marquiset, La Presle etc ... il y aura la création de 2 mélodies de Patrick Loiseleur et de Emile Naoumoff; avec le concours du cercle Anna de Noailles créé et présidé par l'inventif Alexandre d'Oriano et L'équipe Institut Roumain Paris.

loiseleur_noailles.jpg

mardi 10 septembre 2013

L'orchestre Ut Cinquième recrute

L'orchestre Ut Cinquième recrute des instrumentistes pour la rentrée de septembre 2013. Cet orchestre amateur auquel j'ai le bonheur de participer depuis 20 ans (oui madame ! depuis 1994, ça ne nous rajeunit pas tout ça) a comme particularité de fonctionner uniquement avec des chefs invités. Le travail s'organise autour de trois trimestres (ou "modules") qui consistent en une dizaine de répétitions le mercredi soir, plus un week-end, afin de préparer deux, trois ou quatre concerts.

affiche recrutement 2013-2014

Les autres particularités que j'apprécie beaucoup dans cet ensemble sont l'enthousiasme des musiciens, l'ambiance amicale la mixité des générations (ce n'est pas un orchestre de jeunes ni un orchestre de vieux). Ce que j'aime un peu moins est le conservatisme des programmes ces dernières années. Je me souviens avoir pourtant joué dans plusieurs créations et oeuvres de compositeurs vivants avec Ut Cinquième, à l'époque où les musiciens avaient davantage le coeur aventureux, et ne desespère pas qu'un brin d'esprit militant revienne parmi eux.

Le recrutement se fait sur audition. Plus d'information sur www.ut5.fr. 

mercredi 7 août 2013

La musique néotonale, et après ?

Il y a quelques mois, le compositeur Karol Beffa a donné une série de conférences au Collège de France. Il a invité notamment le mathématicien Cédric Villani pour une passionnante séance sur le sujet: D'où nous viennent nos idées: la créativité en mathématiques et en musique. (dont la vidéo est toujours disponible sur le site du Collège de France). Curieusement, cette conférence a beaucoup moins retenu l'attention qu'une autre pourtant infiniment moins intéressante, qui portait une charge féroce et sans grande subtilité contre la musique atonale en général. Je n'y avais pas réagi dans ce Journal, car je pensais, comme Claude Abromont d'ailleurs, que c'est un débat totalement dépassé. Il pouvait avoir du sens dans les années 30, à l'époque de Stawinsky, Hindemith et Schoenberg, des tractions avant et des chapeaux melons. Il n'en a plus aucun aujourd'hui.

Écoutons par exemple Le Voile d'Orphée de Pierre Henry: est-ce de la musique tonale ou atonale ? consonante ou dissonante ? Ni l'un ni l'autre à mon avis. La notion de consonance a une réelle base physiologique mais l'opposition binaire consonant/dissonant n'a de sens qu'avec des sons harmoniques (des notes de piano ou de violon, ou la voix chantée par exemple). Et que dire de Stimmung de Stockhausen, qui dure deux heures mais utilise un seul accord parfaitement statique (et parfaitement consonnant, ce sont les harmoniques naturels d'un si bémol) ? Cette pièce parfaitement inclassable travaille avec des sons, et non avec des notes.

Avec la naissance de la musique électro-acoustique, certains musiciens ont commencé à explorer le continuum sonore, l'infinie subtilité de tous les intermédiaires entre les sons les plus purs (plus purs qu'une note de flûte) et les plus rudes (jusqu'au cluster ou au bruit blanc). Dans cet immense espace qui reste largement inexploré, les sons qu'on peut produire avec un clavier de piano et ses 12 demi-tons tempérés ne forment qu'un minuscule sous-ensemble, certes très riche en lui-même mais limité par nature. Même les pièces écrites pour la voix ou les instruments acoustiques ont changé car c'est la façon d'écouter qui a changé.

Par ailleurs, je trouvais que répondre aux arguments de ce pianiste-compositeur point par point, comme l'a fait Philippe Manoury sur son blog, ou se fendre d'une lettre au directeur du Collège de France, comme l'a fait Pascal Dusapin, c'est vraiment lui faire beaucoup d'honneur. C'est accepter d'entrer dans le débat selon les termes limités qu'il a lui-même fixés, et accepter pour acquise la division dont il reconnaît lui-même le caractère "binaire". Faut-il déterrer la hache de guerre, vraiment, comme le pense Jacques Drillon ? L'anus des des mouches drosophiles ne risque-t-il pas d'être l'unique victime d'une telle "guerre" ?

Néanmoins, il y a tout de même une raison de vouloir se positionner par rapport ce (faux) débat. Qu'un compositeur défende sa propre musique bec et ongles, c'est on ne peut plus légitime; qu'il dise haut et fort "j'écris comme cela, c'est moi choix et j'en suis fier", c'est parfaitement naturel; mais qu'il prétende faire la loi, dicter aux autres ce qu'ils doivent faire, séparer la "bonne" manière d'écrire de la musique de la "mauvaise", c'est une autre affaire. Aussi, voilà ce que je dirais à ce musicien, si par aventure j'avais le plaisir de faire sa connaissance :

Je suis frappé, abasourdi même, par le contraste très grand, entre votre musique qui est tellement sage, et vos propos qui sont tellement violents sur la musique de certains de vos contemporains. Pourquoi un tel acharnement, une telle focalisation négative ?

La violence, mon cher ami, c'est dans musique qu'il faut la mettre. C'est dans la partition, et non dans de stériles polémiques. Les cris d'angoisse ou de rage, aussi bien que les murmures de l'espoir ou douces paroles de la consolation, ont leur place sur scène et non dans les salons où l’on cause.

Si vous sentez de la colère en vous et ne trouvez pas le moyen de l'exprimer dans votre musique, alors vous avez un sérieux problème. Quel est l'intérêt d'une musique qui n'exprime rien de sincère ni de personnel, rien d'essentiel ? S'il s'agit simplement de notes assemblées selon les règles de l'art, sans l'urgente nécessité d'exprimer quelque chose, alors ce n'est que du remplissage. Un aimable divertissement tout juste bon à servir de fond sonore dans un supermarché ou un téléfilm.

Si nous apprécions aujourd'hui encore la musique de Joseph Haydn, c'est parce qu'elle nous surprend. Parce qu'elle sort du cadre, qu'elle déjoue nos attentes avec ses modulations brusques, ses silences, ses cadences rompues, ses surprises. Celle de Beethoven aussi sort du cadre, on y sent une telle énergie, une telle colère que la forme sonate est rudement mise à l'épreuve, jusqu'à éclater dans le 14e quatuor par exemple. On sent une colère comparable dans les sonates pour piano du jeune Boulez, une rage impossible à calmer. Mais c'est une colère créative et féconde, qui a ouvert des portes. C'est une claque dans la figure. On a le droit bien sûr de ne pas aimer prendre les claques, mais cette musique exprime vraiment quelque chose.

Lorsque vous affirmez péremptoirement que la musique traditionnaliste (néotonale si vous voulez) est celle qui "plaît au public", j'ai envie de vous demander: "quel public ?". Chaque style de musique a son public. Je doute que les amateurs de hard-rock ou les abonnés de l'inter-contemporain soient très intéressés par la vôtre. Et si l'adhésion d'un large public est le seul critère pour juger la qualité d'une musique, alors Michaël Jackson et Adèle sont les meilleurs musiciens de tous les temps. Et soit dit en passant, même les amateurs de "classique" ont tendance à bouder la musique néotonale, affirmant à tort ou à raison qu'ils préfèrent l'original à la copie.

Prenons un dernier exemple. Si Kubrick avait choisi une pièce néotonale comme celle-ci (au hasard) pour accompagner l'arrivée du monolithe noir dans 2001 Odyssée de l'Espace, le public aurait-il vécu des émotions aussi fortes ? J'en doute. Le Lux Aeternae du Requiem de Ligeti paraît un excellent choix pour cette scène, choix effectué par un fin mélomane qui connaissait ses classiques.

Il faut bien vous rendre à l'évidence: dans la musique qui échappe au cadre étroit et scolaire qui enserre la vôtre, il existe des œuvres fortes qui expriment des émotions puissantes et d'une incroyable diversité. Et il existe un ou plutôt des publics qui ont adopté ces œuvres, appris à aimer ces nouvelles esthétiques. Pour ne donner qu’un seul exemple, la violoniste Hilary Hahn a été très bien accueillie par le public comme la critique partout où elle a joué le concerto de Schoenberg. Les gens qui l’ont applaudi sont-ils tous des imbéciles n’ayant aucune oreille ? J’en doute.

Dans la musique que les nazis ont combattu comme "dégénérée" et les communistes comme "petite-bourgeoise" et "formaliste" se trouvent les vrais trésors du répertoire du XXe siècle. De Schoenberg et Bartok à Carter et Lachenmann, des centaines de musiciens audacieux ont repoussé les limites et ouvert tout un monde nouveau à nos oreilles. Les frontières qu'ils ont franchi à l'époque n'existent plus. Grâce à ces courageux pionniers, les compositeurs ont aujourd'hui une palette expressive plus vaste que jamais.

S'il vous plaît de sous-utiliser ce potentiel formidable, de vous restreindre aux méthodes les plus traditionnelles de fabrication du "bruit organisé", libre à vous ! L'histoire de la musique est remplie de passéistes comme Brahms ou Rachmaninov, preuve que sur le long terme la qualité seule de l'écriture compte. Mais de grâce, pourquoi vouloir restreindre la liberté des autres compositeurs ? Vous êtes naturellement persuadé que vos choix personnels sont les bons. Ils conviennent à votre caractère et à votre tempérament, mais pourquoi vouloir les imposer aux autres ? Pourquoi dépenser tant d'énergie dans la critique de ce que vous n'aimez pas et connaissez assez peu ? Ne vaut-il pas mieux la dépenser dans l'activité créatrice ?

Au risque de me répéter: c'est sur scène qu'il faut péter la baraque, et non durant l’entracte. C'est dans la musique qu'il faut mettre la frustration, la douleur, la tristesse, la rage, la joie féroce d'exister. Étonnez-moi ! Écrivez une pièce où l'on trouve la même violence que dans votre conférence. Si vous y parvenez, vous aurez gagné tout mon respect.

lundi 29 juillet 2013

A late quartet (Le quatuor) par Yaron Zilberman

Sorti l'hiver dernier aux US, cet été en France dans une relative discrétion, A Late Quartet raconte l'histoire d'un quatuor à cordes professionnel côté coulisses. Le violoncelliste (Christopher Walken, magnifique) découvre qu'il est atteint de la maladie de Parkinson, ce qui déclenche une crise majeure au sein du célèbre quatuor La Fugue qui allait entamer sa vingt-sixième saison. Des passions réprimées ou bien enfouies depuis des années font surface et mettent rudement à l'épreuve l'harmonie de ce drôle de mariage à quatre qu'est le quatuor à cordes. Recentré autour de cinq personnages principaux, servi par un jeu d'acteurs qui sonne très juste, le drame se déroule dans un impeccable crescendo émotionel jusqu'au premier concert de la saison, qui cristallise toutes les passions.

Le silence qui précède ce concert, les regards échangés par les quartettistes et ce que leurs visages expriment par leur immobilité même, est un très beau moment de cinéma. Ayant pénétré l'histoire, les motivations, les rêves réalisés ou contrariés de chacun d'eux, la force et la subtilité des liens qu'ils ont tissé en vingt-cinq ans, on comprend un peu mieux pourquoi quatre archets peuvent exprimer autant d'émotions, et nous boulverser au plus profond.

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Le sixième personnage, invisible mais omniprésent, est le quatorzième quatuor en ut dièse mineur du grand Ludwig van. Il forme l'essentiel de la bande son du film. Sa nature fragmentée et imprévisible épouse celle de la narration, qui procède par petites touches. Sa force expressive donne plus de relief à des scènes intimistes et souvent très pudiques (certains critiques ont jugé que c'était un peu surjoué par moments, mais je n'ai pas eu cette impression).

Les musiciens le savent bien: lorsqu'on travaille une pièce sérieusement, on la décortique, on la répète, on finit par en être obsédé, elle nous habite et revient par fragments dans notre oreille intérieure à tout moment de la journée. Ce film est une tentative pour faire entrer le spectateur dans l'univers mental d'un violoniste professionnel, et en tant que tel c'est une réussite. Le soin apporté au détails (il est manifeste que les acteurs ont travaillé plusieurs mois pour ne pas avoir l'air trop ridicules avec un archet dans la main, même les doigtés et coups d'archet des scènes en playback sont corrects) montre que ce film a été réalisé par un amoureux de la musique. Au milieu de la torpeur estivale, ce conte d'hiver new-yorkais est une heureuse surprise qui démontre si besoin est que le cinéma américain ne se limite pas aux blockbusters dont les ficelles scénaristiques sont aussi grosses que le budget. 

mardi 16 juillet 2013

Les berges sont à vous !

Les berges sont à vous ! Les Parisiens sont tous désenchantés; ils ne veulent pas reculer. Ce qu'ils veulent, à l'école des Mines de Paris, c'est la tour Eiffel des Nations, ce sont les berges et vite ! Ces grosses chaleurs qui endorment demandent la libération des berges, ne serait-ce que pour voir. À l'opéra, même la petite flûte aurait penché avant de voir les berges (pourtant, cette flûte pouvait compter sur son père). Dans cette chaleur estivale, même les artistes sont en lutte; le Quai des Contrepoints est envahi; les caisses attendent devant les feux rouges.

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lundi 15 juillet 2013

Disparition d'Etiennte Vatelot

A lire dans Le Monde daté du 14 juillet, un beau portrait par Marie-Aude Roux du luthier français Etienne Vatelot, qui nous a quitté récemment. Ce grand monsieur du violon a soigné les Strads de messieurs Yehudi Menuhin ou Isaac Stern, mais aussi fabriqué de forts beaux instruments, comme l'alto de Tabéa Zimmermann. Et créé en 1970 une école de lutherie de Mirecourt qui a contribué de manière décisive à un certain renouveau de la lutherie en France. Tout ce beau travail mérite des applaudissements nourris, ou, mieux encore, un silence respectueux et ému.

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